Proche-Orient
L'avertissement d'Arafat aux mouchards
Après l'exécution samedi de deux collaborateurs palestiniens à Gaza et à Naplouse, coupables d'avoir transmis des informations à Israel, ayant conduit aux meutres de plusieurs dirigeants du Fatah, la faction de Yasser Arafat au sein de l'OLP, la police est déterminée à accentuer les recherches pour localiser d'autres indicateurs. Deux autres Palestiniens ont été condamnés à mort à Béthléem, et un autre à la prison à vie.
De notre correspondant dans les Territoires palestiniens
Les deux Palestiniens passés par les armes sont les premiers à être exécutés pour faits de collaboration avec Israël, depuis l'installation de l'autorité autonome en 1994. Depuis cette date, une trentaine de condamnations à mort a été prononcée par la justice palestinienne; mais trois d'entre-elles seulement ont été exécutées. Elles visaient des Palestiniens coupables de crimes de droit commun. Au cours des dernières années, des centaines de mouchards ont été arrêtées par les services de sécurité de Yasser Arafat, mais ce dernier avait toujours refusé d'avaliser la peine capitale à leur encontre, respectant ainsi les accords d'Oslo qui interdisent les poursuites contre ceux qui ont aidé Israël .
En dérogeant à la règle, l'autorité adresse un signal d'extrême fermeté à tous ceux qui seraient tentés de collaborer avec l'état hébreu, alors que la révolte anti-israélienne a fait plus de trois cents morts parmi les Palestiniens. «Il faut comprendre que nous sommes en guerre», a expliqué Freih Abou Meiden, le ministre de la Justice, qui n'a pas caché le pouvoir de dissuasion escompté par ces premières exécutions. Il a appelé tous les «collabos» - ils seraient 20 000 environ en Cisjordanie, Gaza et Jérusalem-Est, selon des sources palestiniennes - à se rendre à la justice, et leur a promis un jugement équitable. Durant la première intifada, à la fin des années 80, des centaines de Palestiniens, soupçonnés de renseigner le Shin Bet, le service de renseignement intérieur israélien, avaient été tuées, souvent dans des conditions atroces, par des activistes du soulèvement qui, faute d'autorité pour les juger, avaient décidé de se venger eux-mêmes.
Chacun se méfie de son entourage
Le durcissement palestinien s'explique également par le climat de suspicion qui règne aujourd'hui en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Les renseignements fournis par les «espions» à Israël sont essentiels à la réussite de la politique d'élimination physique des activistes de l'intifada, engagée par l'état hébreu depuis deux mois, qui s'est traduite par la mort d'une vingtaine de responsables palestiniens. Au sein du Fatah et des services de sécurité autour de Yasser Arafat, les cibles retenues par Israël pour frapper, chacun se méfie désormais de son entourage. L'infiltration est rendue relativement aisée après plus de trente ans d'occupation et des conditions de vie demeurées précaires. Inquiète, la base du Fatah, en première ligne dans l'intifada, a fait pression ces dernières semaines sur l'autorité, afin qu'elle brandisse le couperet face aux mouchards potentiels.
Israël et les organisations palestiniennes de défense des droits de l'Homme ont protesté contre ces exécutions et les conditions dans lesquelles elles ont eu lieu, notamment leur exposition au public. Les procès ont été expédiés en quelques jours, et les accusés n'ont pu avoir recours à un avocat. Cela montre que la justice palestinienne opère «complètement en contradiction avec les règles internationales» en la matière, résume Bassam Eid, un des principaux défenseurs des droits de l'Homme en Cisjordanie et à Gaza.
«Ces exécutions sommaires créent un précédent dangereux, ajoute un activiste du Front Démocratique pour la Libération de la Palestine (FDLP-opposé au processus de paix avec Israël), car il n'y a pas de garantie qu'elles se limiteront aux collaborateurs et qu'elles ne pourraient pas viser un jour d'autres éléments que l'autorité aimerait rendre silencieux».
Les deux Palestiniens passés par les armes sont les premiers à être exécutés pour faits de collaboration avec Israël, depuis l'installation de l'autorité autonome en 1994. Depuis cette date, une trentaine de condamnations à mort a été prononcée par la justice palestinienne; mais trois d'entre-elles seulement ont été exécutées. Elles visaient des Palestiniens coupables de crimes de droit commun. Au cours des dernières années, des centaines de mouchards ont été arrêtées par les services de sécurité de Yasser Arafat, mais ce dernier avait toujours refusé d'avaliser la peine capitale à leur encontre, respectant ainsi les accords d'Oslo qui interdisent les poursuites contre ceux qui ont aidé Israël .
En dérogeant à la règle, l'autorité adresse un signal d'extrême fermeté à tous ceux qui seraient tentés de collaborer avec l'état hébreu, alors que la révolte anti-israélienne a fait plus de trois cents morts parmi les Palestiniens. «Il faut comprendre que nous sommes en guerre», a expliqué Freih Abou Meiden, le ministre de la Justice, qui n'a pas caché le pouvoir de dissuasion escompté par ces premières exécutions. Il a appelé tous les «collabos» - ils seraient 20 000 environ en Cisjordanie, Gaza et Jérusalem-Est, selon des sources palestiniennes - à se rendre à la justice, et leur a promis un jugement équitable. Durant la première intifada, à la fin des années 80, des centaines de Palestiniens, soupçonnés de renseigner le Shin Bet, le service de renseignement intérieur israélien, avaient été tuées, souvent dans des conditions atroces, par des activistes du soulèvement qui, faute d'autorité pour les juger, avaient décidé de se venger eux-mêmes.
Chacun se méfie de son entourage
Le durcissement palestinien s'explique également par le climat de suspicion qui règne aujourd'hui en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Les renseignements fournis par les «espions» à Israël sont essentiels à la réussite de la politique d'élimination physique des activistes de l'intifada, engagée par l'état hébreu depuis deux mois, qui s'est traduite par la mort d'une vingtaine de responsables palestiniens. Au sein du Fatah et des services de sécurité autour de Yasser Arafat, les cibles retenues par Israël pour frapper, chacun se méfie désormais de son entourage. L'infiltration est rendue relativement aisée après plus de trente ans d'occupation et des conditions de vie demeurées précaires. Inquiète, la base du Fatah, en première ligne dans l'intifada, a fait pression ces dernières semaines sur l'autorité, afin qu'elle brandisse le couperet face aux mouchards potentiels.
Israël et les organisations palestiniennes de défense des droits de l'Homme ont protesté contre ces exécutions et les conditions dans lesquelles elles ont eu lieu, notamment leur exposition au public. Les procès ont été expédiés en quelques jours, et les accusés n'ont pu avoir recours à un avocat. Cela montre que la justice palestinienne opère «complètement en contradiction avec les règles internationales» en la matière, résume Bassam Eid, un des principaux défenseurs des droits de l'Homme en Cisjordanie et à Gaza.
«Ces exécutions sommaires créent un précédent dangereux, ajoute un activiste du Front Démocratique pour la Libération de la Palestine (FDLP-opposé au processus de paix avec Israël), car il n'y a pas de garantie qu'elles se limiteront aux collaborateurs et qu'elles ne pourraient pas viser un jour d'autres éléments que l'autorité aimerait rendre silencieux».
par Georges Malbrunot
Article publié le 14/01/2001