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Chili

Le destin de Pinochet entre les mains de Guzman

Le juge Guzman a rencontré pour la première fois Augusto Pinochet. Maintenant qu'il a interrogé l'ex-dictateur, le magistrat chilien peut décider de l'inculper ou bien de se prononcer sur son état de santé mentale.
De notre correspondant au Chili

Augusto Pinochet a répondu pour la première fois aux questions d'un magistrat chilien. Il a été interrogé ce mardi pendant environ une demi-heure par le juge Juan Guzman. Cet interrogatoire a eu lieu au domicile privé de l'ancien dictateur, situé dans un luxueux quartier de la résidence chilienne. Selon le porte-parole de Pinochet, le général Guillermo Garin, cette conversation s'est déroulée dans un climat cordial.

Le contenu de l'entretien entre Guzman et Pinochet n'a pas été officiellement divulgué. Selon certaines sources judiciaires, Augusto Pinochet aurait répondu à une quinzaine de question. Celles-ci portaient essentiellement sur l'affaire de la Caravane de la mort, une opération de répression qui entraîné l'élimination de 75 opposants à la dictature peu après le coup d'Etat du 11 septembre 1973. Et l'ancien chef des forces armées aurait nié face au juge Guzman toute responsabilité dans les crimes qui lui sont reprochés.

C'est pour cette même affaire que la justice chilienne a accepté de lever l'immunité parlementaire du sénateur à vie Augusto Pinochet en août dernier. Quelques mois plus tard, le juge Juan Guzman décidait même de prononcer son inculpation et son assignation à résidence. Mais la justice chilienne a ensuite annulé ces deux décisions en arguant du fait que Pinochet aurait préalablement dû être interrogé.

Dément ou fou ?

Maintenant que cet interrogatoire a été réalisé, Augusto Pinochet pourrait donc être une nouvelle fois inculpé par le juge Juan Guzman au cours des prochains jours. L'avenir judiciaire de l'ancien dictateur dépend cependant également de son état de santé. L'interrogatoire de Pinochet a enfin permis au magistrat chilien de rencontrer directement l'ancien dictateur, trois ans après avoir commencé à instruire la première plainte déposée contre lui au Chili. Il a ainsi pu évaluer directement l'état de ses capacités intellectuelles. Et ses conclusions viennent s'ajouter à celles d'une équipe médicale chilienne qui a récemment examiné l'ancien dictateur chilien. Six médecins l'ont soumis pendant quatre jours à des expertises mentales et neurologiques. Leur rapport se trouve depuis la semaine dernière entre les mains de Juan Guzman.

Il revient en effet au juge Guzman de décider si Augusto Pinochet peut être ou non soumis à une procédure judiciaire. Voilà plus d'un an, le rapport d'une équipe d'experts anglais avait conduit ministre britannique de l'Intérieur Jack Straw à demander la libération d'Augusto Pinochet après 503 jours de détention. Car ce document indiquait alors que Pinochet n'était pas «capable de faire face à la complexité juridique d'un procès». Les tests pratiqués en Angleterre étaient cependant très différents de ceux auxquels a été soumis Augusto Pinochet à l'hôpital militaire de Santiago. La législation chilienne ne prend pas en compte les problèmes physiques. Et ce n'est que pour «folie» ou bien «i>démence»qu'un accusé peut espérer échapper à l'action de la justice.



par A Santiago du Chili, Olivier  Bras

Article publié le 24/01/2001