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Inde

Le prix du séisme

Plusieurs jours après l'un des pires séismes que l'Inde ait connu depuis son indépendance û au moins 20 000 morts û l'heure est aux comptes. L'aide aux survivants a pris le pas sur les fouilles et il faudra plusieurs mois pour que l'Etat de Gujarat, sans conteste la région la plus riche culturellement mais aussi économiquement, retrouve une activité normale.
Région natale du Mahatma Gandhi, le Gujarat a joué au fil des siècles un rôle clé dans le commerce régional et international. Depuis l'ouverture du pays au commerce mondial, en 1991, les investisseurs étrangers s'y sont précipités : au début des années 1990, on y trouvait quelque 20 % de l'industrie chimique nationale ou encore 10 % des usines du pays. Les plus grandes raffineries de pétrole s'y sont installées, profitant notamment des infrastructures du port de Kandla. De nombreuses multinationales se sont installées.

«Comme c'est l'Etat le plus proche du golfe arabo-persique, c'est également là que se sont implantées des industries lourdes indiennes, fortement consommatrices de produits pétrolier, gazier ou sidérurgique. C'est la route de la péninsule arabique», explique Hervé Barbaret, conseiller commercial à l'ambassade de France, joint à New Dehli. «Le Gudjarat est devenu de fait un Etat très industriel. Les plus grosses raffineries d'Asie voire du monde, y sont implantées. Il y a vraiment une implantation industrielle et des industries lourdes tout a fait considérables», poursuit-il. La raffinerie de pétrole de Reliance, groupe industriel géant a été épargnée par le séisme et son activité devrait reprendre progressivement

La situation géographique de cette partie de l'Inde est primordiale en terme d' échanges. Gujarat est un débouché naturel sur des marchés des pays occidentaux, du Moyen Orient et d'Afrique. «C'est l'Etat indien qui est directement à la sortie de la Mer Rouge. Le pétrole arabe arrive directement dans les raffineries».

Evaluation des dégâts

Mais pour l'heure, l'urgence est toujours humaine. Alors que l'aide internationale continue d'arriver, les autorités indiennes ont annoncé qu'elles allaient distribuer quelque 10 000 tonnes de sucre et 100 000 tonnes de farine à la population sinistrée. Craignant les répliques, les pénuries et les pillages, des milliers de personnes ont fui lundi la ville de Bhuj. Et pour la troisième nuit consécutive, la plupart d'entre elles avaient préféré dormir à la belle étoile, redoutant la fragilité des habitations. L'épicentre du séisme û entre 7,6 et 7,9 sur l'échelle de Richter û s'est situé à quelque 20 kilomètres de la ville de Bhuj. Les secouristes privilégient l'aide aux survivants alors qu'il ya peu d'espoir de retrouver des rescapés.

Il s'agira ensuite d'évaluer les dégâts matériels. Une première estimation faite par la Fédération indienne des chambres de commerce évalue les dommages à 3,3 milliards de dollars. La plupart des usines ont résisté aux secousses mais la production industrielle est paralysée en raison des coupures de courant et des communications téléphoniques. Seulement 20% des installations industrielles et commerciales des principaux centres économiques de Gujarat, Ahmedabad et Surat, sont en mesure de fonctionner. Le gouvernement indien a demandé un prêt de 1,5 milliard de dollars à la Banque mondiale et à la Banque asiatique de développement. De leur côté, les chefs d'entreprise estiment que la catastrophe pourraient amputer les exportations de 4 à 5%.

De plus, l'Etat de Gujarat dispose d'un patrimoine culturel très riche. Frontalier du Pakistan, il est le centre de très anciennes civilisations de l'Inde. Il recouvre notamment l'ancienne principauté de Kutch et recèle des monuments plusieurs fois centenaires. De nombreux monuments historiques de la région, des temples et des forts médiévaux ont été réduits à néant par le tremblement de terre.

Dans la ville de Bhuj pratiquement rayée de la carte, un musée centenaire n'est plus qu'un amas de décombres. Il possédait une collection d'objets rares, dont une statue du XVIIe siècle représentant Bouddha. Le fort de Pokhran, bâti il y a plus de cinq cents ans dans le désert du Rajahstan est lézardé et des fissures sont apparues sur les murs de la ville de Jaisalmer.



par Sylvie  Berruet

Article publié le 29/01/2001