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Bosnie

Biljana Plavsic jugée pour génocide

Après s'être volontairement rendue, Biljana Plavsic, l'ancienne présidente de la République serbe de Bosnie, a été inculpée de génocide par le Tribunal pénal international de La Haye. Elle plaide non coupable.
C'est escortée par des représentants de l'ambassade américaine en Bosnie que Biljana Plavsic a quitté son domicile pour rejoindre, mardi 9 janvier 2001, l'aéroport de Banja Luka, la capitale de la République serbe de Bosnie, avant d'embarquer dans un avion à destination des Pays-Bas. L'ancienne présidente de la Republika Srpska (qui constitue, avec la Fédération croato-bosniaque, l'Etat de Bosnie-Herzégovine) s'est rendue, dès mercredi matin, au Tribunal pénal international de La Haye (TPI), «de son plein gré», selon Carla del Ponte, le procureur de cette instance judiciaire mise en place pour juger les crimes commis lors de la guerre en ex-Yougoslavie. Plavsic a ensuite été transférée au centre de détention du tribunal, dans la ville voisine de Schaveningen. Pour expliquer sa reddition, son avocat note qu'«elle n'ignore pas que le TPI est le seul endroit où elle puisse légalement prouver son innocence».

Biljana Plavsic a été inculpée de génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre pour des faits remontant à 1991 et 1992. L'ancienne dirigeante serbe, personnalité de premier plan du camp serbo-bosniaque durant le conflit en Bosnie ne figurait pas sur la liste officielle des criminels de guerre rendue publique par le TPI. Elle faisait partie de la liste secrète d'inculpés, dont les noms ne sont publiés qu'après leur arrestation. C'est l'ambassadeur américain en Bosnie, Thomas Miller, qui selon la presse bosniaque a informé Biljana Plavsic.

Une interlocutrice respectée de la communauté internationale

Première femme inculpée par ce tribunal, elle s'est présentée, jeudi 11 janvier, en comparution initiale. Lors de cette comparution, elle a annoncé qu'elle plaidait non coupable. Cet ancien professeur de biologie, qui a aujourd'hui 70 ans, est accusé d'être «individuellement responsable» de génocide contre les populations non serbes de Bosnie-Herzégovine. Biljana Plavsic aurait, selon Carla del Ponte, «commis ces crimes avec Momcilo Krajisnik», ancien président de l'assemblée des Serbes de Bosnie détenu depuis avril 2000 par le TPI.
Durant la guerre de Bosnie (1992-1995), Plavsic était l'adjointe de Radovan Karadzic, le leader politique des Serbes bosniaques, auquel elle a succédé lorsqu'il fut contraint de renoncer au pouvoir en 1996. Karadzic et son bras droit, le chef militaire Ratko Mladic, sont les deux principaux responsables serbes de Bosnie recherchés par le TPI.

Biljana Plavsic était une ultra nationaliste, adepte de la purification ethnique, qu'elle considérait comme «naturelle» à l'encontre de musulmans «dégénérés». Après son élection à la présidence de la République serbe de Bosnie, en 1996, elle a fait volte-face, optant pour une ligne pragmatique et modérée qui allait l'amener à coopérer avec la communauté internationale, Américains et Européens en tête. Dénonçant ses anciens amis, coupables selon elle de corruption, elle est alors devenue, en 1997 et 1998, une interlocutrice respectée des Occidentaux. C'est avec les honneurs qu'elle a été accueillie en France en février 1998, recevant le baise-main du président Jacques Chirac sur le perron de l'Elysée. Aujourd'hui, le secrétaire britannique au Foreign Office, Robin Cook, salue la décision de l'ancienne dirigeante serbe de Bosnie. «Je me réjouis d'apprendre que Biljana Plavsic s'est déplacée aux Pays-Bas pour se rendre volontairement au TPI».



par Philippe  Quillerier-Lesieur

Article publié le 11/01/2001