Congo démocratique
Kabila-Kagamé : une rencontre à l'américaine
Au premier jour de sa tournée américaine, Joseph Kabila s'est entretenu en privé avec l'adversaire de son père, le président rwandais Paul Kagamé. Il a également fait part au secrétaire d'Etat américain Colin Powell de sa volonté de "démarrer" le processus de paix, enlisé depuis les accords de Lusaka qu'il souhaite « renégocier ».
De notre correspondant à New York
Joseph Kabila a été très pudique, voire secret, concernant sa rencontre sur le sol américain avec le président rwandais Paul Kagamé, un ennemi de longue date de son père. Il n'en a pas dit un mot au Conseil des entreprises sur l'Afrique, un groupe d'investisseurs, ni (officiellement) à la presse. Les deux hommes se sont entretenus dans la plus grande discrétion, probablement dans un hôtel, et sans chaperon américain. Rien n'a filtré, mais selon un haut responsable du département d'Etat américain cité par les agences de presse, "il semble que ce soit le début d'un dialogue nécessaire pour qu'ils puissent se comprendre et se rassurer mutuellement". Joseph Kabila a par ailleurs exprimé sa volonté de "démarrer rapidement" les accords de paix de Lusaka, enlisés depuis leur signature en 1999, tout en parlant de façon évasive de "les renégocier".
Les deux chefs d'Etat ont pu discuter à la suite d'un "petit déjeuner de prière", organisé annuellement par le Congrès américain, et au cours duquel ils ont pris un premier contact avant leur rencontre. Comme le faisaient chaque année ses prédécesseurs, George W. Bush a participé à l'événement, auquel assistaient près de 4000 invités de toutes nationalités. Le nouveau président ne s'est toutefois pas directement entretenu avec l'un ou l'autre de ses homologues africains. L'annonce de la venue de Joseph Kabila, alors que seul son défunt père Laurent Désiré Kabila était invité, avait créé la surprise à la Maison Blanche. Mais des diplomates américains bien avisés y ont vu l'opportunité d'un premier contact avec son adversaire rwandais.
Joseph Kabila, décidément diplomatiquement très actif durant les premiers jours de sa présidence, a également rencontré Colin Powell. Le secrétaire d'Etat américain a jugé ''très intéressants et impressionnants'' les propos tenus par Joseph Kabila lors de son discours d'investiture la semaine dernière. Il a assuré le président de la RDC que l'Amérique était prête à "jouer les bons offices si nécessaire" pour parvenir au règlement de la guerre, et assister les Nations Unies dans l'application de la paix : concrètement, le déploiement de 5 500 observateurs militaires en RDC, entravé jusque là par Kabila père et les combats persistants.
Sortir la RDC de son isolement
D'après le secrétariat d'Etat, Kabila aurait insisté sur "les priorités de la paix, reconnaissant qu'il fallait traiter de deux aspects, interne et externe". Il aurait également appelé de nouveau à un retrait des forces étrangères, et parlé "du dialogue et de la démocratisation à l'intérieur, et du besoin de faire cela pour ramener une véritable paix dans la région". Pour le tout jeune chef d'Etat, l'objectif est de sortir la République démocratique du Congo de son isolement international, et d'amener les Américains à faire une relecture du conflit plus favorable à la RDC, et à ses alliés l'Angola, le Zimbabwe et la Namibie.
Colin Powell a certes annoncé vouloir faire de l'Afrique une priorité, notamment en matière de commerce et d'investissement, en contradiction d'ailleurs avec certains des propos tenus par son président. Signe concret du nouvel intérêt américain : Washington va donner 10 millions de dollars d'aide humanitaire aux victimes du conflit en RDC. Le secrétaire d'Etat a même lancé une commission inter-ministérielle sur le Congo la semaine dernière, rassemblant des officiels du département d'Etat, de la CIA, du Pentagone et du Conseil national de sécurité. Mais rien de tout cela ne semble indiquer que les Etats-Unis puissent retirer leur soutien à leurs deux principaux alliés africains, le Rwanda et l'Ouganda en guerre contre le Congo démocratique, dont ils occupent et exploitent de larges portions du territoire.
Est-ce un signe ? La veille de sa rencontre avec Kabila fils, Colin Powell s'est entretenu avec Paul Kagamé. Ce dernier a justifié son soutien aux rebelles congolais dans l'est du pays par des préoccupations en matière de sécurité. Colin Powell a répondu en lui demandant de mettre fin aux violations des droits de l'homme dont les troupes rwandaises et leurs alliés rebelles à Kinshasa se rendent coupables selon Human Rights Watch.
Vendredi, Joseph Kabila doit rencontrer Kofi Annan. Le secrétaire général de l'ONU s'entretiendra à son tour avec Paul Kagamé mercredi prochain, dans ce qui se dessine de plus en plus comme un espoir de déblocage de la situation. Joseph Kabila doit également prononcer un discours très attendu en séance publique devant le conseil de sécurité. L'occasion, pour les diplomates onusiens, de tester par eux-mêmes les velléités pacifistes d'un jeune homme qui a fait très bonne impression lors de son passage à Paris.
Joseph Kabila a été très pudique, voire secret, concernant sa rencontre sur le sol américain avec le président rwandais Paul Kagamé, un ennemi de longue date de son père. Il n'en a pas dit un mot au Conseil des entreprises sur l'Afrique, un groupe d'investisseurs, ni (officiellement) à la presse. Les deux hommes se sont entretenus dans la plus grande discrétion, probablement dans un hôtel, et sans chaperon américain. Rien n'a filtré, mais selon un haut responsable du département d'Etat américain cité par les agences de presse, "il semble que ce soit le début d'un dialogue nécessaire pour qu'ils puissent se comprendre et se rassurer mutuellement". Joseph Kabila a par ailleurs exprimé sa volonté de "démarrer rapidement" les accords de paix de Lusaka, enlisés depuis leur signature en 1999, tout en parlant de façon évasive de "les renégocier".
Les deux chefs d'Etat ont pu discuter à la suite d'un "petit déjeuner de prière", organisé annuellement par le Congrès américain, et au cours duquel ils ont pris un premier contact avant leur rencontre. Comme le faisaient chaque année ses prédécesseurs, George W. Bush a participé à l'événement, auquel assistaient près de 4000 invités de toutes nationalités. Le nouveau président ne s'est toutefois pas directement entretenu avec l'un ou l'autre de ses homologues africains. L'annonce de la venue de Joseph Kabila, alors que seul son défunt père Laurent Désiré Kabila était invité, avait créé la surprise à la Maison Blanche. Mais des diplomates américains bien avisés y ont vu l'opportunité d'un premier contact avec son adversaire rwandais.
Joseph Kabila, décidément diplomatiquement très actif durant les premiers jours de sa présidence, a également rencontré Colin Powell. Le secrétaire d'Etat américain a jugé ''très intéressants et impressionnants'' les propos tenus par Joseph Kabila lors de son discours d'investiture la semaine dernière. Il a assuré le président de la RDC que l'Amérique était prête à "jouer les bons offices si nécessaire" pour parvenir au règlement de la guerre, et assister les Nations Unies dans l'application de la paix : concrètement, le déploiement de 5 500 observateurs militaires en RDC, entravé jusque là par Kabila père et les combats persistants.
Sortir la RDC de son isolement
D'après le secrétariat d'Etat, Kabila aurait insisté sur "les priorités de la paix, reconnaissant qu'il fallait traiter de deux aspects, interne et externe". Il aurait également appelé de nouveau à un retrait des forces étrangères, et parlé "du dialogue et de la démocratisation à l'intérieur, et du besoin de faire cela pour ramener une véritable paix dans la région". Pour le tout jeune chef d'Etat, l'objectif est de sortir la République démocratique du Congo de son isolement international, et d'amener les Américains à faire une relecture du conflit plus favorable à la RDC, et à ses alliés l'Angola, le Zimbabwe et la Namibie.
Colin Powell a certes annoncé vouloir faire de l'Afrique une priorité, notamment en matière de commerce et d'investissement, en contradiction d'ailleurs avec certains des propos tenus par son président. Signe concret du nouvel intérêt américain : Washington va donner 10 millions de dollars d'aide humanitaire aux victimes du conflit en RDC. Le secrétaire d'Etat a même lancé une commission inter-ministérielle sur le Congo la semaine dernière, rassemblant des officiels du département d'Etat, de la CIA, du Pentagone et du Conseil national de sécurité. Mais rien de tout cela ne semble indiquer que les Etats-Unis puissent retirer leur soutien à leurs deux principaux alliés africains, le Rwanda et l'Ouganda en guerre contre le Congo démocratique, dont ils occupent et exploitent de larges portions du territoire.
Est-ce un signe ? La veille de sa rencontre avec Kabila fils, Colin Powell s'est entretenu avec Paul Kagamé. Ce dernier a justifié son soutien aux rebelles congolais dans l'est du pays par des préoccupations en matière de sécurité. Colin Powell a répondu en lui demandant de mettre fin aux violations des droits de l'homme dont les troupes rwandaises et leurs alliés rebelles à Kinshasa se rendent coupables selon Human Rights Watch.
Vendredi, Joseph Kabila doit rencontrer Kofi Annan. Le secrétaire général de l'ONU s'entretiendra à son tour avec Paul Kagamé mercredi prochain, dans ce qui se dessine de plus en plus comme un espoir de déblocage de la situation. Joseph Kabila doit également prononcer un discours très attendu en séance publique devant le conseil de sécurité. L'occasion, pour les diplomates onusiens, de tester par eux-mêmes les velléités pacifistes d'un jeune homme qui a fait très bonne impression lors de son passage à Paris.
par Philippe Bolopion
Article publié le 02/02/2001