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Congo démocratique

Funérailles nationales, version officielle

Kabila est mort, vive Kabila ! Alors que Kinshasa a été placée sous haute surveillance dimanche pour les obsèques de Laurent Désiré Kabila, son fils Joseph est bel et bien son successeur désigné. On ne parle plus de vacation «intérimaire» pour le jeune officier à la tête de l'Etat. La première version officielle de l'assassinat de Kabila a été donnée par le ministre de la Justice de la RDC .
Un imposant dispositif de sécurité, composé notamment de soldats angolais et zimbawéens, a été déployé dans les rues de la capitale pour accueillir la dépouille de Laurent Désiré Kabila, en provenance de Lubumbashi, la ville natale du président assassiné. Des blindés ont également été déployés autour du siège de la radio-télévision officielle. En fin de matinée, la télévision d'Etat a montré les images de l'arrivée de l'avion transportant le cercueil de l'ancien dirigeant à l'aéroport N'djili de Kinshasa. La dépouille doit être exposée au Palais du peuple jusqu'à son inhumation prévue mardi. Le long de la route menant à l'aéroport, des milliers de personnes vêtues de T shirts à l'image de Kabila se sont rassemblées.

Les premières manifestations officielles des funérailles avaient commencé samedi à Lubumbashi (1 700 km au sud-est de Kinshasa). Lors d'une intervention télévisée, samedi soir, le directeur de cabinet de Laurent Désiré Kabila, Georges Buse, a averti que le gouvernement ne tolérerait «aucun trouble à l'ordre public». Depuis la mort de Laurent Désiré Kabila, Kinshasa a été placée sous couvre-feu.

Parallèlement aux cérémonies de deuil à Kinshasa, l'Angola, le Zimbabwe et la Namibie, alliés militaires de la RDC dans la guerre qui déchire l'ex-Zaïre depuis deux ans, devaient se réunir et tenir un sommet dimanche à Luanda, la capitale angolaise pour «examiner la situation dans ce pays».

Version officielle

Le jeune général-major Jospeh Kabila, qui dirige «l'action gouvernementale» et les affaires du pays depuis l'assassinat de son père, semble à présent être bien installé dans le fauteuil de dirigeant. Comme le signale l'envoyée spéciale de RFI à Kinshasa, Ghislaine Dupont, l'appellation «intérimaire» a disparu du titre et de la fonction de Joseph Kabila. Samedi, le ministre de la Justice Mwenze Kongolo a d'ailleurs annoncé que Joseph Kabila sera désigné nouveau président de la République démocratique du Congo, après l'enterrement de son père mardi.

Le ministre de la Justice a également donné la première version officielle de la mort de l'ancien dirigeant. Kabila aurait été abattu par un de ses gardes du corps qui aurait tiré à trois reprises sur lui. Le ministre a expliqué que Kabila venait de s'entretenir avec un conseiller économique lorsque le garde en question est entré pour parler au président. Le garde aurait tiré trois balles, une «derrière l'oreille», deux autres dans l'estomac. «Il était assis dans son fauteuil quand le garde est entré», a précisé M. Mwenze Kongolo.

Toujours selon le ministre de la Justice, le colonel Edy Kapend, chef d'état-major personnel de Kabila, a déclaré qu'il n'était pas dans la pièce lorsque les coups de feu ont éclaté. «Il est entré et a vu le président blessé. C'est alors que les autres gardes ont tiré sur l'assassin parce qu'il fallait l'empêcher de blesser d'autres personnes», rapporte l'agence Reuter, citant les propos du ministre congolais de la Justice. Enfin, toujours selon cette version, Kabila aurait été emmené par hélicoptère dans un service médical d'urgence avant qu'il ne soit décidé, vers «trois heures du matin, de l'emmener à Harare pour des soins. Ce n'est que le 18 janvier (jeudi), à dix heures du matin, qu'ils ont dit qu'il était mort», a conclu le ministre de la Justice.

Enfin un groupe de militaires de RDC proches d'un ancien allié de Kabila ont revendiqué dimanche l'attentat dans un communiqué transmis à l'AFP à Paris et signé « jeunes résistants du Conseil national pour la Résistance et la Démocratie ». Quant au président angolais Dos Santos il a dénoncé la complicité au sein du système de sécurité de RDC qui a permis, selon lui, l'assassinat de Kabila.





par Sylvie  Berruet

Article publié le 21/01/2001