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Congo démocratique

Combats entre rebelles à l'est

Alors que le Congo démocratique est entré dans une longue période de trente jours de deuil, à la suite de l'assassinat de Laurent Kabila, le calme règne à Kinshasa mais des combats entre rebelles sont signalés près de l'Ouganda.
A Kinshasa, après une première nuit de deuil particulièrement calme, la population a repris le chemin du travail, en attendant les obsèques officielles du président Kabila, prévues pour mardi prochain ; mais il va tout autrement dans le nord et l'est du pays, sous contrôle des rebelles depuis plus de deux ans. Quelques heures à peine après la confirmation officielle de la mort de Laurent Kabila, des tirs à l'arme lourde ont repris, dans la matinée de vendredi 19 janvier, autour de la ville de Bunia, à l'extrême est du Congo démocratique, selon des sources de l'ONU de Goma, la « capitale » des rebelles du RCD (pro-rwandais). Ces combats ont provoqué une soixantaine de morts en quelques heures seulement, et quelques 6000 réfugiés fuyant Bunia étaient déjà arrivés dans l'ouest de l'Ouganda, ce vendredi en fin de journée.

Il ne s'agit cependant pas de combats entre l'armée régulière et la rébellion, mais d'affrontements au sein même des différents groupes de rebelles soutenus par l'Ouganda de Yoweri Museveni. « Il semble que des Lendus (une communauté d'agriculteurs et de chasseurs, opposés aux Hemas, un peuple d'éleveurs) ont attaqué des positions autour de l'aéroport », a précisé une source de l'ONU. Ce qui explique pourquoi presque tous les 6.000 réfugiés sont des Hemas et sont accompagnés de quelques 25000 têtes de bétail. Ces combats ont apparemment commencé la semaine dernière et un millier de réfugiés hemas avaient déjà trouvé refuge en Ouganda, après avoir traversé le fleuve Semliki à la nage, au sud du lac Albert.

La ville de Bunia, située tout près de la frontière ougandaise, a déjà été le théâtre d'affrontements de ce type. Cette fois-ci il s'agirait en réalité de combats entre des hommes de Jean-Pierre Bemba (du MLC) et ceux du RCD-Kisangani d'Ernest Wamba dia Wamba. Celui-ci avait refusé, mardi soir dernier, de signer un accord global entre factions pro-ougandaises qui visait à les mettre en position de force vis-à-vis des autres rebelles autant que de Kinshasa. Wamba avait ouvertement critiqué ses « parrains » ougandais qui voulaient coûte que coûte remettre de l'ordre parmi leurs alliés, sans même les consulter.

De son côté, Jean-Pierre Bemba - sans doute l'homme fort de cette coalition - a fait savoir, à propos des assaillants de Bunia : « ce sont des indisciplinés qui avaient gardé des armes et qui essaient de rentrer dans la ville, parce qu'ils avaient été recrutés par Wamba dia Wamba ». Il s'agirait ainsi des combattants Lendus, considérés proches de Wamba, qui cherchent à gagner quelques positions au détriment de leurs alliésà Au moment où, les rebelles d'obédience rwandaise ne sont toujours pas parvenus à s'entendre entre eux, en dépit des efforts déployés ces derniers mois par Paul Kagamé.

Dos Santos, Mugabe et Nujoma restent fidèles à Kinshasa

Dans le camp de la coalition pro-Kinshasa, la vaste consultation lancée jeudi a d'ores et déjà permis aux trois alliés du gouvernement de réaffirmer leur soutien à Joseph Kabila. L'Angola a ainsi déclaré qu'il allait maintenir ses troupes (10000 hommes) en RDC, tout en ajoutant que Luanda « va continuer à appuyer le processus en cours en vue de rechercher la paix ». Quant aux troupes namibiennes présentes sur le sol congolais (environ 2000 hommes), elles resteront aux côtés de Kinshasa « jusqu'au déploiement de la force de paix de l'ONU » (la MONUC).

Enfin, le principal allié de Kabila, le zimbabwéen Robert Mugabe a indiqué que « la situation dévastatrice en RDC ne devrait pas affecter négativement les relations entre les deux pays, mais elle doit renforcer la volonté de combattre pour des principes communs et pour la souveraineté des deux pays ». Le président Mugabe a qualifié Laurent Kabila de « grand dirigeant révolutionnaire » pour tous les Africains, mais il aussitôt ajouté que les accords de Lusaka demeuraient « un cadre viable pour résoudre les aspects intérieurs et extérieurs du conflit du Congo ». Ce qui semble indiquer que les 12000 soldats zimbabwéens engagés en RDC vont sans doute y rester, du moins jusqu'au déploiement de la MONUC. Un déploiement que les alliés de Kinshasa semblent souhaiter de plus en plus.





par Elio  Comarin

Article publié le 19/01/2001