Congo démocratique
L'ONU sous le charme de Joseph Kabila
Le nouveau président de la République démocratique du Congo a rencontré Kofi Annan à New York. Le secrétaire général de l'ONU s'est déclaré «encouragé», et veut capitaliser «une opportunité de faire avancer la paix». C'est aussi l'opinion de la plupart des membres du Conseil de sécurité, qui ont accueilli Joseph Kabila comme l'un des leurs.
De notre correspondant à New York
Joseph Kabila affichait un sourire amusé, lorsqu'il s'est engouffré dans la hall du siège de l'ONU. Les hordes de journalistes, les gardes du corps, les nuées de conseillers : tout cela semble encore un peu incongru à un président de 29 ans. Aussi physiquement discret que son père était imposant, il a parfaitement tenu son rang. Au lendemain d'un visite au pas de course à Washington, où il a notamment rencontré le secrétaire d'Etat Colin Powell, Joseph Kabila poursuivait son entreprise de séductions aux Nations-Unies. Par ses revirements incessants, Kabila père avait lassé les diplomates. Depuis l'été 1999, il bloquait la mise en place des accords de paix conclus à Lusaka. Le fils avait donc beaucoup à prouver.
Son passage à Paris puis à Washington avait fait renaître l'espoir et certains officiels parlaient déjà d'une «nouvelle donne.» Le secrétaire général de l'ONU lui-même s'est dit «encouragé«, avant sa rencontre avec le nouveau président du Congo démocratique, par l'entrevue de Joseph Kabila avec son adversaire rwandais Paul Kagame. Pour Kofi Annan, il y a «un nouveau climat, une nouvelle situation dont l'ONU doit tirer avantage.»
Devant le conseil de sécurité, Joseph Kabila n'a montré aucun signe d'émotion. Dans un français très correct, quoique légèrement hésitant, il a servi aux ambassadeurs le discours que ceux-ci voulaient entendre : «J'ai décidé, au nom de mon peuple, d'£uvrer pour une politique qui privilégie le dialogue et la réconciliation. J'invite pour ce faire les autorités du Rwanda, de l'Ouganda et du Burundi à revenir à de meilleurs sentiments de bon voisinage, en vue de régler pacifiquement les différends». Le nouveau président n'en abandonne pas pour autant la rhétorique guerrière. «Nous allons, a-t-il expliqué, en accord avec les pays alliés qui nous soutiennent pour faire face à l'agression, examiner les moyens de relancer les accords de Lusaka».
«Le départ des agresseurs reste un préalable»
Pour ce test de passage, Joseph Kabila a dû donner des gages : «Nous réitérons devant vous, et devant le monde entier pris à témoin, l'engagement de la République démocratique du Congo de collaborer étroitement avec la mission de l'Onu en RDC de manière, à lui permettre de remplir avec efficacité son mandat». Les premières équipes, parmi les 5 500 casques bleus qui devraient se déployer, sont déjà dans les starting-blocks. Côté réconciliation nationale, le jeune général a tendu sa main, en exhortant tous ses «frères Congolais, quelles que soient leurs origines socio-communautaires, quelques soient leurs opinions, y compris ceux qui ont pris les armes, à venir s'asseoir avec nous autour d'une table pour parler de la paix». Toutefois, au cours d'une conférence de presse où il s'est montré particulièrement à l'aise, Kabila a précisé que le départ des agresseurs était un préalable...
Sur un point, le jeune président est resté ferme : «L'exploitation illégale des ressources naturelles de notre pays (...) qui alimente l'effort de guerre des pays agresseurs est un phénomène dévastateur qui aura des conséquences graves sur le devenir des générations présentes et futures de mon pays». Les ambassadeurs du Conseil de sécurité ont adoré le discours, ils on fait la queue pour congratuler le nouveau chef d'Etat. Désormais, selon l'ambassadeur français adjoint Yves Doutriaux, «le rôle de la communauté internationale est aussi d'inciter les autres signataires des accords de Lusaka à répondre sans tarder aux ouvertures faites par le nouveau président congolais«. Après avoir séduit, Joseph Kabila devra convaincre. Car mercredi prochain, s'est au tour de Paul Kagame de rencontrer le secrétaire général, avant la réunion ministérielle des pays de la région, prévue pour le 21 et le 22 février à New York. Et comme Kofi Annan l'a rappelé : «il est temps désormais de développer des mesures concrètes, pour faire progresser le désengagement militaire et le dialogue inter-congolais».
Joseph Kabila affichait un sourire amusé, lorsqu'il s'est engouffré dans la hall du siège de l'ONU. Les hordes de journalistes, les gardes du corps, les nuées de conseillers : tout cela semble encore un peu incongru à un président de 29 ans. Aussi physiquement discret que son père était imposant, il a parfaitement tenu son rang. Au lendemain d'un visite au pas de course à Washington, où il a notamment rencontré le secrétaire d'Etat Colin Powell, Joseph Kabila poursuivait son entreprise de séductions aux Nations-Unies. Par ses revirements incessants, Kabila père avait lassé les diplomates. Depuis l'été 1999, il bloquait la mise en place des accords de paix conclus à Lusaka. Le fils avait donc beaucoup à prouver.
Son passage à Paris puis à Washington avait fait renaître l'espoir et certains officiels parlaient déjà d'une «nouvelle donne.» Le secrétaire général de l'ONU lui-même s'est dit «encouragé«, avant sa rencontre avec le nouveau président du Congo démocratique, par l'entrevue de Joseph Kabila avec son adversaire rwandais Paul Kagame. Pour Kofi Annan, il y a «un nouveau climat, une nouvelle situation dont l'ONU doit tirer avantage.»
Devant le conseil de sécurité, Joseph Kabila n'a montré aucun signe d'émotion. Dans un français très correct, quoique légèrement hésitant, il a servi aux ambassadeurs le discours que ceux-ci voulaient entendre : «J'ai décidé, au nom de mon peuple, d'£uvrer pour une politique qui privilégie le dialogue et la réconciliation. J'invite pour ce faire les autorités du Rwanda, de l'Ouganda et du Burundi à revenir à de meilleurs sentiments de bon voisinage, en vue de régler pacifiquement les différends». Le nouveau président n'en abandonne pas pour autant la rhétorique guerrière. «Nous allons, a-t-il expliqué, en accord avec les pays alliés qui nous soutiennent pour faire face à l'agression, examiner les moyens de relancer les accords de Lusaka».
«Le départ des agresseurs reste un préalable»
Pour ce test de passage, Joseph Kabila a dû donner des gages : «Nous réitérons devant vous, et devant le monde entier pris à témoin, l'engagement de la République démocratique du Congo de collaborer étroitement avec la mission de l'Onu en RDC de manière, à lui permettre de remplir avec efficacité son mandat». Les premières équipes, parmi les 5 500 casques bleus qui devraient se déployer, sont déjà dans les starting-blocks. Côté réconciliation nationale, le jeune général a tendu sa main, en exhortant tous ses «frères Congolais, quelles que soient leurs origines socio-communautaires, quelques soient leurs opinions, y compris ceux qui ont pris les armes, à venir s'asseoir avec nous autour d'une table pour parler de la paix». Toutefois, au cours d'une conférence de presse où il s'est montré particulièrement à l'aise, Kabila a précisé que le départ des agresseurs était un préalable...
Sur un point, le jeune président est resté ferme : «L'exploitation illégale des ressources naturelles de notre pays (...) qui alimente l'effort de guerre des pays agresseurs est un phénomène dévastateur qui aura des conséquences graves sur le devenir des générations présentes et futures de mon pays». Les ambassadeurs du Conseil de sécurité ont adoré le discours, ils on fait la queue pour congratuler le nouveau chef d'Etat. Désormais, selon l'ambassadeur français adjoint Yves Doutriaux, «le rôle de la communauté internationale est aussi d'inciter les autres signataires des accords de Lusaka à répondre sans tarder aux ouvertures faites par le nouveau président congolais«. Après avoir séduit, Joseph Kabila devra convaincre. Car mercredi prochain, s'est au tour de Paul Kagame de rencontrer le secrétaire général, avant la réunion ministérielle des pays de la région, prévue pour le 21 et le 22 février à New York. Et comme Kofi Annan l'a rappelé : «il est temps désormais de développer des mesures concrètes, pour faire progresser le désengagement militaire et le dialogue inter-congolais».
par Philippe Bolopion
Article publié le 03/02/2001