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L''affaire Elf

Sirven enfin de retour !

Alfred Sirven de retour en France, mardi soir, devait être immédiatement conduit devant les juges du pôle économique et financier avant de gagner la prison de la Santé. Dès mercredi, il sera présenté devant le tribunal où se déroule le procès Dumas/Deviers-Joncour. Avant d'être extradé d'Allemagne en début de soirée, il avait refusé de témoigner devant la commission d'enquête allemande sur le financement opaque de l'Union chrétienne-démocrate (CDU).
Après plusieurs heures de suspense, Alfred Sirven, l'ancien numéro deux du groupe pétrolier français Elf, a finalement refusé de témoigner devant la commission d'enquête parlementaire allemande sur les comptes occultes de la CDU. Courtois et ironique, il a prétexté ne pas être suffisamment préparé : «Répondre à des questions de ce genre demande un certain temps de préparation, environ deux à trois semaines» ajoutant même : «Je suis à Francfort de passage pour assez peu de temps».

L'Allemagne très intéressée par cette affaire n'aura pas les réponses aux questions qu'elle se posait. En revenant sur sa décision de la veille, Alfred Sirven n'a donc pas collaboré avec les autorités allemandes. La commission enquête notamment sur des commissions douteuses versées lors de la vente de la raffinerie est-allemande Leuna en 1992 à Elf-Aquitaine. Les parlementaires allemands ne sauront pas si une partie des fonds a atterri dans les caisses de la CDU, formation de l'ancien chancelier Helmut Kohl. Ce que le parti conservateur allemand a toujours niée.

Outre cette commission d'enquête, cinq parquets allemands avaient signalé qu'ils souhaitaient entendre les confidences de l'ancien directeur des affaires générales d'Elf. Quatre membres du parquet de Sarrebruck, qui instruisent l'un des multiples volets de l'affaire Leuna, s'étaient également rendus mardi à Francfort en vue de l'interroger. Ils sont repartis bredouilles mais la commission d'enquête a déposé, peu après, une demande auprès du ministère de la Justice dans le but d'empêcher l'extradition du «French fugitive», en vain.

Le procès Dumas reporté ?

Mardi, Alfred Sirven a été remis à des policiers de la brigade financière française à l'aéroport de Francfort et a quitté, comme prévu, le sol allemand dans la soirée, à bord d'un avion Falcon. Dès son arrivée en France, sur la base militaire de Villacoublay, l'homme-clé de l'affaire Elf devait être conduit au pôle économique et financier afin que les juges lui signifient les charges retenues contre lui avant qu'il soit transféré à la prison de la Santé où une cellule l'attend, au quartier des personnalités.

Dès mercredi, il sera présenté au Palais de justice de Paris, où le procès Dumas suspendu, lundi, en attendant son retour, doit reprendre. A ce moment là, Alfred Sirven peut demander un délai afin de préparer sa défense, ce qui retarderait d'autant le déroulement du procès en cours. Les magistrats n'envisageant pas de poursuivre l'examen de l'affaire sans lui. Sirven est en effet soupçonné d'être au centre des détournements commis au préjudice du groupe pétrolier, dont le montant global est estimé à trois milliards de francs.

Cependant, Alfred Sirven a indiqué mardi qu'il répondrait aux questions de la justice française tout en soulignant : «Je n'ai pas le choix. Je suis mis en examen».



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 06/02/2001