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L''affaire Elf

Alfred Sirven «détourné» en Allemagne

Le Français le plus recherché de la planète n'est toujours pas sur le sol français. Expulsé vers Paris par les autorités philippines, il a été embarqué dans un avion allemand à destination de Francfort ; alors qu'il est recherché par la justice allemande dans le cadre d'un enquête sur des commissions versées lors de la vente au groupe Elf en 1992 de la raffinerie de Leuna. Depuis samedi il est détenu dans une prison de la banlieue de Francfort. Voici le fil des événements tel qu'il nous a été proposé par l'Agence France Presse: 48 heures de cafouillages répétés et de nouvelles contradictoires.
Vendredi 2 février, 10h22 (TU). Le ministre philippin de la Justice annonce qu'Alfred Sirven va être expulsé vers Paris, et qu'il embarquera à bord du vol d'Air France de 19h30 (locales), accompagné de deux policiers français.

11h32. Le même ministère annonce qu'il ne partira pas par l'avion d'Air France. Un officier de liaison d'Interpol précise aussitôt qu'un « vol spécial pour lui » est en préparation à l'aéroport de Manille et qu'en attendant ce vol Alfred Sirven « dormira ici dans mon bureau ».

12h12. Le ministère français des Affaires étrangères annonce qu'il n'exclut pas l'affrètement d'un avion pour ramener Alfred Sirven à Paris.

14h40. L'AFP annonce de « source aéroportuaire » qu'un avion militaire français a quitté la France vendredi matin en direction de Manille, afin de ramener Alfred Sirven.

16h28. Alfred Sirven « est en route vers l'aéroport de Manille où il prendra un avion pour Paris de la compagnie aérienne allemande Lufthansa», annonce l'AFP de source philippine.

18h39. Sirven est attendu à 5h45 à Francfort, annonce l'AFP « de sources informées à Paris », en précisant que deux policiers français sont à bord de l'appareil, et que la justice allemande n'envisageait pas de demander à entendre Sirven dans l'immédiat. L'Agence France Presse rappelle ensuite que « dans un premier temps, il devait prendre l'avion d'Air France à destination de Paris, mais cette solution a finalement été repoussée ». Sans préciser par qui.

21h36. Sirven pourrait, en théorie, rester en Allemagne, s'il refusait de suivre les policiers français qui l'accompagnent, annonce l'AFP « de source judiciaire française ». Celle-ci précise qu'il faudra que la justice française dépose une demande d'extradition pour faire revenir Sirven sur le territoire français.

«Je peux balancer une centaine de noms, mais...»

Samedi 3 février, 04h09 (TU). Dans une interview réalisée à Manille et publiée par Le Parisien, Alfred Sirven affirme qu'il pourrait « balancer un centaine de noms » dans l'affaire Elf, en ajoutant: « mais cela ne m'intéresse pas ».

04h13. La police des frontières allemande annonce que Sirven « sera interpellé par la police allemande à son arrivée à Francfort ». Ensuite « il sera conduit devant un magistrat » du parquet à Francfort, qui désormais décidera de son transfert en France ou de son maintien en Allemagne. La police des frontières allemande (Bundesgrenzschultz) précise à cette occasion qu'elle avait reçu des ordres en ce sens. L'AFP parle de « contretemps inattendu ».

04h53. L'avion de la Lufthansa transportant l'ancien numéro deux d'Elf se pose à Francfort. Il est aussitôt éloigné du terminal, pour éviter les journalistes.

05h41. « Alfred Sirven est provisoirement gardé à vue dans les locaux de la police des frontières à l'aéroport » annonce son porte-parole, avant de préciser : « il est très calme, paisible ». En attendant d'être fixé sur son sort, il peut profiter d'un petit déjeuner.

07h48. Un avion militaire français est stationné sur l'aéroport de Francfort pour pouvoir ramener Alfred Sirven en France, annonce un porte-parole de la police allemande.

09h28. Alfred Sirven sera déféré vers 10h30 (TU) devant un magistrat francfortois, apprend-on de source officielle allemande. Le parquet de la ville décidera ensuite s'il peut ou non être extradé vers la France.

12h33. Sirven donne son accord pour rentrer en France, devant le juge allemand, selon le ministère français de la Justice.

13h23. «Je me réjouis qu'Alfred Sirven doit rapidement de retour en France et qu'il soit mis fin au mauvais scénario auquel on assistait depuis son arrestation», déclare l'avocat de Roland Dumas, Jean-René Farthouat.

13h37. On apprend «de source pénitentiaire» qu'une cellule est prête depuis vendredi pour Alfred Serven à l'étage des personnalités de la maison de la Santé, à Paris.

14h18. Alfred Sirven est placé sous mandat de dépôt provisoire par la justice allemade. Il ne pourra donc pas rentrer en France avant «la semaine prochaine au plus tôt», selon une source judiciaire à Francfort. En début de soirée il est transféré dans une maison d'arrêt de la banlieue de Francfort pour y être incarcéré.

16h40. Selon l'avocate de Sirven, Me Suzanne Wagner, l'ancien numéro deux d'Elf veut rentrer «le plus vite possible en France».

21h09. Le juge d'instruction Eva Joly déclare qu'Anfred Sirven devrait "être en France dès lundi" 5 février, après un rendez-vous le matin avec le procureur général de Francfort.

Dimanche 4 février. 08h20. La ministre française de la Justice, Marylise Lebranchu, affirme qu'en faisant quitter les Philippines dès que possible à Alfred Sirven "on a choisi une solution qui était celle de la sécurité". "On aurait pu effectivement attendre un avion direct... en 48 heures, sait-on jamais ce qui allait se produire, s'il s'était enfui à nouveau, s'il avait disparu dans la nature pendant ces 48 heures là, que n'aurait-on pas dit!".

10h59. La magistrate de Francfort Eva-Maria Wagner déclare que le feu vert à une extradiction de Sirven peut intervenir "à partir de lundi (5 février), dans quelques jours, ou davantage".

18h31. Un membre de la Commission d'enquête sur les caisses noires de la CDU réclame l'audition de Sirven: "J'imagine que la Commission d'enquête va tout faire pour interroger Sirven, aussi longtemps qu'il est en Allemagne. En cas d'urgence il peut aussi être maintenu ici par un mandat d'arrêt. Sirven joue un rôle clé dans l'affaire Elf-Leuna et il dira quel politicien de la CDU a obtenu quel argent par son biais. Une fois en France, ce témoin sera pour nous inatteignable... Jeudi prochain serait une bonne occasion pour une audition".



par Elio  Comarin avec AFP

Article publié le 04/02/2001