L''affaire Elf
Roland Dumas s'en prend aux juges
Mercredi, la sixième audience dans le procès Dumas a essentiellement été consacrée aux statuettes grecques offertes à l'ancien ministre des Affaires étrangères par son ex-maîtresse, Christine Deviers-Joncour. L'audience, qui avait pourtant bien commencé, a vu cependant Roland Dumas perdre son sang froid.
Les divergences se font ressentir toujours et encore entre Roland Dumas et Christine Deviers-Joncour. Mercredi, lors de la sixième journée d'audience du procès Dumas, les ex-amants ont chacun campé sur leurs positions et ont confirmé leurs différents points de vue sur l'affaire des statuettes grecques achetées avec l'argent du groupe pétrolier Elf.
L'histoire remonte à 1990. A cette date Christine Deviers-Joncour acquiert des statuettes (d'une valeur de 300 000 francs) à la fameuse salle des ventes parisienne Drouot et les offre à Roland Dumas. Mais cet épisode des statuettes antiques est entouré de flou. Durant l'instruction «La Putain de la République» comme elle s'est elle-même qualifiée dans un ouvrage, affirme que l'ancien ministre des Affaires étrangères de François Mitterrand connaissait l'origine des fonds avec lesquels elle avait acheté un lot de treize statuettes hellénistiques, en l'occurrence un versement d'Alfred Sirven, ancien numéro deux d'Elf, en fuite probable aux Philippines. «C'est évident, ce n'est pas moi qui avait payé ça» déclare-t-elle. Sophie Portier, la présidente du tribunal lui demande : «Vous l'avez dit à Monsieur Dumas ?». «Oui» rétorque-t-elle sans sourciller.
Roland Dumas, qui en 1999 a dû se mettre en congé de ses fonctions de président du Conseil constitutionnel à la suite de ces révélations, est invité à son tour à s'expliquer. Il reconnaît avoir reçu ce cadeau de la part de son ex-amie et affirme : «J'avais donné un mandat amical à Mme Deviers-Joncour pour qu'elle achète les statuettes pour moi» dit-il avant d'ajouter : «Plus tard, nous sommes à la veille de Noël, c'est là qu'elle me dit que c'est un cadeau». Pendant l'instruction, l'ancien chef de la diplomatie française a toujours affirmé n'avoir pas été le destinataire du lot entier, assurant que son ancienne maîtresse ne lui en avait offert qu'une partie, gardant les autres pour elle.
«Un jour, je vais m'occuper moi de certains magistrats»
Alors que les débats sur l'affaire des statuettes étaient achevés, Roland Dumas interrogé par le procureur du tribunal sur des fonds versés en espèces sur ses comptes, a perdu son calme et proféré des menaces contre les magistrats. «Un jour, je vais m'occuper moi de certains magistrats et vous verrez ce qui se passera» a-t-il déclaré s'estimant harcelé sur ce point du dossier. «Des menaces ?» s'exclame Sophie Portier, présidente du tribunal avant d'ordonner : «Inscrivez, Madame le greffier».
Brouhaha et murmures dans la salle, puis suspension de séance après les violentes déclarations de l'ancien ministre des Affaires étrangères. A la reprise de l'audience, plus d'une heure et demi après cette altercation, Roland Dumas retourne à la barre pour s'excuser. «Mes propos ont quelque peu dépassé ma pensée (à) Si certains de ces propos ont pu blesser le tribunal je les regrette et je présente mes excuses» déclare-t-il ayant retrouvé, semble-t-il, ses esprits.
L'audience reprendra lundi 5 février avec les plaidoiries des parties civiles et le réquisitoire du procureur. Les avocats de la défense, plaideront, quant à eux, mardi 6 et mercredi 7.
L'histoire remonte à 1990. A cette date Christine Deviers-Joncour acquiert des statuettes (d'une valeur de 300 000 francs) à la fameuse salle des ventes parisienne Drouot et les offre à Roland Dumas. Mais cet épisode des statuettes antiques est entouré de flou. Durant l'instruction «La Putain de la République» comme elle s'est elle-même qualifiée dans un ouvrage, affirme que l'ancien ministre des Affaires étrangères de François Mitterrand connaissait l'origine des fonds avec lesquels elle avait acheté un lot de treize statuettes hellénistiques, en l'occurrence un versement d'Alfred Sirven, ancien numéro deux d'Elf, en fuite probable aux Philippines. «C'est évident, ce n'est pas moi qui avait payé ça» déclare-t-elle. Sophie Portier, la présidente du tribunal lui demande : «Vous l'avez dit à Monsieur Dumas ?». «Oui» rétorque-t-elle sans sourciller.
Roland Dumas, qui en 1999 a dû se mettre en congé de ses fonctions de président du Conseil constitutionnel à la suite de ces révélations, est invité à son tour à s'expliquer. Il reconnaît avoir reçu ce cadeau de la part de son ex-amie et affirme : «J'avais donné un mandat amical à Mme Deviers-Joncour pour qu'elle achète les statuettes pour moi» dit-il avant d'ajouter : «Plus tard, nous sommes à la veille de Noël, c'est là qu'elle me dit que c'est un cadeau». Pendant l'instruction, l'ancien chef de la diplomatie française a toujours affirmé n'avoir pas été le destinataire du lot entier, assurant que son ancienne maîtresse ne lui en avait offert qu'une partie, gardant les autres pour elle.
«Un jour, je vais m'occuper moi de certains magistrats»
Alors que les débats sur l'affaire des statuettes étaient achevés, Roland Dumas interrogé par le procureur du tribunal sur des fonds versés en espèces sur ses comptes, a perdu son calme et proféré des menaces contre les magistrats. «Un jour, je vais m'occuper moi de certains magistrats et vous verrez ce qui se passera» a-t-il déclaré s'estimant harcelé sur ce point du dossier. «Des menaces ?» s'exclame Sophie Portier, présidente du tribunal avant d'ordonner : «Inscrivez, Madame le greffier».
Brouhaha et murmures dans la salle, puis suspension de séance après les violentes déclarations de l'ancien ministre des Affaires étrangères. A la reprise de l'audience, plus d'une heure et demi après cette altercation, Roland Dumas retourne à la barre pour s'excuser. «Mes propos ont quelque peu dépassé ma pensée (à) Si certains de ces propos ont pu blesser le tribunal je les regrette et je présente mes excuses» déclare-t-il ayant retrouvé, semble-t-il, ses esprits.
L'audience reprendra lundi 5 février avec les plaidoiries des parties civiles et le réquisitoire du procureur. Les avocats de la défense, plaideront, quant à eux, mardi 6 et mercredi 7.
par Clarisse Vernhes
Article publié le 01/02/2001