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L''affaire Elf

Sur la piste de Sirven

Alfred Sirven, personnage clé de l'affaire Elf sous le coup de quatre mandats d'arrêts internationaux, aurait utilisé un passeport français au nom de Robert Lapierre, pour assurer sa fuite clandestine aux Philippines en 1998. Une information révélée par l'hebdomadaire français l'Express daté du 7 décembre.
Alfred Sirven, l'ex-numéro deux du groupe pétrolier français Elf, aurait usurpé l'identité de Robert Lapierre, artisan couturier résidant à Paris et mort en septembre 1998, pour s'enfuir aux Philippines la même année. S'agit-il d'un «faux » ou d'un «vrai-faux» passeport, c'est-à-dire d'une pièce officielle établie à partir de fausses informations, s'interroge l'Express.

La préfecture de Paris a indiqué, après les révélations de l'hebdomadaire, avoir bien établi le 21 avril 1998 un passeport au nom de Robert Lapierre. Une information du plus mauvais effet pour la police nationale et pour l'Etat. Alfred Sirven pourrait-il avoir bénéficier de soutiens, de moyens financiers et de complicités à Paris pour s'enfuir alors qu'il était sous le coup de mandats d'arrêts internationaux ?

Les réactions n'ont pas tardé à venir et à la demande du Préfet de police de Paris une enquête administrative à été ouverte et confiée à l'Inspection générale des services (IGS). La « police des polices » est donc chargée de faire la lumière sur cette étrange affaire. Le passeport de Robert Lapierre a-t-il été « emprunté » ou non à son insu ? L'Express ajoute que ce passeport muni d'une photo d'Alfred Sirven reprend scrupuleusement les caractéristiques physiques du retraité décédé: taille 1,74 mètre, yeux marrons ainsi que sa date (25 mai 1927) et son lieu de naissance (Paris XIVe). Ce document porte également un cachet d'entrée aux Philippines daté du 4 septembre 1998, mois au cours duquel Robert Lapierre est mort des suites d'un cancer.

L'échec de la police et de la justice françaises

Alors que la police et la justice françaises piétinent dans cette affaire, les journalistes arrivent à suivre la trace du fugitif. L'année dernière, l'hebdomadaire Paris Match était parvenu à localiser la planque d'Alfred Sirven aux Philippines et la semaine dernière, toujours l'Express publiait une série de photos montrant l'homme dans son intimité.

Mercredi soir, les services de l'immigration français et philippins ne disposaient pas de la photocopie de ce passeport alors que les enquêteurs des deux pays chargés de l'affaire en possèdent une. Cette copie du document aurait pu être faite lors d'une procédure de routine, à savoir, par exemple, lors du renouvellement d'un visa.

Depuis le 24 octobre, quatre policiers français, spécialistes du renseignement et qui parlent l'espagnol, sont à Manille pour traquer le fugitif. Mais selon une source proche de l'enquête ces quatre enquêteurs ne possèderaient pas suffisamment d'éléments pour suivre l'itinéraire de l'homme le plus recherché de France.

Jeudi soir, une information judiciaire a été ouverte contre X pour « falsification de document administratif ». De plus, Jean-Marie Lapierre, le fils de Robert Lapierre vient d'être mis en garde à vue, vendredi après-midi en raison des démarches administratives qu'il a faites pour renouveler le passeport de son père. Les enquêteurs vont maintenant devoir déterminer dans quelles circonstances la photo d'Alfred Sirven a remplacé celle de Robert Lapierre sur ce document et pourquoi le fils du retraité a fait renouveler le passeport de son père alors que celui-ci était mourant.



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 08/12/2000