L''affaire Elf
Les frégates ressurgissent
Roger Hsieh, l'un des conseillers du nouveau président taiwanais Chen-Shui-Bian, accuse la société française Thomson d'avoir versé des commissions occultes lors de la vente de frégates militaires à Taiwan en 1991 et d'avoir également joué un rôle central dans le meurtre, en 1993, d'un colonel de marine taïwanais lié à cette affaire. Une révélation du journal Libération daté du 28 novembre.
C'est en 1991 que tout commence. Six frégates militaires de type Lafayette sont vendues par Thomson à Taïwan pour un montant de seize milliards de francs. Malgré l'opposition de la Chine et les réticences de certains dirigeants français, la vente a bien lieu. Mais pour arriver à la conclusion de ce contrat, des commissions occultes auraient été versées à des intermédiaires et à des officiels taïwanais et l'hypothèse de rétrocommissions au profit des Français est actuellement examinée par les justices taïwanaise et française.
En France, six personnes sont actuellement mises en examen dans cette affaire : l'ex-PDG du groupe Elf, Loïk Le Floch-Prigent, Christine Deviers-Joncour, ancienne maîtresse de Roland Dumas, ministre des Affaires étrangères en 1991, l'homme d'affaires Gilbert Myara, l'ancien chargé de missions du groupe pétrolier Elf, Hubert Leblanc-Belleveaux, l'intermédiaire chinois Edmond Kwan et l'ex-numéro deux d'Elf, Alfred Sirven. Ce scandale a également provoqué la démission de Roland Dumas, qui pour sa part, a toujours déclaré avoir été opposé à la vente de ces frégates.
A Taïwan, dans le cadre de l'enquête ouverte sur le scandale de l'assassinat du colonel Yin et des commissions occultes, vingt-huit personnes dont treize officiers et quinze marchands d'armes ont été placés en détention.
Taïpeh revient à la charge
Dans une interview accordée au quotidien français Libération, daté du 28 novembre 2000, Roger Hsieh, conseiller du nouveau président taiwanais Chen-Shui-Bian, met directement en cause la société française dans le versement de ces commissions occultes. « Nous souhaitons avant tout la vérité » a-t-il déclaré. Il espère également recevoir la liste des personnes ayant reçu des fonds en France ainsi que la coopération des banques françaises mais celles-ci «nous ont jusqu'ici opposé le secret» a-t-il déclaré. Roger Hsieh n'ajoute rien d'autre de vraiment précis sur ces faits.
D'autre part, il accuse «Thomson d'avoir joué un rôle central dans l'assassinat du colonel Yin». Ce colonel disparu le 9 décembre 1993 et retrouvé mort le 10 s'occupait des achats de la marine de Taipeh. Il avait remis, peu de temps avant sa mort, un rapport critique à sa hiérarchie sur l'acquisition des six frégates françaises. Roger Hsieh rappelle, toujours dans Libération, que le colonel Yin avait, notamment en sa compagnie, fait le voyage jusqu'à Lorient, en septembre 1993, pour visiter les chantiers navals où se construisaient les fameuses frégates et qu'il «prenait beaucoup de notes sur la construction des frégates ». Sur place, Yin aurait déclaré : «je cours un danger de mort. Si un jour je suis victime d'un complot, je vous prie de me venger».
Eva Joly et Laurence Vichnievsky, les juges français chargés de l'affaire étudient actuellement une constitution de partie civile déposée, fin octobre, par un représentant de la marine taïwanaise.
Thomson-CSF, le groupe français d'électronique de défense a déposé une plainte en diffamation contre Libération.
En France, six personnes sont actuellement mises en examen dans cette affaire : l'ex-PDG du groupe Elf, Loïk Le Floch-Prigent, Christine Deviers-Joncour, ancienne maîtresse de Roland Dumas, ministre des Affaires étrangères en 1991, l'homme d'affaires Gilbert Myara, l'ancien chargé de missions du groupe pétrolier Elf, Hubert Leblanc-Belleveaux, l'intermédiaire chinois Edmond Kwan et l'ex-numéro deux d'Elf, Alfred Sirven. Ce scandale a également provoqué la démission de Roland Dumas, qui pour sa part, a toujours déclaré avoir été opposé à la vente de ces frégates.
A Taïwan, dans le cadre de l'enquête ouverte sur le scandale de l'assassinat du colonel Yin et des commissions occultes, vingt-huit personnes dont treize officiers et quinze marchands d'armes ont été placés en détention.
Taïpeh revient à la charge
Dans une interview accordée au quotidien français Libération, daté du 28 novembre 2000, Roger Hsieh, conseiller du nouveau président taiwanais Chen-Shui-Bian, met directement en cause la société française dans le versement de ces commissions occultes. « Nous souhaitons avant tout la vérité » a-t-il déclaré. Il espère également recevoir la liste des personnes ayant reçu des fonds en France ainsi que la coopération des banques françaises mais celles-ci «nous ont jusqu'ici opposé le secret» a-t-il déclaré. Roger Hsieh n'ajoute rien d'autre de vraiment précis sur ces faits.
D'autre part, il accuse «Thomson d'avoir joué un rôle central dans l'assassinat du colonel Yin». Ce colonel disparu le 9 décembre 1993 et retrouvé mort le 10 s'occupait des achats de la marine de Taipeh. Il avait remis, peu de temps avant sa mort, un rapport critique à sa hiérarchie sur l'acquisition des six frégates françaises. Roger Hsieh rappelle, toujours dans Libération, que le colonel Yin avait, notamment en sa compagnie, fait le voyage jusqu'à Lorient, en septembre 1993, pour visiter les chantiers navals où se construisaient les fameuses frégates et qu'il «prenait beaucoup de notes sur la construction des frégates ». Sur place, Yin aurait déclaré : «je cours un danger de mort. Si un jour je suis victime d'un complot, je vous prie de me venger».
Eva Joly et Laurence Vichnievsky, les juges français chargés de l'affaire étudient actuellement une constitution de partie civile déposée, fin octobre, par un représentant de la marine taïwanaise.
Thomson-CSF, le groupe français d'électronique de défense a déposé une plainte en diffamation contre Libération.
par Clarisse Vernhes
Article publié le 29/11/2000