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L''affaire Elf

Sirven incarcéré, le procès Dumas reporté

Après avoir passé une bonne partie de la nuit de mardi à mercredi au pôle économique et financier où il s'est vu notifier les charges retenues contre lui, Alfred Sirven a ensuite été transféré à la prison de la Santé, à Paris. Mercredi, en début d'après-midi, il a assisté à la reprise du procès Dumas/Deviers-Joncour. Un procès reporté au 12 mars.
Mardi soir, à sa descente d'avion à l'aéroport militaire de Villacoublay, Alfred Sivren, l'ancien numéro 2 du groupe pétrolier Elf, a été accueilli par des policiers de la brigade financière, avant d'être examiné par un médecin puis conduit au pôle économique et financier du Palais de Justice. Là, l'attendaient Eva Joly, Laurence Vichnievsky et Renaud Van Ruymbeke, les juges chargés de l'affaire Elf. Les magistrats lui ont notifié les charges pesant contre lui, dans le cadre des mandats d'arrêts délivrés le 13 juin 1997 dans le dossier Elf et le 17 septembre 2000 dans le dossier des frégates vendues par Thomson à Taiwan en 1991.

Arrivé à 21 heures (heure de Paris)au pôle financier, Alfred Sirven n'en est ressorti que six heures plus tard. Souriant et détendu, il n'a cependant fait aucune déclaration aux magistrats sur le fond du dossier : «Pour l'instant, il parle peu, il est coopératif mais sur le fond peu de chose», a déclaré Marylise Lebranchu, ministre française de la Justice, avant d'ajouter chez nos confrère d'Europe 1 ce matin : «il n'a opposé aucune résistance à ses transferts, il a été coopératif sur la forme».

Après avoir été confronté aux juges jusqu'à 3H10 (heure de Paris), Alfred Sirven a été transféré à la prison de la Santé où une cellule, dans le quartier des personnalités, l'attendait. Il rejoint ainsi, au deuxième étage de la maison d'arrêt, d'autres prévenus célèbres : Maurice Papon, Jacques Crozemarie, l'ancien président de l'ARC (association de lutte contre le cancer) et le terroriste Carlos.

Poignées de main et bise aux protagonistes du procès Dumas

Après une première nuit passée en prison, Alfred Sirven est arrivé mercredi en début d'après-midi au Palais de Justice de Paris, où reprenait le procès Dumas/Deviers-Joncour. A son arrivée, saluée par des applaudissements du public, l'ancien dirigeant du groupe pétrolier, vêtu d'un costume sombre, a été présenté devant la 11ème chambre du tribunal correctionnel. Serein, il a serré la main de Roland Dumas et de Loïk Le Floch-Prigent avant d'aller faire la bise à Christine Deviers-Joncour.

L'audience n'a duré que quelques minutes. Le substitut du procureur de la République a requis son maintien en détention «dans chacun des deux dossiers» et l'audience a été suspendue pour statuer sur ce point. Peu après, à la reprise des débats, Jean-Pierre Chambrenault a déclaré : «La détention provisoire est aujourd'hui l'unique moyen de s'assurer qu'Alfred Sirven pourra répondre aux attentes de la justice». Suspendu depuis l'annonce de l'arrestation de l'ex-fugitif, le procès Dumas/Deviers-Joncour a donc été renvoyé au 12 mars prochain.

D'autre part, le ministère allemand de la Justice a fait savoir mercredi que la commission d'enquête parlementaire d'outre-Rhin pourrait entendre, en France, Alfred Sirven, dans le dossier de la raffinerie est-allemande Leuna qui aurait été l'objet de commissions occultes dans les caisses de l'Union chrétienne-démocrate (CDU). Sirven avait refusé, mardi, avant son extradition vers la France, de répondre aux questions des députés allemands arguant de ne pas avoir eu le temps de se préparer sur ce dossier complexe.



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 07/02/2001