Congo démocratique
Moins d'indulgence américaine pour Kagamé
Sur les pas de Joseph Kabila, le président rwandais s'est adressé au conseil de sécurité de l'ONU. Contrairement à son homologue congolais, Paul Kagamé n'a pas convaincu et la nouvelle administration américaine ne semble pas décidée à faire preuve d'indulgence à son égard.
De notre correspondant à New York
Paul Kagamé marche dans les pas de Joseph Kabila. Cinq jours après son homologue congolais, le président rwandais a lui aussi rencontré le secrétaire général de l'ONU Kofi Annan. Les deux hommes ont eu un tête à tête, dont rien n'a filtré. Seule certitude : Kofi Annan a demandé le soutien de tous les pays de la région, pour relancer le processus de paix. Paul Kagamé a admis qu'il existait une nouvelle opportunité, mais il a réaffirmé ses exigences face au conseil de sécurité, dans le même siège que celui occupé par Kabila fils cinq jours auparavant.
Certes, Paul Kagamé s'est dit prêt à respecter les accords de paix de Lusaka conclus en 1999. Il accorde au jeune Kabila le «bénéfice du doute», il veut profiter du changement, mais à certaines conditions : le début d'un dialogue entre gouvernement et rebelles congolais, la neutralisation des rebelles rwandais en République démocratique du Congo (RDC), dont il estime le nombre à 15 000, et le retrait des autres armées étrangères du Congo.
Impatience à saisir l'opportunité de paix
Son discours a connu un accueil plutôt froid, parmi les poids lourds du conseil de sécurité. La communauté internationale reconnait que le Rwanda a des intérêts en matière de sécurité en RDC. La plupart des pays ont même salué la rencontre de Paul Kagamé avec Joseph Kabila, mais tous veulent saisir rapidement la nouvelle opportunité de paix. A commencer par les Américains, dont l'indulgence à l'égard du régime de Kigali semble reléguée aux oubliettes de l'histoire démocrate. «Nous nous devons d'être francs avec le président Kagamé, a expliqué le représentant américain, James Cunningham(...). La revendication rwandaise du droit à l'auto-défense est gravement remise en cause quand tant de civils congolais en sont les victimes».
Une explication à cette esquisse de revirement court dans les couloirs de l'ONU. Les Républicains, désormais au pouvoir, n'ont aucun sentiment de culpabilité pour l'absence de réaction américaine lors du génocide en 1994. Une culpabilité ressentie par les officiels Démocrates, qui du coup soutenaient sans faille le régime de Paul Kagamé. Dans l'entourage du nouveau secrétaire d'Etat Colin Powell, l'occupation de la moitié du territoire Congolais par le Rwanda au prétexte de se défendre passe mal. Le diplomate américain à l'ONU a averti : «Nous ne pensons pas que le Rwanda puisse défendre à long terme ses intérêts sécuritaires par une politique d'opposition militaire au gouvernement de RDC.»
La France a également clairement fait valoir ses priorités. «La présence de forces d'agression en RDC n'est pas acceptable», a expliqué Jean-David Levitte, expliquant ses "préoccupations à la suite des informations relatives au pillage à grande échelle des ressources naturelles de la RDC". Il a également rappelé que «le conseil de sécurité est prêt à envisager le déploiement de personnels de la Mission de l'ONU au Congo (Monuc) à Goma ou Bukavu, le long de la frontière avec le rwanda». L'ambassadeur britannique à l'ONU, Jeremy Greenstock, a directement interpellé le président rwandais sur la question des droits de l'homme, et notamment le recrutement d'enfants-soldats. Il lui a demandé s'il était prêt à rencontrer de nouveau Joseph Kabila, avant de l'exhorter «à faire le premier pas en se désengageant» de la ville de Pweto, pour encourager les autres forces étrangères à se retirer. L'idée est également défendue avec force par la France et les Etats-Unis.
Finalement, c'est sans doute le seul point sur lequel Paul Kagamé a fini par donner un signe encourageant, en se déclarant prêt à quitter la ville prise le 3 décembre dernier, dans le sud est du Congo démocratique. Car sur le reste, il s'est montré confus, évasif, fuyant. De l'avis de beaucoup, il n'a pas été à la hauteur des espoirs de paix soulevés cinq jours avant par Joseph Kabila.
Paul Kagamé marche dans les pas de Joseph Kabila. Cinq jours après son homologue congolais, le président rwandais a lui aussi rencontré le secrétaire général de l'ONU Kofi Annan. Les deux hommes ont eu un tête à tête, dont rien n'a filtré. Seule certitude : Kofi Annan a demandé le soutien de tous les pays de la région, pour relancer le processus de paix. Paul Kagamé a admis qu'il existait une nouvelle opportunité, mais il a réaffirmé ses exigences face au conseil de sécurité, dans le même siège que celui occupé par Kabila fils cinq jours auparavant.
Certes, Paul Kagamé s'est dit prêt à respecter les accords de paix de Lusaka conclus en 1999. Il accorde au jeune Kabila le «bénéfice du doute», il veut profiter du changement, mais à certaines conditions : le début d'un dialogue entre gouvernement et rebelles congolais, la neutralisation des rebelles rwandais en République démocratique du Congo (RDC), dont il estime le nombre à 15 000, et le retrait des autres armées étrangères du Congo.
Impatience à saisir l'opportunité de paix
Son discours a connu un accueil plutôt froid, parmi les poids lourds du conseil de sécurité. La communauté internationale reconnait que le Rwanda a des intérêts en matière de sécurité en RDC. La plupart des pays ont même salué la rencontre de Paul Kagamé avec Joseph Kabila, mais tous veulent saisir rapidement la nouvelle opportunité de paix. A commencer par les Américains, dont l'indulgence à l'égard du régime de Kigali semble reléguée aux oubliettes de l'histoire démocrate. «Nous nous devons d'être francs avec le président Kagamé, a expliqué le représentant américain, James Cunningham(...). La revendication rwandaise du droit à l'auto-défense est gravement remise en cause quand tant de civils congolais en sont les victimes».
Une explication à cette esquisse de revirement court dans les couloirs de l'ONU. Les Républicains, désormais au pouvoir, n'ont aucun sentiment de culpabilité pour l'absence de réaction américaine lors du génocide en 1994. Une culpabilité ressentie par les officiels Démocrates, qui du coup soutenaient sans faille le régime de Paul Kagamé. Dans l'entourage du nouveau secrétaire d'Etat Colin Powell, l'occupation de la moitié du territoire Congolais par le Rwanda au prétexte de se défendre passe mal. Le diplomate américain à l'ONU a averti : «Nous ne pensons pas que le Rwanda puisse défendre à long terme ses intérêts sécuritaires par une politique d'opposition militaire au gouvernement de RDC.»
La France a également clairement fait valoir ses priorités. «La présence de forces d'agression en RDC n'est pas acceptable», a expliqué Jean-David Levitte, expliquant ses "préoccupations à la suite des informations relatives au pillage à grande échelle des ressources naturelles de la RDC". Il a également rappelé que «le conseil de sécurité est prêt à envisager le déploiement de personnels de la Mission de l'ONU au Congo (Monuc) à Goma ou Bukavu, le long de la frontière avec le rwanda». L'ambassadeur britannique à l'ONU, Jeremy Greenstock, a directement interpellé le président rwandais sur la question des droits de l'homme, et notamment le recrutement d'enfants-soldats. Il lui a demandé s'il était prêt à rencontrer de nouveau Joseph Kabila, avant de l'exhorter «à faire le premier pas en se désengageant» de la ville de Pweto, pour encourager les autres forces étrangères à se retirer. L'idée est également défendue avec force par la France et les Etats-Unis.
Finalement, c'est sans doute le seul point sur lequel Paul Kagamé a fini par donner un signe encourageant, en se déclarant prêt à quitter la ville prise le 3 décembre dernier, dans le sud est du Congo démocratique. Car sur le reste, il s'est montré confus, évasif, fuyant. De l'avis de beaucoup, il n'a pas été à la hauteur des espoirs de paix soulevés cinq jours avant par Joseph Kabila.
par Philippe Bolopion
Article publié le 08/02/2001