Congo démocratique
Les présents et les absents
Le sommet pour la paix dans la région des Grands Lacs,
reporté à plusieurs reprises, a débuté jeudi 14
février à Lusaka, en l'absence de trois des principaux
chefs d'Etat belligérants : Paul Kagamé, Youweri
Museveni et Jose Eduardo Dos Santos.
reporté à plusieurs reprises, a débuté jeudi 14
février à Lusaka, en l'absence de trois des principaux
chefs d'Etat belligérants : Paul Kagamé, Youweri
Museveni et Jose Eduardo Dos Santos.
Depuis deux ans et demi, une dizaine d'antagonistes
s'affrontent au Congo : d'un côté, la République
démocratique du Congo (RDC), soutenue par l'Angola, la
Namibie et le Zimbabwe, contrôle la moitié sud-ouest
du pays ; de l'autre, le Rwanda, l'Ouganda et le
Burundi, contrôlent via des fractions rebelles, le
nord et l'est du Congo. Les rebelles du MLC (Mouvement
pour la libération du Congo), soutenus par l'Ouganda,
contrôlent le nord ; ceux du RCD-Goma (Rassemblement
congolais pour la démocratie), administrent le
sud-est, avec la bienveillante protection des forces
rwandaises. 30 000 soldats (10 000 Ougandais et 20 000
Rwandais) soutiennent ces rebelles.
L'armée de Kinshasa est quant à elle appuyée par 21
000 militaires (7000 Angolais, 12 000 Zimbabwéens et 2
000 Namibiens). Les premiers accords de Lusaka (1999),
qui prévoyaient le cessez-le-feu, le départ des
troupes étrangères et l'ouverture d'un dialogue
inter-congolais, n'ont jamais été appliqués.
La RDC et ses alliés
Le nouveau président de la République démocratique du
Congo, Joseph Kabila, semble réellement déterminé à
faire la paix. Dès son arrivée à Lusaka, le président
congolais a reçu le président zimbabwéen Robert Mugabe
et son homologue zambien Frederick Chiluba, l'un des
médiateurs du conflit. Selon l'entourage du président
Kabila, il s'agit de faire de nouvelles propositions à
ses pairs sur "certains aspects dépassés des accords
de Lusaka de l'été 1999".
Du côté des alliés de la RDC, Lusaka 2 est plutôt bien
accueilli. Depuis plusieurs mois, l'Angola, le
Zimbabwe et la Namibie se plaignent, de façon à peine voilée, du coût économique, politique et militaire que
représente la guerre dans les Grands Lacs. Le
président angolais Jose Eduardo Dos Santos est
représenté par son ministre de la Défense, Kundi
Pahyama. Le Zimbabwéen Robert Mugabe et le président
namibien Sam Nujoma participent aux négociations de
paix.
Le Rwanda, l'Ouganda, le Burundi et les rebelles
congolais
Le président Paul Kagame du Rwanda a annoncé qu'il
n'assisterait pas aux pourparlers de Lusaka. Motif :
le président médiateur Frederick Chiluba serait
impartial, selon son homologue rwandais. Malgré
l'optimisme du président Chiluba (qui assurait à la
veille du sommet que "le frère Kagame trouvera le
temps de venir"), le Rwanda n'est pas représenté à
Lusaka. " Nous protestons contre la partialité du
facilitateur dans la guerre qui déchire la RDC", a
déclaré André Bumaya, ministre rwandais des Affaires
étrangères et de la Coopération régionale. Ce dernier
a ajouté que son pays était prêt à participer à un
sommet entre les belligérants s'il se tenait ailleurs
(à Pretoria ou à New York). Le Rwanda reproche
notamment à la Zambie d'avoir hébergé dans son
territoire des extrémistes hutus rwandais.
Le président de l'Ouganda Youweri Museveni a fait
savoir qu'il ne participera pas à ces négociations de
paix. Occupé par la campagne des élections
présidentielles du 7 mars prochain, il a envoyé à
Lusaka un responsable du ministère des Affaires
étrangères.
Au Burundi, la préoccupation majeure demeure le
prochain sommet d'Arusha (Tanzanie), le 26 février. Le
président Pierre Buyoya, qui avait longtemps hésité à
reconnaître la présence de ses troupes en RDC, prend
part au sommet de Lusaka.
Quant aux rebelles, les représentants des principaux
mouvements sont arrivés dès mercredi soir dans la
capitale zambienne. D'un côté le RCD-Kisangani
d'Ernest Wamba dia Wamba et le MLC de Jean-Pierre
Bemba qui, sous la pression de leur parrain ougandais,
ont dû s'unir, au lendemain de la mort de Laurent
Kabila, pour former le Front de libération du Congo
(FLC) ; de l'autre, le RCD-Goma d'Adolphe Onusumba
(soutenu par le Rwanda).
Les médiateurs et les observateurs du conflit
Prétoria et Lusaka sont en compétition ouverte dans la
médiation en cours : Frederick Chiluba a volé le rôle
de médiateur dans la région au président sud-africain
Thabo Mbéki, et ce dernier n'a même pas été invité.
Joseph Kabila a annoncé jeudi qu'il inviterait à
Kinshasa, dans les prochains jours, le facilitateur du
dialogue intercongolais : l'ancien président du
Botswana, Ketumile Masire.
Le Gabon, et récemment le Congo-Brazzaville ont
également proposé leur médiation. En décembre dernier,
Libreville a abrité, avant l'assassinat de Laurent
Kabila, des pourparlers de paix. Sans grand succès.
Brazzaville a pour sa part proposé mercredi "une
initiative destinée à faciliter l'application de
l'accord de Lusaka (de 1999)".
En dehors du continent, l'Union européenne a envoyé
sur le terrain son représentant spécial, Aldo Ajello.
La Belgique a également déployé d'importants efforts
diplomatiques. Mais c'est de l'ONU qu'on attend le
plus d'initiatives. Le secrétaire général des Nations
unies, Kofi Annan, qui s'est dit encouragé par le
calme qui règne actuellement sur le front, n'entend
plus envoyer qu'un demi-millier d'observateurs
militaires protégés par 2 500 casques bleus, dans le
cadre des accords de Lusaka. Deux cents hommes
seulement sont déjà arrivés. Mais cet effectif réduit
de l'ONU face à l'ampleur des troupes belligérantes,
inquiètent les médiateurs africains.
s'affrontent au Congo : d'un côté, la République
démocratique du Congo (RDC), soutenue par l'Angola, la
Namibie et le Zimbabwe, contrôle la moitié sud-ouest
du pays ; de l'autre, le Rwanda, l'Ouganda et le
Burundi, contrôlent via des fractions rebelles, le
nord et l'est du Congo. Les rebelles du MLC (Mouvement
pour la libération du Congo), soutenus par l'Ouganda,
contrôlent le nord ; ceux du RCD-Goma (Rassemblement
congolais pour la démocratie), administrent le
sud-est, avec la bienveillante protection des forces
rwandaises. 30 000 soldats (10 000 Ougandais et 20 000
Rwandais) soutiennent ces rebelles.
L'armée de Kinshasa est quant à elle appuyée par 21
000 militaires (7000 Angolais, 12 000 Zimbabwéens et 2
000 Namibiens). Les premiers accords de Lusaka (1999),
qui prévoyaient le cessez-le-feu, le départ des
troupes étrangères et l'ouverture d'un dialogue
inter-congolais, n'ont jamais été appliqués.
La RDC et ses alliés
Le nouveau président de la République démocratique du
Congo, Joseph Kabila, semble réellement déterminé à
faire la paix. Dès son arrivée à Lusaka, le président
congolais a reçu le président zimbabwéen Robert Mugabe
et son homologue zambien Frederick Chiluba, l'un des
médiateurs du conflit. Selon l'entourage du président
Kabila, il s'agit de faire de nouvelles propositions à
ses pairs sur "certains aspects dépassés des accords
de Lusaka de l'été 1999".
Du côté des alliés de la RDC, Lusaka 2 est plutôt bien
accueilli. Depuis plusieurs mois, l'Angola, le
Zimbabwe et la Namibie se plaignent, de façon à peine voilée, du coût économique, politique et militaire que
représente la guerre dans les Grands Lacs. Le
président angolais Jose Eduardo Dos Santos est
représenté par son ministre de la Défense, Kundi
Pahyama. Le Zimbabwéen Robert Mugabe et le président
namibien Sam Nujoma participent aux négociations de
paix.
Le Rwanda, l'Ouganda, le Burundi et les rebelles
congolais
Le président Paul Kagame du Rwanda a annoncé qu'il
n'assisterait pas aux pourparlers de Lusaka. Motif :
le président médiateur Frederick Chiluba serait
impartial, selon son homologue rwandais. Malgré
l'optimisme du président Chiluba (qui assurait à la
veille du sommet que "le frère Kagame trouvera le
temps de venir"), le Rwanda n'est pas représenté à
Lusaka. " Nous protestons contre la partialité du
facilitateur dans la guerre qui déchire la RDC", a
déclaré André Bumaya, ministre rwandais des Affaires
étrangères et de la Coopération régionale. Ce dernier
a ajouté que son pays était prêt à participer à un
sommet entre les belligérants s'il se tenait ailleurs
(à Pretoria ou à New York). Le Rwanda reproche
notamment à la Zambie d'avoir hébergé dans son
territoire des extrémistes hutus rwandais.
Le président de l'Ouganda Youweri Museveni a fait
savoir qu'il ne participera pas à ces négociations de
paix. Occupé par la campagne des élections
présidentielles du 7 mars prochain, il a envoyé à
Lusaka un responsable du ministère des Affaires
étrangères.
Au Burundi, la préoccupation majeure demeure le
prochain sommet d'Arusha (Tanzanie), le 26 février. Le
président Pierre Buyoya, qui avait longtemps hésité à
reconnaître la présence de ses troupes en RDC, prend
part au sommet de Lusaka.
Quant aux rebelles, les représentants des principaux
mouvements sont arrivés dès mercredi soir dans la
capitale zambienne. D'un côté le RCD-Kisangani
d'Ernest Wamba dia Wamba et le MLC de Jean-Pierre
Bemba qui, sous la pression de leur parrain ougandais,
ont dû s'unir, au lendemain de la mort de Laurent
Kabila, pour former le Front de libération du Congo
(FLC) ; de l'autre, le RCD-Goma d'Adolphe Onusumba
(soutenu par le Rwanda).
Les médiateurs et les observateurs du conflit
Prétoria et Lusaka sont en compétition ouverte dans la
médiation en cours : Frederick Chiluba a volé le rôle
de médiateur dans la région au président sud-africain
Thabo Mbéki, et ce dernier n'a même pas été invité.
Joseph Kabila a annoncé jeudi qu'il inviterait à
Kinshasa, dans les prochains jours, le facilitateur du
dialogue intercongolais : l'ancien président du
Botswana, Ketumile Masire.
Le Gabon, et récemment le Congo-Brazzaville ont
également proposé leur médiation. En décembre dernier,
Libreville a abrité, avant l'assassinat de Laurent
Kabila, des pourparlers de paix. Sans grand succès.
Brazzaville a pour sa part proposé mercredi "une
initiative destinée à faciliter l'application de
l'accord de Lusaka (de 1999)".
En dehors du continent, l'Union européenne a envoyé
sur le terrain son représentant spécial, Aldo Ajello.
La Belgique a également déployé d'importants efforts
diplomatiques. Mais c'est de l'ONU qu'on attend le
plus d'initiatives. Le secrétaire général des Nations
unies, Kofi Annan, qui s'est dit encouragé par le
calme qui règne actuellement sur le front, n'entend
plus envoyer qu'un demi-millier d'observateurs
militaires protégés par 2 500 casques bleus, dans le
cadre des accords de Lusaka. Deux cents hommes
seulement sont déjà arrivés. Mais cet effectif réduit
de l'ONU face à l'ampleur des troupes belligérantes,
inquiètent les médiateurs africains.
par Luc Ngowet
Article publié le 15/02/2001