Burundi
Sur les routes du Burundi
Notre envoyé spécial Jean-Pierre Monzat est parti à la découverte du Burundi. De Bujumbura la capitale, au lac Tanganyika, en passant par la route numéro 1, l'artère vitale du pays, le reporteur de RFI est allé à la rencontre d'un pays encore hanté par la guerre.
Patrick Faye, chasseur de croco et metteur en scène
(Reporteur, 13/02/2001)
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Doucement. Très doucement. Nous approchons de la berge. Dans le delta de la Ruzizi au nord de Bujumbura, nous allons essayer de débusquer Gustave. Gustave? Un vrai monstre. Une tête d'assassin. Un crocodile de cent ans et de sept mètres de long. Le mangeur d'homme du Tanganyika: au moins vingt morts l'an dernier. Sur ses traces, un homme qui n'a pas apprécié que l'un de ses pêcheurs ait été au menu. Presque des intimes ces deux-là. Patrice Faye nous entraine dans sa chasse. Direction le sud,
la frontière tanzanienne par la route, majestueuse, des bords du lac. Quelques arrêts en chemin histoire de prévenir les habitants: Gustave n'est plus dans le delta. Il est donc là, quelque part dans le lac,entre les rives du Burundi et les montagnes du Congo. Drôle de type que ce chasseur de crocodile, chasseur de serpents de son vrai métier. Sa maison est un capharnäum remplie de milliers de bestioles plus ou moins attirantes. Plutôt moins que plus d'ailleurs. Patrice Faye, 46 ans, l'expatrié français le plus connu du pays. Ancien bucheron au Canada et en Rodhésie. Il est est arrivé au Burundi il y a 22 ans, en vélo d'Afrique du Sud. Gueule cassée, une vraie tête de baroudeur. Et en plus elle est bien remplie: il écrit et met en scène des pièces de théâtre. Gros succès à chaque représentation. Il y a quelque temps, il avait même une émission satirique à la télévision. C'est avec ce baroudeur un peu intello que nous allons donc chasser le croco...
Bujumbura, malade de ses collines
(Reporteur, 14/02/2001)
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Une petite ville tranquille dira le visiteur qui ne s'attarde pas. Et il n'aura pas tout à fait tort. Les autorités burundaises en font du reste l'un des axes principaux de leur communication: Bujumbura n'est pas en guerre, jolies plages du Tanganyika et restaurants si sympathiques sont là pour l'attester. On croirait presque que la guerre s'arrête aux portes de la ville. Et pour cause. Tous les soirs à 16h, la capitale est bouclée par les barrages de l'armée. Et tous les soirs, les collines résonnent des bruits de combats. Car si la paix existe à Bujumbura, elle n'est que relative. La ville est malade de ses collines et de ses quartiers périphériques.
Le major de gendarmerie avec qui nous violons le couvre feu l'avoue du reste lui-même «s'il n' y avait les assaillants». S'il reste un peu, le visiteur nuancera donc très vite son sentiment. La guerre n'est pas loin. Bujumbura vit un peu comme une ville assiégée.
Sur la route numéro 1
(Reporteur, 15/02/2001)
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Route Nationale n°1. La route traverse la luxuriante province de Bujumbura rural. Elle file ensuite vers le centre du pays, artère vitale vers l'Ouganda, le Rwanda ou la Tanzanie. C'est aussi la route de tous les dangers. Cette route de montagne est idéale pour les embuscades. Récemment, l'attaque d'un autobus a fait 21 morts.
Bifurcation vers le sud. Partout les traces de la guerre civile. Ici, un mémorial en souvenir du massacre de 70 enfants en 93, là, un camp de déplacés. Et partout des maisons détruites et les horreurs que racontent les survivants.
Nous voilà enfin dans le sud. C'est le grand patron des militaires de la zone qui nous reçoit. Le commandant de la Ve région militaire nous sert de guide. Après avoir demandé aux villageois de faire savoir alentours que l'homme blanc n'était pas un mercenaire, la visite commence. Nous voilà le long de la frontière tanzanienne avec là, à cent mètres, juste derrière cette petite maison abandonnée, les camps et leurs 500.000 réfugiés. Et les rebelles qui s'infiltrent régulièrement.
Le colonel est heureux que nous soyons là. Pas d'expatriés dans cette zone, les ONG ont évacué et l'Onu n'y va pas. C'est une zone de guerre. Alors l'officier n'est pas mécontent de montrer qu'il tient suffisamment le secteur pour que nous puissions circuler: «vous êtes notre ambassadeur». C'est vrai que nous circulerons sans incident. L'impressionnante escorte n'y est sans doute pas pour rien. Et puis peut être que les rebelles avaient simplement décidé de nous laisser passer. Car voilà bien la guerre civile du Burundi: pas de front mais une guérilla, sans cesse en mouvement, qui fait le coup de poing puis qui s'en va. On passe une fois, deux fois, et puis la troisième...
(Reporteur, 13/02/2001)
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Doucement. Très doucement. Nous approchons de la berge. Dans le delta de la Ruzizi au nord de Bujumbura, nous allons essayer de débusquer Gustave. Gustave? Un vrai monstre. Une tête d'assassin. Un crocodile de cent ans et de sept mètres de long. Le mangeur d'homme du Tanganyika: au moins vingt morts l'an dernier. Sur ses traces, un homme qui n'a pas apprécié que l'un de ses pêcheurs ait été au menu. Presque des intimes ces deux-là. Patrice Faye nous entraine dans sa chasse. Direction le sud,
la frontière tanzanienne par la route, majestueuse, des bords du lac. Quelques arrêts en chemin histoire de prévenir les habitants: Gustave n'est plus dans le delta. Il est donc là, quelque part dans le lac,entre les rives du Burundi et les montagnes du Congo. Drôle de type que ce chasseur de crocodile, chasseur de serpents de son vrai métier. Sa maison est un capharnäum remplie de milliers de bestioles plus ou moins attirantes. Plutôt moins que plus d'ailleurs. Patrice Faye, 46 ans, l'expatrié français le plus connu du pays. Ancien bucheron au Canada et en Rodhésie. Il est est arrivé au Burundi il y a 22 ans, en vélo d'Afrique du Sud. Gueule cassée, une vraie tête de baroudeur. Et en plus elle est bien remplie: il écrit et met en scène des pièces de théâtre. Gros succès à chaque représentation. Il y a quelque temps, il avait même une émission satirique à la télévision. C'est avec ce baroudeur un peu intello que nous allons donc chasser le croco...
Bujumbura, malade de ses collines
(Reporteur, 14/02/2001)
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Une petite ville tranquille dira le visiteur qui ne s'attarde pas. Et il n'aura pas tout à fait tort. Les autorités burundaises en font du reste l'un des axes principaux de leur communication: Bujumbura n'est pas en guerre, jolies plages du Tanganyika et restaurants si sympathiques sont là pour l'attester. On croirait presque que la guerre s'arrête aux portes de la ville. Et pour cause. Tous les soirs à 16h, la capitale est bouclée par les barrages de l'armée. Et tous les soirs, les collines résonnent des bruits de combats. Car si la paix existe à Bujumbura, elle n'est que relative. La ville est malade de ses collines et de ses quartiers périphériques.
Le major de gendarmerie avec qui nous violons le couvre feu l'avoue du reste lui-même «s'il n' y avait les assaillants». S'il reste un peu, le visiteur nuancera donc très vite son sentiment. La guerre n'est pas loin. Bujumbura vit un peu comme une ville assiégée.
Sur la route numéro 1
(Reporteur, 15/02/2001)
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Route Nationale n°1. La route traverse la luxuriante province de Bujumbura rural. Elle file ensuite vers le centre du pays, artère vitale vers l'Ouganda, le Rwanda ou la Tanzanie. C'est aussi la route de tous les dangers. Cette route de montagne est idéale pour les embuscades. Récemment, l'attaque d'un autobus a fait 21 morts.
Bifurcation vers le sud. Partout les traces de la guerre civile. Ici, un mémorial en souvenir du massacre de 70 enfants en 93, là, un camp de déplacés. Et partout des maisons détruites et les horreurs que racontent les survivants.
Nous voilà enfin dans le sud. C'est le grand patron des militaires de la zone qui nous reçoit. Le commandant de la Ve région militaire nous sert de guide. Après avoir demandé aux villageois de faire savoir alentours que l'homme blanc n'était pas un mercenaire, la visite commence. Nous voilà le long de la frontière tanzanienne avec là, à cent mètres, juste derrière cette petite maison abandonnée, les camps et leurs 500.000 réfugiés. Et les rebelles qui s'infiltrent régulièrement.
Le colonel est heureux que nous soyons là. Pas d'expatriés dans cette zone, les ONG ont évacué et l'Onu n'y va pas. C'est une zone de guerre. Alors l'officier n'est pas mécontent de montrer qu'il tient suffisamment le secteur pour que nous puissions circuler: «vous êtes notre ambassadeur». C'est vrai que nous circulerons sans incident. L'impressionnante escorte n'y est sans doute pas pour rien. Et puis peut être que les rebelles avaient simplement décidé de nous laisser passer. Car voilà bien la guerre civile du Burundi: pas de front mais une guérilla, sans cesse en mouvement, qui fait le coup de poing puis qui s'en va. On passe une fois, deux fois, et puis la troisième...
par Jean-Pierre Monzat
Article publié le 19/02/2001