Indonésie
La fin annoncée du président Wahid
Le président indonésien semble plus que jamais en sursis. Au cours d'une séance survoltée à l'Assemblée les partis se sont levés les uns après les autres pour lui retirer leur soutien et adopter les conclusions d'un rapport d'enquête l'impliquant dans deux scandales financiers.
De notre correspondante en Indonésie
Le coup le plus dur est venu du PDIP, le parti de la vice-présidente Megawati, qui compte le plus grand nombre de sièges au Parlement. L'autre défection notable est celle de la faction de l'armée. Elle dispose d'un tout petit nombre de sièges mais psychologiquement la pilule est amère : l'armée était toujours restée neutre dans le débat politique, cette fois-ci ses représentants se sont levés comme un seul homme sous les acclamations pour signifier leur défiance à l'encontre du chef de l'Etat. Pendant ce temps, des milliers de manifestants criaient « Démission ! ».
Dans la nuit de jeudi à vendredi, les députés ont décidé de formaliser leur vote en adressant un avertissement au président, première étape sur la voie d'une possible destitution. Acclamé il y a 15 mois comme le sauveur potentiel de l'Indonésie après 32 ans de règne sans partage de Suharto, et considéré comme le seul responsable capable de conduire l'archipel vers la démocratie et de mettre un terme aux violences ethniques, religieuses séparatistes qui déchirent l'Indonésie, Abdurrahman Wahid se retrouve aujourd'hui isolé. Prenant la mesure du désaveu et des risques pour son avenir politique, le président n'a pas perdu de temps : il a convoqué une conférence de presse dès vendredi matin pour présenter ses excuses à la population, promettre d'écouter le Parlement et de s'amender, de lutter avec acharnement contre la corruption. Pour beaucoup, c'est trop peu, trop tard.
Les manifestations de musulmans ont repris, les voix se multiplient au sein de la classe politique et dans les milieux intellectuels pour appeler à sa démission immédiate. Théoriquement, la procédure pouvant mener à sa destitution est longue. Après avoir reçu un premier avertissement, le président dispose de trois mois pour répondre. Si ses explications sont jugées insuffisantes, le Parlement doit lui adresser un second mémorandum et lui donner 30 jours pour y répondre. Ce n'est qu'ensuite que les députés peuvent demander la convocation d'une session spéciale de l'Assemblée consultative du Peuple, seule à même de le démettre. Cela peut donner le temps au président de recoller les morceaux mais beaucoup piaffent d'impatience. Ils jugent que Wahid a déjà perdu le pouvoir, que sa chute est inéluctable et qu'il devrait donc quitter son fauteuil dès aujourd'hui plutôt que dans quatre mois afin d'éviter au pays une période d'instabilité et le risque de violences dans les rues.
Megawati attend son heure
Le plus saumâtre dans cette affaire pour Abdurrahman Wahid, c'est que le dossier qui pourrait le faire chuter ne comporte aucune preuve le liant directement au détournement de quelques millions de dollars. Pourtant, les députés s'en sont emparés pour crier au scandale, fustiger la corruption et demander sa démission. Il ne s'agit pas vraiment de moralisation de la vie politique ici mais bien de cuisine politicienne. Les adversaires les plus acharnés du chef de l'Etat appartiennent au Golkar, l'ancien véhicule politique de Suharto. Ils ont sur la conscience des scandales portant sur des sommes bien plus importantes. S'ils veulent renverser Wahid, c'est pour éviter d'être poursuivis en justice. A leurs côtés, les partis musulmans radicaux reprochent eux au chef de l'Etat un islam trop modéré. Tandis que les membres du parti de la vice-présidente Megawati Soekarnoputri voient l'heure de la revanche venue. Ils ont toujours estimé que Wahid avait volé la victoire à Megawati en devenant président alors qu'elle avait remporté les législatives.
Abdurrahman Wahid clame son innocence et refuse de démissionner. Malheureusement pour le chef de l'Etat indonésien, il n'est plus question de bon droit mais de politique et, sur ce front-là, il est aujourd'hui isolé et a perdu, du moins pour l'instant.
Le coup le plus dur est venu du PDIP, le parti de la vice-présidente Megawati, qui compte le plus grand nombre de sièges au Parlement. L'autre défection notable est celle de la faction de l'armée. Elle dispose d'un tout petit nombre de sièges mais psychologiquement la pilule est amère : l'armée était toujours restée neutre dans le débat politique, cette fois-ci ses représentants se sont levés comme un seul homme sous les acclamations pour signifier leur défiance à l'encontre du chef de l'Etat. Pendant ce temps, des milliers de manifestants criaient « Démission ! ».
Dans la nuit de jeudi à vendredi, les députés ont décidé de formaliser leur vote en adressant un avertissement au président, première étape sur la voie d'une possible destitution. Acclamé il y a 15 mois comme le sauveur potentiel de l'Indonésie après 32 ans de règne sans partage de Suharto, et considéré comme le seul responsable capable de conduire l'archipel vers la démocratie et de mettre un terme aux violences ethniques, religieuses séparatistes qui déchirent l'Indonésie, Abdurrahman Wahid se retrouve aujourd'hui isolé. Prenant la mesure du désaveu et des risques pour son avenir politique, le président n'a pas perdu de temps : il a convoqué une conférence de presse dès vendredi matin pour présenter ses excuses à la population, promettre d'écouter le Parlement et de s'amender, de lutter avec acharnement contre la corruption. Pour beaucoup, c'est trop peu, trop tard.
Les manifestations de musulmans ont repris, les voix se multiplient au sein de la classe politique et dans les milieux intellectuels pour appeler à sa démission immédiate. Théoriquement, la procédure pouvant mener à sa destitution est longue. Après avoir reçu un premier avertissement, le président dispose de trois mois pour répondre. Si ses explications sont jugées insuffisantes, le Parlement doit lui adresser un second mémorandum et lui donner 30 jours pour y répondre. Ce n'est qu'ensuite que les députés peuvent demander la convocation d'une session spéciale de l'Assemblée consultative du Peuple, seule à même de le démettre. Cela peut donner le temps au président de recoller les morceaux mais beaucoup piaffent d'impatience. Ils jugent que Wahid a déjà perdu le pouvoir, que sa chute est inéluctable et qu'il devrait donc quitter son fauteuil dès aujourd'hui plutôt que dans quatre mois afin d'éviter au pays une période d'instabilité et le risque de violences dans les rues.
Megawati attend son heure
Le plus saumâtre dans cette affaire pour Abdurrahman Wahid, c'est que le dossier qui pourrait le faire chuter ne comporte aucune preuve le liant directement au détournement de quelques millions de dollars. Pourtant, les députés s'en sont emparés pour crier au scandale, fustiger la corruption et demander sa démission. Il ne s'agit pas vraiment de moralisation de la vie politique ici mais bien de cuisine politicienne. Les adversaires les plus acharnés du chef de l'Etat appartiennent au Golkar, l'ancien véhicule politique de Suharto. Ils ont sur la conscience des scandales portant sur des sommes bien plus importantes. S'ils veulent renverser Wahid, c'est pour éviter d'être poursuivis en justice. A leurs côtés, les partis musulmans radicaux reprochent eux au chef de l'Etat un islam trop modéré. Tandis que les membres du parti de la vice-présidente Megawati Soekarnoputri voient l'heure de la revanche venue. Ils ont toujours estimé que Wahid avait volé la victoire à Megawati en devenant président alors qu'elle avait remporté les législatives.
Abdurrahman Wahid clame son innocence et refuse de démissionner. Malheureusement pour le chef de l'Etat indonésien, il n'est plus question de bon droit mais de politique et, sur ce front-là, il est aujourd'hui isolé et a perdu, du moins pour l'instant.
par A Djakarta, Marie-Pierre VEROT
Article publié le 02/02/2001