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Côte d''Ivoire

Un verdict en demi-teinte pour Palenfo et Coulibaly

Le procès des généraux Abdoulaye Coulibaly et Lassane Palenfo, commencé le 27 février, s'est achevé lundi sur un verdict en demi-teinte. Le commissaire du gouvernement, le commandant Ange Kessi, avait requis des peines lourdes pour les généraux : 20 ans de prison et la destitution. Certains avocats de la défense s'attendaient au pire. C'est donc d'abord par sa relative légèreté que le verdict du tribunal a surpris : acquittement pour le général Coulibaly, un an de prison ferme pour le général Palenfo. En rendant son jugement, le président du tribunal n'a pas mentionné la destitution, qui de ce fait ne sera pas appliquée.
De notre correspondante à Abidjan

Pour autant, justice a-t-elle été pleinement rendue ? L'acquittement du général Coulibaly s'explique par l'absence de la pièce principale le mettant en cause : le procès de perquisition à son domicile. En revanche, la décision de condamner le général Palenfo à un an de prison pour complicité d'atteinte à la sureté de l'Etat reste ambiguë, faible au regard du crime reproché, forte lorsqu'on sait qu'en rendant son jugement, le tribunal a déclaré qu'il rejetait les procès verbaux obtenus suite à des tortures. Dès lors, des témoignages clés disparaissent du dossier.

Saluant la décision relative à la torture, Maitre Bokunta Diallo, défenseur des généraux, a estimé que dans le cas de Lassane Palenfo, le tribunal avait rendu un jugement de Salomon. «La condamnation est motivée par des considérations politiques. On écarte un homme qui fait peur » a-t-il déclaré.
Au delà du débat sur la réalité des faits et des participations supposées, le procès aura surtout mis en lumière les blessures encore à vif de la société ivoirienne. Plusieurs fois, la collusion des deux généraux avec le parti RDR d'Alassane Ouattara a été évoquée, le commissaire du gouvernement voulant à toute force l'établir, les généraux et leurs défenseurs la nier. L'origine des accusés, surtout des hommes du nord, a été soulignée par l'avocat surprise du procès, celui du général Robert Guei.

Le général Coulibaly reste en prison pour détournement de fonds

Cité à comparaître comme témoin, l'ancien chef de la junte, bien sûr absent, s'était constitué partie civile. Son défenseur a tout au long du procès défendu l'article 132 de la constitution, assurant l'immunité aux membres du CNSP. Immunité qui, si elle avait été reconnue, lui aurait bénéficié le cas échéant. Peine perdue : le tribunal a rejeté et l'article 132, et la constitution de partie civile.

Mis à part le cas des généraux, plusieurs soldats parmi ceux qui étaient accusés d'avoir participé à l'attaque contre la résidence du général ont été condamné à une dizaine d'années d'emprisonnement, tandis que d'autres ont été acquittés. Selon un avocat de la défense, le rejet des procès verbaux extorqués sous la torture pourrait permettre d'obtenir la révision du verdict, si les condamnés se pourvoient en cassation.

D'ores et déjà, plusieurs avocats du général Palenfo ont annoncé l'intention de leur client d'utiliser ce recours. La possibilité d'une grâce présidentielle en cas de condamnation a été évoquée, mais selon les avocats, le général Palenfo ne la demandera. « Le combat continue », avait lancé maître Bokunta Diallo en quittant le tribunal. Il ne croyait pas si bien dire. Le lendemain du verdict, le général Coulibaly a été remis en détention. Il est accusé cette fois de détournement de fonds.

VIRGINIE GOMEZ



Article publié le 15/03/2001