Proche-Orient
Sharon plaide sa cause aux Etats-Unis
Le premier ministre israélien a pris à Washington la température de l'allié américain. Le président Bush, plus attentiste que son prédécesseur, s'est montré critique sur l'extension des colonies. Mais il ne «forcera pas la paix». A New York, Ariel Sharon a rencontré Kofi Annan pour dissuader l'ONU d'envoyer des observateurs militaires dans les territoires occupés.
Ariel Sharon s'est entouré d'un dispositif de sécurité digne d'un président américain, lors de sa visite à l'ONU. Escorté d'une dizaine de voitures de police, il a pénétré le palais de verre par le sous-sol, prenant soin d'éviter la presse. Sur les toits, des tireurs d'élite étaient postés, alors que des bateaux de police sillonnaient les abords des Nations unies le long de l'East River. Ariel Sharon s'est montré inflexible, face à Kofi Annan. Son message à l'ONU avait été dévoilé la semaine dernière par son ministre des affaires étrangères Shimon Peres, devant conseil de sécurité. Il se résume en une injonction : «surtout, ne faites rien».
Le projet qui fait peur aux Israéliens est débattu pour la seconde fois en trois mois par le Conseil de sécurité. Il est porté par les pays non-alignés, sur requête palestinienne. Il s'agirait d'envoyer une force d'observateurs militaires de l'ONU dans les territoires palestiniens. Dotés d'une grande liberté de mouvement, ils pourraient témoigner des réactions disproportionnées de l'armée israélienne, et peut-être les prévenir. Une mission d'enquête de la Commission des droits de l'homme de l'ONU estime que le déploiement d'une telle présence internationale est urgent. Devant Kofi Annan, Ariel Sharon a réitéré sa farouche opposition au projet, arguant que «les terroristes en profiteraient pour agir dans leur dos».
tout juste nommé, le gouvernement israélien renoue avec l'ONU
Le secrétaire général de l'ONU a pour sa part abordé la question explosive de l'extension des colonies, et notamment celle de Har Homma. «Un développement naturel», a rétorqué Ariel Sharon. Kofi Annan est revenu à la charge, en conseillant à l'Etat hébreu de relâcher le bouclage des territoires occupés, pour ne pas acculer à la banqueroute l'autorité palestinienne. Cela passerait notamment selon l'ONU par une redistribution des droits de douane qui reviennent aux Palestiniens. «Cela financerait l'organisation de meurtres», a répondu Ariel Sharon. Sa seule concession, après une heure d'entretien : rencontrer la commission d'enquête internationale menée par l'ex-sénateur américain George Mitchell. C'est maigre, mais des diplomates relèvent avec optimisme que tout juste nommé, le gouvernement israélien renoue les négociations avec l'ONU.
L'Etat hébreu est pour l'instant protégé de tout vote intempestif du Conseil de sécurité par son allié américain, prêt à user de son droit de véto. De ce point de vue, Ariel Sharon a été rassuré par sa rencontre à Washington avec George W. Bush, qui demeure un allié fidèle. Les deux hommes ont trouvé de nombreux terrains d'entente. Contrairement à Bill Clinton, Bush n'entend pas «forcer la paix» entre Israël et la Palestine, ce qui convient parfaitement à Sharon qui prône un arrêt des violences avant toute négociation. Sur la question du bouclier antimissile, les deux hommes auraient «des intérêts convergents», et l'Amérique serait «intéressée au plus haut point» par une extension de la défense antimissile israélienne, mise au point avec une aide technologique américaine. Les deux pays réfléchissent déjà à une protection mutuelle.
Sur le statut de Jérusalem, Bush a botté en touche, laissant aux parties le soin de décider, tout en rappelant sa volonté de déplacer l'ambassade américaine de Tel Aviv à Jérusalem. Ariel Sharon a demandé au président américain de ne pas inviter Yasser Arfat, pour ne pas donner le signal que «le terrorisme paye». Mais la Maison blanche n'exclut pas une telle rencontre. Seule fausse note, George W. Bush a lui aussi demandé un allègement de la pression économique sur les territoires occupés, pendant que le département d'Etat critiquait l'extension des colonies. Cela rappelait l'époque de Bush père, au début des années 90, quand le secrétaire d'Etat James Baker qualifiait Sharon, alors ministre du logement, «d'obstacle à la paix».
Le projet qui fait peur aux Israéliens est débattu pour la seconde fois en trois mois par le Conseil de sécurité. Il est porté par les pays non-alignés, sur requête palestinienne. Il s'agirait d'envoyer une force d'observateurs militaires de l'ONU dans les territoires palestiniens. Dotés d'une grande liberté de mouvement, ils pourraient témoigner des réactions disproportionnées de l'armée israélienne, et peut-être les prévenir. Une mission d'enquête de la Commission des droits de l'homme de l'ONU estime que le déploiement d'une telle présence internationale est urgent. Devant Kofi Annan, Ariel Sharon a réitéré sa farouche opposition au projet, arguant que «les terroristes en profiteraient pour agir dans leur dos».
tout juste nommé, le gouvernement israélien renoue avec l'ONU
Le secrétaire général de l'ONU a pour sa part abordé la question explosive de l'extension des colonies, et notamment celle de Har Homma. «Un développement naturel», a rétorqué Ariel Sharon. Kofi Annan est revenu à la charge, en conseillant à l'Etat hébreu de relâcher le bouclage des territoires occupés, pour ne pas acculer à la banqueroute l'autorité palestinienne. Cela passerait notamment selon l'ONU par une redistribution des droits de douane qui reviennent aux Palestiniens. «Cela financerait l'organisation de meurtres», a répondu Ariel Sharon. Sa seule concession, après une heure d'entretien : rencontrer la commission d'enquête internationale menée par l'ex-sénateur américain George Mitchell. C'est maigre, mais des diplomates relèvent avec optimisme que tout juste nommé, le gouvernement israélien renoue les négociations avec l'ONU.
L'Etat hébreu est pour l'instant protégé de tout vote intempestif du Conseil de sécurité par son allié américain, prêt à user de son droit de véto. De ce point de vue, Ariel Sharon a été rassuré par sa rencontre à Washington avec George W. Bush, qui demeure un allié fidèle. Les deux hommes ont trouvé de nombreux terrains d'entente. Contrairement à Bill Clinton, Bush n'entend pas «forcer la paix» entre Israël et la Palestine, ce qui convient parfaitement à Sharon qui prône un arrêt des violences avant toute négociation. Sur la question du bouclier antimissile, les deux hommes auraient «des intérêts convergents», et l'Amérique serait «intéressée au plus haut point» par une extension de la défense antimissile israélienne, mise au point avec une aide technologique américaine. Les deux pays réfléchissent déjà à une protection mutuelle.
Sur le statut de Jérusalem, Bush a botté en touche, laissant aux parties le soin de décider, tout en rappelant sa volonté de déplacer l'ambassade américaine de Tel Aviv à Jérusalem. Ariel Sharon a demandé au président américain de ne pas inviter Yasser Arfat, pour ne pas donner le signal que «le terrorisme paye». Mais la Maison blanche n'exclut pas une telle rencontre. Seule fausse note, George W. Bush a lui aussi demandé un allègement de la pression économique sur les territoires occupés, pendant que le département d'Etat critiquait l'extension des colonies. Cela rappelait l'époque de Bush père, au début des années 90, quand le secrétaire d'Etat James Baker qualifiait Sharon, alors ministre du logement, «d'obstacle à la paix».
par Philippe Bolopion
Article publié le 22/03/2001