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Proche-Orient

Les travaillistes se rallient à Sharon

Le comité central du parti travailliste a décidé lundi 26 février de participer au gouvernement d'union nationale dirigé par Ariel Sharon. Le vote a été acquis par 66 % des voix, mais moins de la moitié des membres du comité central ont pris part au vote.
Après quatre années de douloureuse marginalisation par Ehoud Barak, Shimon Peres croit tenir sa revanche. Si tout se passe comme prévu, le prix Nobel de la Paix sera le prochain ministre des affaires étrangères d'Ariel Sharon. Même en Israël où la vie politique n'en est plus à une contradiction près, ce cas de figure ne semble pas aller de soi.

Lundi, lors de la réunion du comité central au Cinerama de Tel Aviv, les dirigeants du parti travailliste se sont déchirés. La décision de participer au gouvernement d'Ariel Sharon présente pour Shimon Peres toutes les apparences d'une victoire à la Pyrrhus. Certes, elle a été approuvée par les deux-tiers des votants. Mais parmi les 1 700 membres du comité central, ils ne sont que 753 à avoir pris part au vote.

Peres a plaidé avec passion pour la participation en appelant les travaillistes à «écouter la voix du peuple qui veut l'unité nationale». Il s'est également déclaré persuadé qu'Ariel Sharon poursuivrait le processus de paix car «le sens des réalités l'emporte sur l'idéologie». Mais il a été vivement pris à partie par les dirigeants travaillistes hostiles à la participation, notamment Shlomo Ben Ami, le ministre des Affaires étrangères sortant. Yossi Beilin, le ministre de la Justice artisan des accords d'Oslo, qu'Yitzhak Rabin surnommait le «caniche de Peres», a vivement critiqué son ancien mentor tout en protestant de son amitié, rappelant à Shimon Peres ce que lui-même disait de la paralysie des gouvernements d'union nationale.

Un acte de défiance envers les dirigeants travaillistes

Beilin, qui, à l'automne, s'était vigoureusement opposé en compagnie de Shimon Peres aux tentatives d'Ehoud Barak de former un gouvernement d'union nationale avec le Likoud, n'a donc pas suivi Peres dans son revirement. Il pourrait même quitter le parti en compagnie d'autres dirigeants travaillistes pour rejoindre le Meretz, une formation de gauche dirigée par Yossi Sarid.

En attendant, Shimon Peres n'a toujours pas été désigné président intérimaire du parti. Il n'est même pas sûr d'obtenir le poste de ministre des Affaires étrangères qu'il convoite. Car les travaillistes, non contents d'exiger (et d'obtenir) d'Ariel Sharon de désigner eux-mêmes les titulaires des portefeuilles ministériels, le feront la semaine prochaine à bulletins secrets. Un acte de défiance du comité central envers les dirigeants de leur parti qui s'étaient déjà partagé les responsabilités gouvernementales.



par Olivier  Da Lage

Article publié le 27/02/2001