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Proche-Orient

Après la bataille électorale, l'union ?

Le nouveau Premier ministre israélien, Ariel Sharon, vient de conclure un accord de gouvernement avec son prédécesseur et adversaire, le travailliste Ehoud Barak. Les principaux postes de ce gouvernement d'union nationale sont déjà attribués.
De notre correspondant en Israël

Les Israéliens croient rêver. Il y a quelques mois le premier ministre Ehoud Barak, au début de l'Intifada, se proposait de mettre sur pied un gouvernement d'urgence nationale. Et il voulait mettre Ariel Sharon à la Défense nationale. Aujourd'hui son voeu est sur le point de se réaliser. A la différence près que Ariel Sharon sera Premier ministre et que lui, Barak, devra se contenter du ministère de la Défense. Ehoud Barak avait refusé de donner les Affaires étrangères à Shimon Peres. Le prix Nobel de la paix sera le chef de la diplomatie israélienne mais dans le cabinet Sharon. L'aile gauche du parti travailliste et les pacifistes israéliens fulminent. «Comment un processus de paix, est-il possible dans ces conditions», demandent-ils. Les électeurs de Sharon, du moins les moins modérés d'entre eux se posent aussi des questions. «Nous avons voté pour le candidat de la droite, disent-ils, pas pour Barak et encore moins pour Peres».

L'accord réalisé par Sharon et Barak n'est pas complet mais établit les principes. Il stipule que les portefeuilles ministériels sont répartis équitablement entre le Likoud et les travaillistes. Chaque parti aura sept ministres au sein du gouvernement. Et les travaillistes seront aussi représentés dans le mini-cabinet de sécurité. Les autres ministères seront attribués aux autres partis qui le moment venu adhéreront à la nouvelle coalition.

Le processus de paix exigera des concessions douloureuses

Pour ce qui du programme politique un projet a déjà été approuvé par Ariel Sharon et Ehoud Barak. Le gouvernement, peut-on lire dans cette ébauche, oeuvrera dans le cadre du processus de paix et tentera d'obtenir des accords intérimaires avec les Palestiniens. En ce qui concerne les accords finaux avec les Palestiniens, les Syriens et les Libanais, ils reposeront sur les résolutions 242 et 338 du conseil de sécurité. En d'autres termes ils seront conformes au principe de la terre en échange de la paix.

Le processus de paix, peut-on encore lire dans ce programme donnera lieu à des concessions douloureuses de part et d'autre, dans les deux camps. Les accords dûment entérinés par la Knesset dans le passé seront respectés à condition que l'autre partie en fasse autant. Plusieurs points intéressants sont à relever dans ce programme: Pour ce qui est des colonies de peuplement il est dit qu'aucune nouvelle implantation ne sera crée en Cisjordanie et à Gaza. Celles déjà existantes pourront être agrandies en fonction de leur développement naturel.

A remarquer qu'il n'est pas question de l'Etat palestinien, ni du démantèlement de colonies de peuplement. On ne parle pas non plus du mont du Temple, ni du grand Jérusalem. L'opposition au droit de retour des réfugiés palestiniens n'est pas mentionnée.

Reste maintenant bien sûr à soumettre l'accord sur l'union nationale aux comités centraux des deux partis. La chose sera particulièrement difficile chez les travaillistes. Le ministre Haïm Ramon est bien décidé à faire tenir malgré lui sa promesse à Ehoud Barak. «Il doit abandonner la vie politique après la débâcle du 6 février», dit M. Ramon. Il en veut particulièrement au style de Ehoud Barak: «Il nous crache dessus et voudrait que l'on croit que c'est de la pluie». Quant à la presse israélienne elle se montre très dure. J'ai honte titre l'éditorialiste du Yediot Aharonot. Haaretz compare M. Barak à un «équilibriste qui se moque de l'éthique politique». Et Maariv affirme qu'il est «le champion de la non-crédibilité».




par Michel  Paul

Article publié le 16/02/2001