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Proche-Orient

Les Palestiniens ne croient pas à la «paix de Sharon»

Après des premières déclarations apaisantes, les responsables palestiniens multiplient les mises en garde contre le programme va-t-en guerre du nouveau Premier ministre israélien.
De notre correspondant dans les Territoires palestiniens

Officiellement, Yasser Arafat "espère" que les négociations avec Israël pourront continuer, après l'élection d'Ariel Sharon, mais l'entourage du leader palestinien ne se fait aucune illusion sur les chances de parvenir à la paix avec le nouveau Premier ministre israélien. "Les Palestiniens pour la forme ne ferment pas la porte, estime un diplomate européen, ils ne veulent pas porter la responsabilité de l'impasse qui s'annonce, mais ils sont convaincus que compte tenu du programme annoncé par Sharon, il n'y a aucune percée possible sur le chemin de la paix".

Les propositions de Sharon "conduiront à la guerre et à de nouvelles implantations illégales, a ainsi averti, Yasser Abed Rabbo, ministre de l'Information. Son attitude envers les Palestiniens est raciste. Son programme tuera le processus de paix". Durant la campagne électorale, le candidat du Likoud a refusé d'envisager la cession de nouveaux territoires aux Palestiniens. Ces derniers devront donc se contenter de 40% de la Cisjordanie et des deux tiers de la bande de Gaza, sur lesquels M. Sharon pense établir un Etat, démilitarisé, avec des tunnels pour relier les différents "cantons". Au cours de son premier discours, il a appelé les Palestiniens à "abandonner la violence", condition préalable, selon lui, pour une reprise des pourparlers de paix.

Retour à la case départ

La réponse ne s'est pas fait attendre. "Nous ne pouvons pas repartir de zéro, a déclaré Saeb Erakat, un des principaux négociateurs palestiniens, nous devons recommencer là où on a abouti". L'Autorité palestinienne veut que soient notamment pris en compte les acquis du sommet de Camp David l'été dernier et des discussions de Taba, fin décembre, où des progrès ont été réalisés sur les questions de Jérusalem et des frontières du futur Etat palestinien.

Cette requête a peu de chances d'être acceptée par le nouveau chef du gouvernement, qui a déclaré récemment que les accords d'Olso étaient "morts". Ce sera la première pomme de discorde entre les deux camps, aucun d'eux ne voulant endosser la responsabilité de l'impasse à venir

Le leadership palestinien est d'autant moins enclin à céder aux injonctions de M. Sharon que la rue - des islamistes aux nationalistes proche de l'Autorité palestinienne - réclame avec insistance la poursuite de l'intifada. "Les Israéliens doivent comprendre qu'ils n'auront pas la sécurité tant que durera l'occupation", explique un militant du Fatah, la faction de Yasser Arafat au sein de l'OLP, en pointe dans le soulèvement. Confronté à une perte d'influence dans certaines zones des territoires autonomes, Yasser Arafat ne peut se permettre d'aller à rebours de son opinion.

A l'intransigeance prévisible de M. Sharon devrait donc répondre un durcissement des positions palestiniennes. Sur le terrain, après une pause sans doute de quelques jours, la violence devrait reprendre. "Certains au sein de l'Autorité commencent à se rendre compte qu'ils ont été trop lents à réagir au plan Clinton et qu'ils vont sans doute regretter Barak", reconnaît ce diplomate. En enterrant le processus d'Oslo, les Israéliens n'épargnent pas le leadership palestinien. "Ceux qui incarnent les négociations risquent eux aussi d'être de plus en plus contestés par la rue en Cisjordanie et à Gaza. C'est inquiétant".



par Georges  Malbrunot

Article publié le 07/02/2001