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Proche-Orient

Le cabinet Sharon en ordre de combat

L'attentat de Netanya dimanche et le regain de violences renforce la dynamique d'Union nationale en Israël. Ariel Sharon pense pouvoir être en mesure de présenter dès mercredi 7 mars son gouvernement à la Knesset.
Sauf surprise de dernière minute, Ariel Sharon devrait être en mesure de présenter son gouvernement au complet dès mercredi 7 mars pour obtenir l'investiture de la Knesset (parlement). Celle-ci devrait être acquise sans difficulté, dans la mesure où, au terme de ses tractations avec les partis, le nouveau Premier ministre dispose d'une majorité confortable, du moins sur le papier.

Il pourrait difficilement en être autrement dans la mesure où Sharon a réussi le tour de force de faire cohabiter au sein d'un même gouvernement tous les grands partis du paysà et certains petits partis, retirant à ceux qui restent le pouvoir de nuisance dont ils avaient abondamment usé du temps d'Ehoud Barak. Pourtant, il s'agit bien de la même Knesset que celle qui avait été élue en mai 1999, jugée ingouvernable par la plupart des observateurs.

Il est vrai que le cabinet Sharon tient du patchwork : on y trouve aux Affaires étrangères le travailliste Shimon Peres, qui se prévalait encore récemment de la confiance de Yasser Arafat, et des représentants de partis d'extrême-droite. Le ministère de la Défense est confié à un travailliste, Benyamin Ben Eliezer. Une bonne affaire pour Sharon : c'est à un travailliste qu'il incombera de mener la répression contre les Palestiniens et Ariel Sharon peut faire confiance à ce travailliste-là. Ben Eliezer, ministre des Communications dans le gouvernement précédent, critiquait sévèrement le laxisme dans la répression dont faisait preuve, à ses yeux, Ehoud Barak. Il sera flanqué d'une femme au poste de vice-ministre, et pas n'importe laquelle, puisqu'il s'agit de la fille d'Yitzhak Rabin.

Les Arabes ne sont pas négligés, puisque le Druze Salah Tarif, désigné par le comité central du parti travailliste pour entrer dans le gouvernement d'union nationale, devient le premier Arabe à faire partie d'un gouvernement israélien. Ariel Sharon n'a pas négligé non plus les ultra-orthodoxes sépharades du parti Shass, qui ont tant fait pour la chute d'Ehoud Barak. Comme toujours, ils obtiennent notamment le ministère de l'Intérieur, canal obligé des subventions que reçoivent les nombreuses écoles religieuses que contrôle le parti Shass, mais aussi les Affaires sociales, la Santé, le Travail et les cultes.

Une coalition hétéroclite

Sur le papier, donc, un gouvernement majoritaire. Mais qu'en sera-t-il dans la pratique ? Voici quelques semaines à peine, certains observateurs prédisaient que dès qu'Ariel Sharon prendrait ses premières décisions, cette coalition hétéroclite commencerait à craqueler. Des élections anticipées étaient pronostiquées dans la foulée. Pourtant, rien n'est moins sûr. D'une part en raison de la réticence bien connue des membres d'une assemblée parlementaire à provoquer avant terme un rendez-vous avec les électeurs. Mais surtout, parce que l'intensification des violences entre Israéliens et Palestiniens a radicalisé la société israélienne.

Comme Sharon, Shimon Peres l'a compris en décidant d'entrer au gouvernement. L'attentat de Netanya dimanche a constitué un électrochoc supplémentaire. Les Israéliens se considèrent en danger de guerre, ils ont voulu l'Union nationale, la voici. Le discours guerrier d'anciennes «colombes» envahissent les ondes israéliennes, légitimant celui des «faucons» de toujours. Quant aux autres, ceux qui sont envers et contre tout partisans de la poursuite du processus de paix, ils sont ultra-minoritaires, comme Yossi Beilin au sein du parti travailliste. Un autre artisan des accords d'Oslo, Ouri Savir, a choisi d'abandonner la vie politique pour se consacrer au Centre Shimon Peres pour la Paix.



par Olivier  Da Lage

Article publié le 05/03/2001