Mexique
Marcos retourne au Chiapas
Une page de l'histoire contemporaine du Mexique s'est refermée avec le discours devant le Congrès des dirigeants de la rébellion zapatiste. Avec le sous-commandant Marcos, ils annoncent qu'ils vont désormais regagner l'Etat du Chiapas au sud du pays.
De notre correspondant au Mexique
«Nous pouvons repartir, nous ne partons pas les mains vides. Nous nous en allons avec les mains pleines... de toutes les mains que nous avons serrées, les mains qui nous ont saluées de près ou de loin. Les mains qui se sont indignées quand certains ont prétendu fermer les portes du dialogue. Celles que nous n'avons point vues mais qui se sont crispées avec angoisse, partageant la notre et qui maintenant partage notre bonheur». Avec la voix legèrement cassée, un ton parfois ironique, une grande nostalgie pour toute cette aventure qui se termine, le sous-commandant Marcos a annoncé le retour de la caravane zapatiste au coeur de la selva, dans les montagnes bleues du Chiapas. Certains auraient aimé le voir monter à la plus haute tribune du Mexique, défendre, avec ses métaphores, encore une fois, les droits et la culture indigènes. Mais c'est la commandante Esther, qui du haut de ses 1,35 m, a pris la parole, suivie par Tacho, David, Euzebio, les commandants du CCRI, le Comité clandestin révolutionnaire indigène.
A ceux qui pensaient voir Marcos, la commandante Esther a rappelé que celui-ci n'était que sous-commandant. Que Marcos les avait guidés jusqu'à la plus haute tribune du pays, mais que c'était eux, les indigènes, qui devaient expliquer les raisons de leur soulèvement et ce qu'ils venaient réclamer aux Congrès. De longs discours ont permis aux zapatistes, aux membres de Conseil indigène, d'expliquer avec des mots simples, le bien fondé de leur combat pour la justice et la dignité. Mais au-delà de ses discours, les zapatistes ont mis en exergue ce que réclame l'ensemble de la société: vivre dans un état de droit, où tous les citoyens, sans distinction de races, puissent avoir accès à la justice, à la santé, à l'éducation de manière équitable.
Journée mémorable, historique, pour les peuples indigènes du Mexique. Après sept ans de guerre, le déploiement de 60.000 soldats, l'équipement par le pouvoir de centaines de paramilitaires assassins, ils ont sont parvenus à se faire écouter. Cette présence des zapatistes au Congrès mexicain a une grande valeur symbolique, c'est aussi un signe clair que le gouvernement et les indigènes devraient parvenir à un accord de paix très prochainement. Mais au delà de la résolution du conflit, les zapatistes sont parvenus à faire reconnaître par la société la dette vieille de plusieurs siècles qu'elle a vis à vis des Indiens. Le droit et la culture indigène seront prochainement inscrits dans la Constitution.
Une victoire pour le président Vicente Fox
Si Marcos a été l'artisan de cette réussite, au plan politique, le président Vicente Fox est sans conteste, le grand gagnant de la comparution des Zapatistes au Congrès. Il a réussi son pari: régler le conflit du Chiapas. Il n'a pas mis quinze minutes pour y parvenir comme il s'en vantait en campagne, mais 118 jours. Un record. Il en avait fait sa priorité lors de sa prise de fonction le 1er décembre 2000. Pour convaincre les Zapatistes de reprendre le dialogue, il a risqué plusieurs fois son capital politique et même la présidence de la République. Son parti, le PAN, la droite, conservatrice et raciste, qui s'est opposé, par son vote, à ce que les zapatistes puissent parler au Congrès, tout comme le patronat qui n'a que mépris pour les Indiens, l'ont vivement critiqué pour ses multiples prises de positions: «Vous leur donnez tous sans contrepartie!» . Mais Vicente Fox ne s'est pas laissé enfermer. Au contraire, Il s'est conforté comme un président de centre droit, se démarquant courageusement du PAN qui représente tout de même plus de 40% des voix à la chambre.
En ayant gagné son pari, il a pris de la légitimité, dans le pays comme à l'extérieur, et c'est important car cette lutte des zapatistes a un écho international en ce qui concerne les droits de l'homme comme en matière d'investissements. Fox, souvent considéré comme un président marketing, soucieux de son image, a montré qu'il était capable d'écouter et de faire des compromis, avec les Indiens, la gauche et même le PRI, le parti de l'ancien régime. Or, c'est exactement ce dont il a besoin pour le futur, car pour faire passer son programme, il devra trouver des majorités faute d'en avoir une à la chambre.
Mais ce qui est remarquable, et c'est peut-être le Mexique surréaliste: c'est la manière dont tout cela se termine. Quelques soient les époques ou les lieux dans le monde, on a jamais vu une révolution s'achèver avec un festival de musique. Les commandants zapatistes ont réalisé leur rêve éveillé de présenter leurs revendications devant la plus haute instance du pays, puis il y a eu fête, avec orcheste, dans la calle Emiliano Zapata, qui jouxte le Congrès, avec les discours d'adieux et l'annonce un peu triste de Marcos qu'il fallait retourner à la maison.
«Nous pouvons repartir, nous ne partons pas les mains vides. Nous nous en allons avec les mains pleines... de toutes les mains que nous avons serrées, les mains qui nous ont saluées de près ou de loin. Les mains qui se sont indignées quand certains ont prétendu fermer les portes du dialogue. Celles que nous n'avons point vues mais qui se sont crispées avec angoisse, partageant la notre et qui maintenant partage notre bonheur». Avec la voix legèrement cassée, un ton parfois ironique, une grande nostalgie pour toute cette aventure qui se termine, le sous-commandant Marcos a annoncé le retour de la caravane zapatiste au coeur de la selva, dans les montagnes bleues du Chiapas. Certains auraient aimé le voir monter à la plus haute tribune du Mexique, défendre, avec ses métaphores, encore une fois, les droits et la culture indigènes. Mais c'est la commandante Esther, qui du haut de ses 1,35 m, a pris la parole, suivie par Tacho, David, Euzebio, les commandants du CCRI, le Comité clandestin révolutionnaire indigène.
A ceux qui pensaient voir Marcos, la commandante Esther a rappelé que celui-ci n'était que sous-commandant. Que Marcos les avait guidés jusqu'à la plus haute tribune du pays, mais que c'était eux, les indigènes, qui devaient expliquer les raisons de leur soulèvement et ce qu'ils venaient réclamer aux Congrès. De longs discours ont permis aux zapatistes, aux membres de Conseil indigène, d'expliquer avec des mots simples, le bien fondé de leur combat pour la justice et la dignité. Mais au-delà de ses discours, les zapatistes ont mis en exergue ce que réclame l'ensemble de la société: vivre dans un état de droit, où tous les citoyens, sans distinction de races, puissent avoir accès à la justice, à la santé, à l'éducation de manière équitable.
Journée mémorable, historique, pour les peuples indigènes du Mexique. Après sept ans de guerre, le déploiement de 60.000 soldats, l'équipement par le pouvoir de centaines de paramilitaires assassins, ils ont sont parvenus à se faire écouter. Cette présence des zapatistes au Congrès mexicain a une grande valeur symbolique, c'est aussi un signe clair que le gouvernement et les indigènes devraient parvenir à un accord de paix très prochainement. Mais au delà de la résolution du conflit, les zapatistes sont parvenus à faire reconnaître par la société la dette vieille de plusieurs siècles qu'elle a vis à vis des Indiens. Le droit et la culture indigène seront prochainement inscrits dans la Constitution.
Une victoire pour le président Vicente Fox
Si Marcos a été l'artisan de cette réussite, au plan politique, le président Vicente Fox est sans conteste, le grand gagnant de la comparution des Zapatistes au Congrès. Il a réussi son pari: régler le conflit du Chiapas. Il n'a pas mis quinze minutes pour y parvenir comme il s'en vantait en campagne, mais 118 jours. Un record. Il en avait fait sa priorité lors de sa prise de fonction le 1er décembre 2000. Pour convaincre les Zapatistes de reprendre le dialogue, il a risqué plusieurs fois son capital politique et même la présidence de la République. Son parti, le PAN, la droite, conservatrice et raciste, qui s'est opposé, par son vote, à ce que les zapatistes puissent parler au Congrès, tout comme le patronat qui n'a que mépris pour les Indiens, l'ont vivement critiqué pour ses multiples prises de positions: «Vous leur donnez tous sans contrepartie!» . Mais Vicente Fox ne s'est pas laissé enfermer. Au contraire, Il s'est conforté comme un président de centre droit, se démarquant courageusement du PAN qui représente tout de même plus de 40% des voix à la chambre.
En ayant gagné son pari, il a pris de la légitimité, dans le pays comme à l'extérieur, et c'est important car cette lutte des zapatistes a un écho international en ce qui concerne les droits de l'homme comme en matière d'investissements. Fox, souvent considéré comme un président marketing, soucieux de son image, a montré qu'il était capable d'écouter et de faire des compromis, avec les Indiens, la gauche et même le PRI, le parti de l'ancien régime. Or, c'est exactement ce dont il a besoin pour le futur, car pour faire passer son programme, il devra trouver des majorités faute d'en avoir une à la chambre.
Mais ce qui est remarquable, et c'est peut-être le Mexique surréaliste: c'est la manière dont tout cela se termine. Quelques soient les époques ou les lieux dans le monde, on a jamais vu une révolution s'achèver avec un festival de musique. Les commandants zapatistes ont réalisé leur rêve éveillé de présenter leurs revendications devant la plus haute instance du pays, puis il y a eu fête, avec orcheste, dans la calle Emiliano Zapata, qui jouxte le Congrès, avec les discours d'adieux et l'annonce un peu triste de Marcos qu'il fallait retourner à la maison.
Article publié le 30/03/2001