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Immigration

Clandestins en transit

En un an et demi, plus de 27 000 immigrants clandestins d'une centaine de nationalités différentes sont passés par Sangatte dans le nord de la France à l'entrée du tunnel sous la Manche. Pour tous un seul objectif: atteindre le sol britannique.

Ecouter l'émission Reporteurs de Catherine Potet
(23/04/2001, durée 15 minutes)

«On s'est caché dans un train pendant 3 jours, dans le noir. On n'avait rien à manger ni à boire. Finalement, on a appelé, et quelqu'un est venu nous ouvrir». Tahra est une jeune irakienne de 17 ans. Avec ses parents et sa petite soeur, elle a déjà essayé 3 fois de passer clandestinement en Angleterre, en se cachant dans un train de marchandises.

Dans la région de Calais, des dizaines de réfugiés afghans, kurdes, irakiens, iraniens, tentent, chaque nuit, d'accéder au tunnel sous la Manche, pour atteindre l'Angleterre, où le statut de demandeur d'asile est plus favorable qu'en France. Mohamed, un jeune Afghan de 22 ans, affirme avoir déjà tenté sa chance une trentaine de fois. «On attend que le train démarre», raconte-t-il, «et après on saute dessus et on s'accroche, c'est très dangereux». Mohamed montre aussi des cicatrices profondes au creux de ses mains. Il s'est blessé sur les barbelés que la société Eurotunnel déploie autour du tunnel sous la Manche, pour tenter de dissuader les candidats à l'exil.

L'affluence est telle dans la région de Calais, que les autorités locales ont demandé à la Croix Rouge d'ouvrir un centre d'hébergement d'urgence. Plus de 27 000 personnes y ont fait escale depuis son ouverture en septembre 1999. Presque tous ces voyageurs ont réussi à passer en Grande Bretagne. Les mesures de sécurité, toujours plus draconiennes, ne les empêchent pas de passer. Elles les retardent seulement. En 1999, il ne fallait que quelques jours pour réussir sa traversée. Aujourd'hui, les clandestins (presque toujours aidés de passeurs grassement rémunérés) attendent souvent trois ou quatre semaines avant d'arriver au bout de leur voyage.



par Catherine  Potet

Article publié le 24/04/2001