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Immigration

L'impossible surveillance des côtes

Comment l'East Sea, le bateau battant pavillon cambodgien, qui s'est échoué samedi dernier sur les côtes françaises, avec à son bord 910 naufragés kurdes et irakiens, a-t-il pu arriver jusque là? Qui contrôle les côtes françaises et avec quels moyens? Marianne Heches, directrice adjointe du Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage en Méditerranée (Crossmed) fait le point.
RFI: Comment contrôle-t-on les côtes françaises ?
Marianne Heches: Il existe différents dispositifs pour contrôler les côtes françaises : dans le Nord Pas-de-Calais il y a une cellule qui travaille à partir de radars, en Méditerranée, c'est un contexte totalement différent. Au Crossmed de Toulon, nous assurons en fait une veille des fréquences du trafic des bateaux. Dans le cadre de ses missions de secours aux vies humaines en mer et du contrôle de la navigation commerciale, le Crossmed doit détecter des évènements anormaux. L'échouage de l'East Sea est plus qu'anormal car le commandant de ce bateau n'a jamais signalé de problème à bord. Nous sommes dans un contexte tout à fait nouveau. L'alerte ne nous a pas été donnée et si toutefois elle l'avait été par les fréquences internationales, nous serions intervenus bien en amont: bien avant que le bateau ne s'échoue. L'alerte ne nous a été donnée que par témoignages quand le bateau était déjà échoué. A la suite de cet incident, nous avons fait une analyse très détaillée de ce qui est arrivé et nous avons dépêché très rapidement les moyens nécessaires pour venir en aide aux naufragés. C'est maintenant aux autorités militaires de réfléchir sur ce qui s'est passé et d'en tirer les conséquences.


RFI: A quel moment les radars identifient-ils un bateau qui s'approche des côtes et quelles sont les procédures mises en £uvre?
M.H: L'identification a justement, dans ce cas, posé un problème puisque le commandant du bateau n'avait pas l'intention de se faire connaître. Il y avait manifestement une volonté d'échouage car le commandant et son équipage ont fui bien avant que la catastrophe ait lieu. En temps normal, le Crossmed qui surveille les fréquences internationales, aurait reçu une alerte donnée depuis le navire et nous aurions réagi dans l'urgence. Normalement, les commandants de tous les navires ont l'obligation de s'identifier et de signaler ce qui se passe à bord. Or là, la situation, je vous le répète, était totalement anormale.

RFI: Une fois que le bateau a échoué, qui le prend en charge?
M.H: Après l'échouage du navire sur la plage de Boulouris, nous avons traité en urgence cette information. Nous avons dépêché tout d'abord des moyens nautiques mais nous nous sommes également assurés que les secours à terre étaient bien au courant. Au même moment, les autorités préfectorales maritimes et terrestres, ont été alertées de la situation. Ensuite les différents services de l'Etat ont travaillé dans leur domaine de compétence.





par Propos recueillis par Clarisse  VERNHES

Article publié le 19/02/2001