Congo-Brazzaville
Un dialogue sans trois «poids lourds»
La deuxième phase du dialogue intercongolais a démarré hier à Brazzaville, en présence de nombreux dirigeants de l'opposition de l'intérieur et de l'extérieur, mais en l'absence des trois leaders qui ont directement participé aux guerres civiles du Congo : les anciens chefs d'Etat Pascal Lissouba et Yombi Opango, qui ont décidé de ne pas participer à ce dialogue, et l'ancien Premier ministre Bernard Kolelas, qui en a été empêché par le président Sassou Nguesso. De plus l'odre du jour a été aussitôt contesté par certains participants qui soupçonnent le régime de Sassou Nguesso de vouloir limiter les débats à l'examen du projet de nouvelle constitution et aux préparatifs des futures élections.
L'ancien premier ministre Bernard Kolelas a vainement tenté de rejoindre la capitale congolaise et s'est d'abord rendu à Kinshasa, une ville située en face de Brazzaville, sur l'autre rive du fleuve Congo. Mais il a été retenu à l'aéroport de la capitale de la RDC avant d'être refoulé par les autorités aéroportuaires.
Arrivé dans la nuit de mardi à mercredi en compagnie de sa famille à bord d'un avion de la compagnie Air Guinée, il a été reconduit quelques heures après dans ce même avion en partance pour Abidjan. Une fois arrivé dns la capitale économique ivoirienne, Kolelas a tenté de prendre un autre avion à destination de Brazzaville, mais le président Sassou Nguesso a aussitôt annoncé qu'il empêcherait cet avion d'atterrir dans la capitale congolaise.
Condamné à mort par contumace par le régime de Sassou Nguesso, l'ancien maire de Brazzaville nous avait déclaré à plusieurs reprises la semaine dernière qu'il comptait coûte que coûte participer aux négociations de Brazzaville. A ses risques et périls, et en l'absence de toute garantie sur sa sécurité de la part du "médiateur" Omar Bongo, qui n'a même pas fait le voyage de Brazzaville.
Kolelas empêché d'atterrir à Brazzaville
En effet, contrairement à la cérémonie d'ouverture de la première phase, le 17 mars dernier, le président gabonais Omar Bongo était absent, et s'est fait représenter par le ministre de l'intérieur Antoine Mboungou Miyakou. Celui-ci a donné lecture d'une décision d'Omar Bongo désignant les membres du «présidium» chargé de diriger les travaux qui porteront sur la mise au point d'une convention sur la paix et la reconstruction, voire d'une nouvelle constitution. Ce qui a été aussitôt contesté par un vice-président du CNR (Cnseil national de résistance) le principal mouvement de la rébellion armée,: "nous pensons que cet ordre du jour est celui du gouvernement" a dit sèchement le colonel Emmanuel Boungouanza.
L'opposition en exil est représentée à Brazzaville par le Front patriotique (basé à Paris) d'Augustin Poignet, et celle de l'intérieur par un collectif de 14 partis présidé par Abel Wilson Ndesabeka. Il est également à noter la présence de quelques opposants proches de l'ancien président Lissouba.
Toutefois, l'absence de trois « poids lourds » politiques que sont Lissouba, Kolelas et Yombi-Opango risque de réduire la portée réelle d'une démarche en faveur de la réconciliation nationale sur laquelle comptait le président Sassou Nguesso pour légitimer quelque peu un pouvoir acquis à l'issue de la dernière guerre civile.
En mars dernier, le dialogue dit "sans exclusive" avait abouti à un accord sur un projet de constitution devant ouvrir la voie à des élections présidentielles et législatives. Mais les adversaires de Sassou Nguesso soupçonnent celui-ci de vouloir en réalité museler les dissidents et tout faire pour les remporter. Finalement, l'avant-projet de constitution a été adopté jeudi 12 avril par acclamation, à l'issue d'une heure de débats. Il prévoit un régime présidentiel avec un président de la République élu pour sept ans renouvelables une fois, et qui est également chef du gouvernement.
A l'occasion de la seconde phase de ces pourparlers, l'ONU a décidé de lancer, samedi 14 mars, une « flamme de la paix » symbolisant la poursuite du désarmement des ex-miliciens, en cours depuis l'an dernier. Il s'agit surtout de favoriser le ramassage des armes qui sont restées entre les mains des milices de chaque bord : les Ninjas et les Cocoyes de Pascal Lissouba et Bernard Kolelas et les Cobras de Denis Sassou Nguesso. « L'absence d'une démobilisation réelle des ex-combattants ne nous a pas permis de connaître leur nombre réel », a déclaré l'un des responsables de l'Organisation internationale pour les migrations (OMI), en charge de la « démilitarisation » du pays. Le nombre exact de ces miliciens se situerait entre 15 000 et 25 000.
Au départ, ce programme visait la réinsertion de 4 700 miliciens qui avaient accepté de déposer les armes, avant de recevoir un appui financier leur permettant de se prendre en charge par la mise en oeuvre de projets sociaux ou économiques. Au 30 mars dernier, près de 4 000 micro-projets de ce type avaient déjà été mis en application et quelques 8 700 armes légères et munitions remises volontairement par des anciens miliciens, à Brazzaville, Dolisie et Nkay. Le succès, relatif mais réel, de ce programme devrait permettre à l'ONU de porter le nombre de bénéficiaires de ces projets à plus de 10 000, toujours selon un responsable de l'OIM.
Arrivé dans la nuit de mardi à mercredi en compagnie de sa famille à bord d'un avion de la compagnie Air Guinée, il a été reconduit quelques heures après dans ce même avion en partance pour Abidjan. Une fois arrivé dns la capitale économique ivoirienne, Kolelas a tenté de prendre un autre avion à destination de Brazzaville, mais le président Sassou Nguesso a aussitôt annoncé qu'il empêcherait cet avion d'atterrir dans la capitale congolaise.
Condamné à mort par contumace par le régime de Sassou Nguesso, l'ancien maire de Brazzaville nous avait déclaré à plusieurs reprises la semaine dernière qu'il comptait coûte que coûte participer aux négociations de Brazzaville. A ses risques et périls, et en l'absence de toute garantie sur sa sécurité de la part du "médiateur" Omar Bongo, qui n'a même pas fait le voyage de Brazzaville.
Kolelas empêché d'atterrir à Brazzaville
En effet, contrairement à la cérémonie d'ouverture de la première phase, le 17 mars dernier, le président gabonais Omar Bongo était absent, et s'est fait représenter par le ministre de l'intérieur Antoine Mboungou Miyakou. Celui-ci a donné lecture d'une décision d'Omar Bongo désignant les membres du «présidium» chargé de diriger les travaux qui porteront sur la mise au point d'une convention sur la paix et la reconstruction, voire d'une nouvelle constitution. Ce qui a été aussitôt contesté par un vice-président du CNR (Cnseil national de résistance) le principal mouvement de la rébellion armée,: "nous pensons que cet ordre du jour est celui du gouvernement" a dit sèchement le colonel Emmanuel Boungouanza.
L'opposition en exil est représentée à Brazzaville par le Front patriotique (basé à Paris) d'Augustin Poignet, et celle de l'intérieur par un collectif de 14 partis présidé par Abel Wilson Ndesabeka. Il est également à noter la présence de quelques opposants proches de l'ancien président Lissouba.
Toutefois, l'absence de trois « poids lourds » politiques que sont Lissouba, Kolelas et Yombi-Opango risque de réduire la portée réelle d'une démarche en faveur de la réconciliation nationale sur laquelle comptait le président Sassou Nguesso pour légitimer quelque peu un pouvoir acquis à l'issue de la dernière guerre civile.
En mars dernier, le dialogue dit "sans exclusive" avait abouti à un accord sur un projet de constitution devant ouvrir la voie à des élections présidentielles et législatives. Mais les adversaires de Sassou Nguesso soupçonnent celui-ci de vouloir en réalité museler les dissidents et tout faire pour les remporter. Finalement, l'avant-projet de constitution a été adopté jeudi 12 avril par acclamation, à l'issue d'une heure de débats. Il prévoit un régime présidentiel avec un président de la République élu pour sept ans renouvelables une fois, et qui est également chef du gouvernement.
A l'occasion de la seconde phase de ces pourparlers, l'ONU a décidé de lancer, samedi 14 mars, une « flamme de la paix » symbolisant la poursuite du désarmement des ex-miliciens, en cours depuis l'an dernier. Il s'agit surtout de favoriser le ramassage des armes qui sont restées entre les mains des milices de chaque bord : les Ninjas et les Cocoyes de Pascal Lissouba et Bernard Kolelas et les Cobras de Denis Sassou Nguesso. « L'absence d'une démobilisation réelle des ex-combattants ne nous a pas permis de connaître leur nombre réel », a déclaré l'un des responsables de l'Organisation internationale pour les migrations (OMI), en charge de la « démilitarisation » du pays. Le nombre exact de ces miliciens se situerait entre 15 000 et 25 000.
Au départ, ce programme visait la réinsertion de 4 700 miliciens qui avaient accepté de déposer les armes, avant de recevoir un appui financier leur permettant de se prendre en charge par la mise en oeuvre de projets sociaux ou économiques. Au 30 mars dernier, près de 4 000 micro-projets de ce type avaient déjà été mis en application et quelques 8 700 armes légères et munitions remises volontairement par des anciens miliciens, à Brazzaville, Dolisie et Nkay. Le succès, relatif mais réel, de ce programme devrait permettre à l'ONU de porter le nombre de bénéficiaires de ces projets à plus de 10 000, toujours selon un responsable de l'OIM.
par Elio Comarin
Article publié le 12/04/2001