Syndrome du Golfe
Examens médicaux pour<br> 25 000 vétérans du Golfe
Suivant les recommandations d'un rapport officiel, les ministres français de la Défense et de la Santé ont décidé, mardi 24 avril, d'ouvrir une vaste enquête épidémiologique sur les soldats français ayant participé aux conflits du Golfe et des Balkans.
Malgré tout ce qui a pu être dit sur la question, il n'existe pas en France, officiellement, de syndrome «unique et spécifique» de la guerre du Golfe. En revanche, les vétérans de ce conflit souffrent «de signes et symptômes divers» nécessitant de mener une «enquête exhaustive» sur l'ensemble des 25 000 combattants y ayant participé. Voilà, résumée, la conclusion du rapport rendu public mardi 24 avril par Alain Richard, ministre de la Défense, et Bernard Kouchner, ministre délégué à la Santé.
Suite à quoi les deux responsables ont annoncé une série de décisions visant à faire la lumière sur les conséquences sanitaires de l'engagement des soldats français au sein de la coalition anti-irakienne (1990-1991). Les investigations médicales, confiées à l'Institut national de la Santé et de la recherche médicale (Inserm) comprendront une étude de mortalité. Cette dernière sera menée par l'Institut de veille sanitaire, en liaison avec le service de santé des armées. Elle sera étendue aux militaires ayant pris part au conflit du Kosovo (1999). A plus long terme, le rapport recommande la création d'un observatoire de la santé des anciens combattants, ce qui permettrait de suivre dans la durée les participants aux conflits, même après qu'ils auront quitté l'armée.
Selon le coordinateur du rapport, le professeur Roger Salamon, l'enquête, si elle est menée rapidement, devrait permettre «d'avoir des certitudes d'ici deux ou trois ans». Il s'agira d'interroger l'ensemble des 25 000 soldats concernés et, le cas échéant, de les soumettre à des examens biologiques et cliniques. Les deux ministres se sont engagés à débloquer «le plus tôt possible» les fonds nécessaires (plusieurs millions de francs) et à suivre les recommandations du rapporteur.
«Une porte s'ouvre enfin»
Ces décisions donnent partiellement satisfaction aux nombreux soldats affirmant souffrir du syndrome de la guerre du Golfe, lequel se traduit par des pathologies plus ou moins graves, allant de la dépression aux troubles de la mémoire, en passant par des difficultés d'élocution et des douleurs musculaires. «Une porte s'ouvre enfin», a estimé l'association Avigolfe, qui se bat depuis des années pour que la vérité soit faite sur ce syndrome.
Pour l'instant, le travail du professeur Salamon ne permet pas d'identifier une relation entre les troubles et un facteur de risque particulier, comme l'uranium appauvri, les fumées des puits de pétrole, le gaz sarin ou son antidote, le bromure de pyridostigmine. Aux Etats-Unis, en revanche, l'état-major concède que des symptômes sont associés à la prise de cachets de pyridostigmine, ce qui a conduit le Pentagone à verser une pension d'invalidité à 183 000 des 700 000 soldats américains engagés dans le Golfe.
La position des autorités militaires françaises a d'ailleurs été très lente à évoluer sur cette question. Il a fallu attendre novembre 2000 avant qu'elles ne reconnaissent avoir donné l'ordre aux soldats de prendre un médicament contre d'éventuelles attaques chimiques. Jusqu'au mois d'août, le ministre de la Défense affirmait même le contraire. Les militaires français «n'ont pas reçu d'antidote préventif aux armes chimiques», déclarait Alain Richard. En septembre, il assouplissait ses propos, en reconnaissant que des prises avaient été ordonnées «uniquement à l'occasion d'alertes clairement identifiées pour certaines unités, et sur une très courte durée». La vaste enquête qui sera prochainement lancée pourrait amener les autorités françaises à un infléchissement supplémentaire.
Suite à quoi les deux responsables ont annoncé une série de décisions visant à faire la lumière sur les conséquences sanitaires de l'engagement des soldats français au sein de la coalition anti-irakienne (1990-1991). Les investigations médicales, confiées à l'Institut national de la Santé et de la recherche médicale (Inserm) comprendront une étude de mortalité. Cette dernière sera menée par l'Institut de veille sanitaire, en liaison avec le service de santé des armées. Elle sera étendue aux militaires ayant pris part au conflit du Kosovo (1999). A plus long terme, le rapport recommande la création d'un observatoire de la santé des anciens combattants, ce qui permettrait de suivre dans la durée les participants aux conflits, même après qu'ils auront quitté l'armée.
Selon le coordinateur du rapport, le professeur Roger Salamon, l'enquête, si elle est menée rapidement, devrait permettre «d'avoir des certitudes d'ici deux ou trois ans». Il s'agira d'interroger l'ensemble des 25 000 soldats concernés et, le cas échéant, de les soumettre à des examens biologiques et cliniques. Les deux ministres se sont engagés à débloquer «le plus tôt possible» les fonds nécessaires (plusieurs millions de francs) et à suivre les recommandations du rapporteur.
«Une porte s'ouvre enfin»
Ces décisions donnent partiellement satisfaction aux nombreux soldats affirmant souffrir du syndrome de la guerre du Golfe, lequel se traduit par des pathologies plus ou moins graves, allant de la dépression aux troubles de la mémoire, en passant par des difficultés d'élocution et des douleurs musculaires. «Une porte s'ouvre enfin», a estimé l'association Avigolfe, qui se bat depuis des années pour que la vérité soit faite sur ce syndrome.
Pour l'instant, le travail du professeur Salamon ne permet pas d'identifier une relation entre les troubles et un facteur de risque particulier, comme l'uranium appauvri, les fumées des puits de pétrole, le gaz sarin ou son antidote, le bromure de pyridostigmine. Aux Etats-Unis, en revanche, l'état-major concède que des symptômes sont associés à la prise de cachets de pyridostigmine, ce qui a conduit le Pentagone à verser une pension d'invalidité à 183 000 des 700 000 soldats américains engagés dans le Golfe.
La position des autorités militaires françaises a d'ailleurs été très lente à évoluer sur cette question. Il a fallu attendre novembre 2000 avant qu'elles ne reconnaissent avoir donné l'ordre aux soldats de prendre un médicament contre d'éventuelles attaques chimiques. Jusqu'au mois d'août, le ministre de la Défense affirmait même le contraire. Les militaires français «n'ont pas reçu d'antidote préventif aux armes chimiques», déclarait Alain Richard. En septembre, il assouplissait ses propos, en reconnaissant que des prises avaient été ordonnées «uniquement à l'occasion d'alertes clairement identifiées pour certaines unités, et sur une très courte durée». La vaste enquête qui sera prochainement lancée pourrait amener les autorités françaises à un infléchissement supplémentaire.
par Philippe Quillerier-Lesieur
Article publié le 25/04/2001