Angolagate
L'Angolagate rattrape Pasqua
Alors que l'enquête sur l'affaire des ventes d'armes à l'Angola s'oriente vers le Rassemblement pour la France (RPF), Charles Pasqua, son président, s'en est vivement pris aux juges chargés de l'affaire. Il a même demandé à la Garde des Sceaux la saisine du Conseil de la magistrature.
Charles Pasqua n'est vraiment pas content et il l'a fait savoir. L'ancien ministre français de l'Intérieur a annoncé, mercredi, qu'il avait, le 23 mars dernier, demandé à la ministre de la Justice française, Marylise Lebranchu, de saisir le Conseil de la magistrature sur «un certain nombre d'actes commis par les deux juges» en charge de l'enquête sur le trafic d'armes vers l'Angola. Une demande qui intervient alors que les magistrats Philippe Courroye et Isabelle Prévost-Desprez ont récemment demandé l'autorisation d'étendre leur enquête initiale et leurs investigations au RPF pour «infraction à la législation sur le financement politique». Charles Pasqua, président du Rassemblement pour la France, aurait pu bénéficier de fonds occultes émanant du marchand d'armes Pierre Falcone, actuellement incarcéré. Rappelons que les juges ont commencé à s'intéresser au financement de ce parti après la découverte d'un versement de la présidente du PMU gabonais, Marthe Mondoloni, au profit de la liste aux élections européennes de 1999 de Charles Pasqua et de Philippe de Villiers.
Invité sur une radio privée française, Pasqua a estimé, mercredi, que les magistrats avaient outrepassé leurs droits et leurs pouvoirs en saisissant, notamment, le fichier des adhérents du RPF et en intervenant de manière à perturber le fonctionnement du mouvement : «Les juges, quel que soit leur pouvoir, n'ont pas le droit d'intervenir dans le fonctionnement d'un parti politique d'une manière telle qu'ils empêchent finalement la vie de ce mouvement». «Il y a des limites à tout. Je crois que les juges doivent faire leur travail, c'est leur problème. Mais moi je n'ai pas l'intention de laisser faire n'importe quoi sans réagir» a-t-il déclaré. Avant d'ajouter, ulcéré : «Je considère comme scandaleux que j'apprenne ce qu'éventuellement on me reproche par la presse. Si on a quelque chose à dire, qu'on me le dise à moi».
La porteuse de mallette
La semaine dernière, une ex-collaboratrice de Charles Pasqua, Sabine de la Laurencie, entendue par les juges Courroye et Prévost-Desprez a livré un témoignage pour le moins gênant pour l'ancien ministre de l'Intérieur et certains membres de son entourage. Ce jeudi, dans un entretien accordé au Figaro, elle révèle qu'à l'époque où elle travaillait au ministère de l'Intérieur, elle a ramené une mallette de Suisse à la demande de Bernard Guillet, conseiller diplomatique de Pasqua, alors à la tête du ministère.
Elle raconte également, qu'en février dernier, Bernard Guillet, mis en examen pour «recel d'abus de bien sociaux» dans l'affaire du trafic d'armes vers l'Angola, lui a demandé de se rendre au Luxembourg pour «voir Nasir Abid afin de délivrer quelques messages et chercher de l'argent». Concernant l'argent en question, Sabine de la Laurencie ajoute dans le quotidien que le conseiller diplomatique de Pasqua lui aurait dit: «Cette fois-ci ce ne sera pas pour le RPF mais pour moi».
Nasir Abid est le bras droit de l'homme d'affaires d'origine irakienne Nadhmi Auchi. Les deux hommes font actuellement l'objet d'un mandat d'arrêt international dans le cadre de l'affaire Elf.
Invité sur une radio privée française, Pasqua a estimé, mercredi, que les magistrats avaient outrepassé leurs droits et leurs pouvoirs en saisissant, notamment, le fichier des adhérents du RPF et en intervenant de manière à perturber le fonctionnement du mouvement : «Les juges, quel que soit leur pouvoir, n'ont pas le droit d'intervenir dans le fonctionnement d'un parti politique d'une manière telle qu'ils empêchent finalement la vie de ce mouvement». «Il y a des limites à tout. Je crois que les juges doivent faire leur travail, c'est leur problème. Mais moi je n'ai pas l'intention de laisser faire n'importe quoi sans réagir» a-t-il déclaré. Avant d'ajouter, ulcéré : «Je considère comme scandaleux que j'apprenne ce qu'éventuellement on me reproche par la presse. Si on a quelque chose à dire, qu'on me le dise à moi».
La porteuse de mallette
La semaine dernière, une ex-collaboratrice de Charles Pasqua, Sabine de la Laurencie, entendue par les juges Courroye et Prévost-Desprez a livré un témoignage pour le moins gênant pour l'ancien ministre de l'Intérieur et certains membres de son entourage. Ce jeudi, dans un entretien accordé au Figaro, elle révèle qu'à l'époque où elle travaillait au ministère de l'Intérieur, elle a ramené une mallette de Suisse à la demande de Bernard Guillet, conseiller diplomatique de Pasqua, alors à la tête du ministère.
Elle raconte également, qu'en février dernier, Bernard Guillet, mis en examen pour «recel d'abus de bien sociaux» dans l'affaire du trafic d'armes vers l'Angola, lui a demandé de se rendre au Luxembourg pour «voir Nasir Abid afin de délivrer quelques messages et chercher de l'argent». Concernant l'argent en question, Sabine de la Laurencie ajoute dans le quotidien que le conseiller diplomatique de Pasqua lui aurait dit: «Cette fois-ci ce ne sera pas pour le RPF mais pour moi».
Nasir Abid est le bras droit de l'homme d'affaires d'origine irakienne Nadhmi Auchi. Les deux hommes font actuellement l'objet d'un mandat d'arrêt international dans le cadre de l'affaire Elf.
par Clarisse Vernhes
Article publié le 19/04/2001