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Sénégal

Une élection très ouverte

La campagne pour les élections législatives du 29 avril s'est terminée vendredi par une série de meetings à Dakar et dans quelques autres villes du Sénégal. A la veille d'une échéance cruciale pour le président Wade, le suspense est plus grand que jamais sur l'issue du scrutin de ce dimanche.
De notre envoyé spécial au Sénégal

Dernier jour de campagne, ce vendredi 27 avril, au Sénégal. Après trois semaines au cours desquelles les principaux leaders politiques ont sillonnés le pays, la plupart des partis avaient choisi d'achever leur parcours par Dakar, qui reste l'un des grands enjeux des législatives du 29 avril. A chacun son style. En milieu d'après-midi le quartier du plateau, dans le centre ville, était en effervescence alors que se formait un énorme cortège devant accompagner la première dame, Viviane Wade, jusqu'au grand stade Demba Diop, dans la zone populaire de Liberté, bourré à craquer, où elle devait rejoindre le chef de l'Etat. Autour du stade : la cohue, alors que les rues avoisinantes étaient envahies par des militants arborants des t-shirts à l'effigie du président. A l'intérieur, un couple présidentiel faisant le V de la victoire au milieu de milliers de militants en délire massés sur le terrain et dans les gradins.

Plus près du centre, vers la Médina, c'est un rassemblement enthousiaste mais nettement moins impressionnant qu'avait organisé le Parti socialiste dans un petit stade. Le secrétaire général du mouvement, Ousmane Tanor Dieng, et plusieurs responsables dakarois du parti, dont le maire Mamadou Diop, se sont succédés à la tribune pour appeler une dernière fois les Sénégalais à leur renouveler leur confiance et à ne pas «donner tous les pouvoirs» au camp d'Abdoulaye Wade. Même tonalité à quelques centaines de mètre de là, où l'Alliance des forces du progrès (AFP), avait également convié ses militants, mais en l'absence de son leader Moustapha Niasse, qui tenait meeting dans son fief de Kaolack (à 250 km au sud-est de Dakar).

Difficiles pronostics

Jusqu'au bout, chacun des vingt-cinq partis en lice aura rivalisé d'arguments pour tenter de convaincre les électeurs, à la veille de l'élection la plus ouverte de l'histoire contemporaine du Sénégal. Un an après l'arrivée au pouvoir du «pape du Sopi», les pronostics sont plus difficiles que jamais sur l'issue des législatives. Seule probabilité : le parlement sortant, largement dominé par le Parti socialiste, ne le sera plus.

Elu au deuxième tour de la présidentielle, avec le soutien de Moustapha Niasse, arrivé en troisième position au deuxième tour, Abdoulaye Wade s'est séparé en mars dernier de ce premier ministre, que la personnalité et les ambitions politiques rendaient trop encombrant. Mais il a aussi offert l'occasion à cet ancien cacique du parti socialiste de jouer les troubles fêtes, alors que le Parti démocratique sénégalais cherche une majorité pour gouverner. Dans l'entourage du chef de l'Etat, on se garde donc d'être trop triomphaliste. «L'important est d'obtenir cette majorité, même étroite», confie un proche d'Abdoulaye Wade. Dans les pages du quotidien indépendant Wal Fadjri, ces derniers jours, le numéro deux du parti, le ministre d'Etat Idrissa Seck, s'est voulu plus optimiste en évoquant un score de plus de soixante-dix sièges sur 120, mais pour revoir son estimation à la baisse dans une interview à RFI.

En l'absence de sondages officiels, interdits par la loi, les discussions vont bon train parmi des Sénégalais friands de débat politique. La plupart des observateurs tablent sur une coalition «Sopi» en tête face à ses adversaires au terme du scrutin de dimanche 29 avril. Toute la question est de savoir, s'il s'agira d'une majorité relative ou absolue. La réponse dépendra largement de la capacité de l'AFP et d'un ancien parti dirigeant, toujours bien implanté au niveau national, de mobiliser l'électorat.



par Christophe  Champin

Article publié le 28/04/2001