Sénégal
La campagne s'emballe
La pression monte au Sénégal, à une semaine des législatives du 29 avril. Les déclarations fracassantes du maire de Kaolack sur les détournements de fonds au sein du Parti socialiste, dont plusieurs responsables sont déjà dans le collimateur de la justice, ont provoqué un tollé, alors que les incidents sont de plus en plus nombreux entre militants des principaux partis en course.
Après un début plutôt terne, la campagne électorale pour les élections législatives sénégalaises du 29 avril prochain, a changé de tournure. Depuis plusieurs semaines, les débats avaient presque exclusivement tourné autour de l'engagement personnel du président Wade aux côtés de la coalition menée par son parti, le Parti démocratique sénégalais (PDS), fortement critiqué par ses adversaires, et des «affaires» impliquant de hauts responsables du Parti socialiste, l'ancien parti au pouvoir.
Mais ce qui ressemblait plus à une «guéguerre» préélectorale a pris une autre ampleur avec les révélations d'Abdoulaye Diack. Président du Sénat, ancien trésorier du PS et ex-maire de Kaolack (sud-est de Dakar), passé au PDS, ce dernier a créé un véritable électrochoc en se lançant dans un grand déballage sur ses anciens camarades, lors d'un meeting mardi 17 avril. «Si quelqu'un vous dit qu'il n'a pas volé, en quarante ans de pouvoir, c'est faux», avait-il déclaré, avant de se tirer une balle dans le pied en révélant qu'il avait lui-même détourné des fonds mais pour «redistribuer cet argent aux populations» de sa ville.
La sortie d'Abdoulaye Diack a suscité de nombreuses réactions dans la classe politique sénégalaise. A commencer par celle du ministre de la Justice, qui a demandé immédiatement l'ouverture d'une information judiciaire. Au PS, après la mise en cause de son secrétaire général, Ousmane Tanor Dieng, dans une affaire de financement occulte et l'arrestation, le 26 mars dernier, de Mbaye Diouf, responsable socialiste et ancien PDG de la Société des chemins de fer du Sénégal (SNCS), ces révélations ne font que renforcer l'impression d'un acharnement de circonstance.
Violences préélectorales
Dans le même temps, sans atteindre l'ampleur atteinte lors de précédents scrutins, la violence préélectorale a fait sa réapparition. Mercredi 18 avril notamment, un convoi du Parti socialiste a été «braqué» en Casamance (sud du pays) par des présumés indépendantistes du MFDC (Mouvement des forces démocratiques de Casamance). Le même jour, mais à Kaolack cette fois, c'est la caravane du président Wade qui a essuyé des jets de pierres alors que le chef de l'Etat, qui a entamé une tournée dans le pays, se rendait chez Mamoune Niasse, chef religieux et candidat de l'Alliance des forces du progrès (AFP), le mouvement de l'ancien premier ministre Moustapha Niasse.
Ce vendredi, la Rencontre Africaine pour la défense des droits de l'homme (Raddho), une organisation locale, a condamné «tous les actes de violence» et invité les partis politiques «à engager une campagne de sensibilisation» vers leurs militants pour que cessent ces dérapages. Vu des Etats-Unis, la situation est même apparue suffisamment inquiétante pour que Washington conseille la prudence à ses ressortissants se trouvant au Sénégal, face aux débordements possibles lors de manifestations.
L'accélération de la campagne est à la mesure de l'enjeu de ces législatives. La physionomie du futur parlement, dominé depuis des décennies par le Parti socialiste sénégalais, devrait sortir profondément modifiée de ce scrutin. Arrivé au pouvoir en avril 2000, après quarante années de règne socialiste, Abdoulaye Wade entend bien sortir de la cohabitation avec l'ancien parti dirigeant. Mais l'exercice s'annonce difficile, dans la mesure où le chef de l'Etat a perdu un soutien de poids en la personne de Moustapha Niasse, Premier ministre limogé au mois de mars, qui présente sa propre liste. Arrivé en troisième position au premier tour de la présidentielle, cet ancien cacique du PS avait apporté un soutien déterminant au leader du PDS lors du deuxième tour. Et cette fois, il espère bien faire de l'ombre aussi bien au Parti démocratique sénégalais qu'au Parti socialiste.
Mais ce qui ressemblait plus à une «guéguerre» préélectorale a pris une autre ampleur avec les révélations d'Abdoulaye Diack. Président du Sénat, ancien trésorier du PS et ex-maire de Kaolack (sud-est de Dakar), passé au PDS, ce dernier a créé un véritable électrochoc en se lançant dans un grand déballage sur ses anciens camarades, lors d'un meeting mardi 17 avril. «Si quelqu'un vous dit qu'il n'a pas volé, en quarante ans de pouvoir, c'est faux», avait-il déclaré, avant de se tirer une balle dans le pied en révélant qu'il avait lui-même détourné des fonds mais pour «redistribuer cet argent aux populations» de sa ville.
La sortie d'Abdoulaye Diack a suscité de nombreuses réactions dans la classe politique sénégalaise. A commencer par celle du ministre de la Justice, qui a demandé immédiatement l'ouverture d'une information judiciaire. Au PS, après la mise en cause de son secrétaire général, Ousmane Tanor Dieng, dans une affaire de financement occulte et l'arrestation, le 26 mars dernier, de Mbaye Diouf, responsable socialiste et ancien PDG de la Société des chemins de fer du Sénégal (SNCS), ces révélations ne font que renforcer l'impression d'un acharnement de circonstance.
Violences préélectorales
Dans le même temps, sans atteindre l'ampleur atteinte lors de précédents scrutins, la violence préélectorale a fait sa réapparition. Mercredi 18 avril notamment, un convoi du Parti socialiste a été «braqué» en Casamance (sud du pays) par des présumés indépendantistes du MFDC (Mouvement des forces démocratiques de Casamance). Le même jour, mais à Kaolack cette fois, c'est la caravane du président Wade qui a essuyé des jets de pierres alors que le chef de l'Etat, qui a entamé une tournée dans le pays, se rendait chez Mamoune Niasse, chef religieux et candidat de l'Alliance des forces du progrès (AFP), le mouvement de l'ancien premier ministre Moustapha Niasse.
Ce vendredi, la Rencontre Africaine pour la défense des droits de l'homme (Raddho), une organisation locale, a condamné «tous les actes de violence» et invité les partis politiques «à engager une campagne de sensibilisation» vers leurs militants pour que cessent ces dérapages. Vu des Etats-Unis, la situation est même apparue suffisamment inquiétante pour que Washington conseille la prudence à ses ressortissants se trouvant au Sénégal, face aux débordements possibles lors de manifestations.
L'accélération de la campagne est à la mesure de l'enjeu de ces législatives. La physionomie du futur parlement, dominé depuis des décennies par le Parti socialiste sénégalais, devrait sortir profondément modifiée de ce scrutin. Arrivé au pouvoir en avril 2000, après quarante années de règne socialiste, Abdoulaye Wade entend bien sortir de la cohabitation avec l'ancien parti dirigeant. Mais l'exercice s'annonce difficile, dans la mesure où le chef de l'Etat a perdu un soutien de poids en la personne de Moustapha Niasse, Premier ministre limogé au mois de mars, qui présente sa propre liste. Arrivé en troisième position au premier tour de la présidentielle, cet ancien cacique du PS avait apporté un soutien déterminant au leader du PDS lors du deuxième tour. Et cette fois, il espère bien faire de l'ombre aussi bien au Parti démocratique sénégalais qu'au Parti socialiste.
par Christophe Champin
Article publié le 20/04/2001