Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Les forces en présence

Les députés à l'AN sont élus au suffrage universel direct, pour un mandat de cinq ans. Leur nombre est revenu à 120 pour le scrutin du 29 avril. Ils sont élus au scrutin majoritaire à un tour au niveau des départements, à concurrence de 65 députés, et au scrutin proportionnel sur une liste nationale à concurrence de 55 députés.
Ce scrutin mixte, en vigueur depuis plusieurs années, favorise les partis les mieux implantés au niveau national. Dans la précédente assemblée, qui comptait 140 élus, la répartition entre les deux modes de scrutin était de 70-70. Le choix de 65-55 par le gouvernement Wade a donc été contesté par nombre de petites formations, dont certaines appartenant au Fal, comme réduisant encore la dose de proportionnelle et donc la probable représentation de ces petits partis.
Le 22 mars, le ministère de l'Intérieur a déclaré recevables les candidatures de 25 formations, dont une coalition de partis. Une douzaine se présente dans la totalité des 30 départements. Les quatre « poids lourds » engagés sont :

û La coalition Wacco ak alternance ak démocratie (en wolof, s'engager pour l'alternance et la démocratie). Formée autour du PDS, dont Wade est toujours le secrétaire général sans être évidemment candidat le 29 avril, la coalition s'est vue interdire, par le Conseil constitutionnel, « en raison du principe d'égalité entre les partis », l'utilisation sur ses documents électoraux du portrait du président ainsi que de l'acronyme WAD pour désigner la liste. La tête de liste nationale est Idrissa Seck, ministre d'Etat, directeur de cabinet du président et secrétaire général adjoint du PDS.

Dans la coalition, on trouve notamment la Ligue démocratique/Mouvement pour le parti du travail (LD/MPT, 3 sièges en 1998) d'Abdoulaye Bathily ; le PDS/Rénovation (1 s. en 98) ; la Convention des démocrates et patriotes (CDP/Garab gi, 1 s. en 98) du professeur Iba Der Thiam, coordonateur du Fal, et dont un membre est entré au gouvernement dans le remaniement qui a suivi le limogeage de Niasse ; le Mouvement pour le socialisme et l'unité (MSU) tendance Bamba Ndiaye ; l'Union pour le Renouveau démocratique /Front pour l'alternance (URD/Fal)à

A. Wade a fondé le PDS en 1974, sous Senghor. Le PDS entre pour la première fois à l'Assemblée en 1978 avec 18 députés sur 100. En 1983, il en obtient 8 sur 120; en 1988, 17 sur 120; en 1993, 27 sur 120 et, en 1998, 23 sur 140.

û Le Parti socialiste. Toujours formellement présidé par Abdou Diouf, bien que celui-ci vive à Paris depuis son départ du pouvoir, le PS est dirigé par son premier secrétaire, Ousmane Tanor Dieng, ex ministre d'Etat d'Abdou Diouf. Le PS a été, après la victoire de Me Wade, la principale victime de la transhumance parlementaire : de 93 députés élus sous sa bannière en mai 1998, il est passé à 86 en juillet 2000.
L'Union progressiste sénégalaise, héritière du Bloc démocratique sénégalais, est devenue le PS en 1976. De 1960 à 1978, cette formation est seule à l'assemblée. En 1978, elle obtient 82 sièges sur 100; en 1983, 111 sur 120; en 1988, 103 sur 120; en 1993, 84 sur 120.

û L'Alliance des forces du progrès de Moustapha Niasse va seule aux législatives. Directeur de cabinet (jusqu'en 77) puis ministre des Affaires étrangères de Senghor, Niasse occupe sous Diouf plusieurs postes ministériels sans être toujours au gouvernement. Il quitte définitivement le gouvernement socialiste en 1998. L'année suivante, il démissionne avec fracas du PS, dénonçant « la dérive mafieuse » du régime et du parti. En 1999, il crée l'AFP, dont il est le candidat à la présidentielle 2000 ; il arrive 3e au premier tour avec 16,8 % des voix.

Le 29 avril, ce sont donc les premières législatives pour l'AFP qui, bénéficiaire de la transhumance parlementaire, disposait cependant de trois députés à l'Assemblée.

Sont très proches de l'AFP le Rassemblement national démocratique (RND, 1 s. en 1983, 1 s. en 1998), parti de Cheick Anta Diop, aujourd'hui dirigé par son secrétaire général Madior Diouf, qui a quitté son poste de ministre de la Culture lors du limogeage de Niasse, et le Parti de l'indépendance et du travail (PIT, 2 s. en 1993, 1 en 1998) d'Amath Dansokho, ex-ministre de l'Habitat et de l'urbanisme, limogé le 23 novembre 2000 par A. Wade.

û L'Union pour le renouveau démocratique de Djibo Leyti Kâ. Directeur de cabinet de Senghor de 1977 à sa démission, Djibo Kâ enchaîne ensuite les portefeuilles ministériels : l'Information, l'Education nationale, les Affaires étrangères, l'Intérieurà En octobre 1997, il crée au sein du PS le Renouveau, une tendance qui conteste la direction d'Ousmane Tanor Dieng (le PS ne tolère pas les courants). Début avril 1998, les membres du Renouveau quittent le parti et annoncent qu'ils présentent une liste indépendante aux législatives de mai. Dissident acerbe envers son ancienne formation, Djibo Kâ réussit sa percée en remportant, à la tête d'une alliance avec deux petites formations, 11 sièges, ce qui représente alors la 3e force du pays derrière le PS et le PDS.

Au premier tour de la présidentielle 2000, l'ancien ministre arrive quatrième avec 7,1 % des voix. A la surprise de certains, il appelle à voter Diouf au 2e tour ; il est désavoué par plusieurs membres de l'URD qui créent alors l'URD/Fal aujourd'hui derrière le PDS. L'URD, en juillet 2000, n'a plus que 8 députés à l'Assemblée. Le PS lui en prête quelques uns afin qu'il puisse maintenir son groupe parlementaire. La tête de liste nationale est Djibo Kâ.

û A noter : le 29 avril voit la première participation des défenseurs de l'environnement. Le Rassemblement des écologistes du Sénégal (RES) û les Verts, formation reconnue le 10 août 1999, présente une liste nationale et des locales dans 5 départements sur 30, selon le RES « symboles patents des crises écologiques » du pays, dont Pikine, Rufisque et Diourbel.

Article publié le 20/04/2001