Sénégal
Scrutin test pour Abdoulaye Wade
Les Sénégalais ont commencé à voter dimanche matin pour des élections législatives anticipées cruciales. Elu il y a un an face à Abdou Diouf, le «pape du Sopi» Abdoulaye Wade espère obtenir une majorité au parlement. A la veille du scrutin, le chef de l'Etat a appelé les citoyens et les leaders politiques à tout faire pour que le vote se déroule dans de bonnes conditions. Selon la plupart des observateurs, c'est l'une des élections les plus ouvertes de l'histoire contemporaine du Sénégal. A Thiès, «capitale du rail» et deuxième ville du pays en terme de sièges à l'Assemblée nationale, la bataille s'annonce rude entre le parti présidentiel et les socialistes. Reportage.
De notre envoyé spécial à Thiès
C'est une petite gare tranquille. Un joli bâtiment de l'époque coloniale, situé au c£ur du marché de Thiès, où s'active une multitude de petits commerçants. Le hall est quasi désert en ce samedi après-midi. Sur la voie, seul un train de marchandises sur le départ rompt le silence. A l'étage, soigneusement décoré de plantes vertes, le «chef de la sécurité» et des conducteurs de train devisent tranquillement autour d'un panneau lumineux indiquant les voies de ce centre triage. «Moi j'ai voté pour le changement à la présidentielle, je veux maintenant confirmer la victoire au parlement», lance l'un d'entre eux, qui se présente immédiatement comme «cheminot et fils de cheminot». A ses côtés Maury N'Diaye, «conducteur de train depuis 24 ans», ne tient pas un autre discours : «il faut que les choses changent. Wade promet beaucoup. Il faut le croire. Mais s'il nous a berné je le considérerai comme un simple démagogue».
Les cheminots sénégalais attendent beaucoup du nouveau pouvoir. Après des années de mauvaise gestion, la SNCS (Société des chemins de fers sénégalais) est moribonde. La société s'est séparée de près de la moitié de ses employés en quelques années. Abdoulaye Wade et son équipe ont promis de relancer une entreprise considérée ici comme stratégique, en poursuivant sa privatisation, en rouvrant d'anciens tronçons et en élargissant les voies pour les mettre aux «normes internationales».
L'enjeu de Thiès
L'initiative n'est pas anodine. A Thiès, «capitale du rail» (70km au sud de Dakar), plus d'un habitant sur deux a un lien avec le transport ferroviaire. Certains candidats aux législatives s'enorgueillissent d'ailleurs d'être issus de familles de cheminots, à l'image de Demba Diop, tête de liste départementale de l'Union pour le renouveau démocratique (URD), du dissident socialiste Djibo Kâ. Malgré la modestie du réseau de chemins de fer sénégalais ûun peu plus de mille kilomètres de voie unique non électrifiéeû cette ville tranquille a longtemps été considérée comme le principal noeud ferroviaire de l'Afrique de l'ouest sahélienne. Mais elle est aussi la deuxième région du pays en terme de sièges à pourvoir. A eux seuls les trois départements qui la composent en totalisent dix, à peine deux de moins que Dakar.
La bataille entre les candidats a donc été rude ces dernières semaines, en particulier entre le Parti démocratique sénégalais (PDS) de Wade et le camp socialiste. D'autant que la tête de liste de ce dernier, Mbaye Diouf, ancien patron de la SNCS, est sous les verrous dans le cadre d'une enquête pour détournement de fonds, ouverte à la suite des audits des sociétés publiques commandés par le chef de l'Etat à son arrivée au pouvoir. Les responsables du PS pas manqué de crier au procès politique.
Dans le camp présidentiel, on jure qu'il s'agit d'une coïncidence, qui arrange toutefois Idrissa Seck. Originaire de Thiès, le ministre d'Etat et tête de liste du Parti démocratique sénégalais n'a pas lésiné sur les moyens pour offrir sa ville au président. «La coalition a fait montre de moyens impressionnants, témoigne Mbeye Fatou Sy, directrice régionale de Sud FM, la principale radio nationale privée. Le PDS a même fait du démarchage téléphonique pour convaincre les électeurs.» Le gouvernement a par ailleurs veillé à ce que les arriérés de salaires des cheminots soient payés.
Une stratégie qui inquiète même ses alliés. «Il ne faut pas que le PDS détienne tout seul la majorité. Il nous faut une majorité plurielle», estime Mamadou Diop Decroix, ministre de la Communication et tête de liste à Thiès de And Jëf/PADS, le parti de Landing Savané. Les leaders de tous les grands partis garderont donc un £il très attentif sur les résultats de la capitale du rail. Les cheminots eux espèrent que les promesses d'un avenir meilleur pour leur entreprise seront tenues.
C'est une petite gare tranquille. Un joli bâtiment de l'époque coloniale, situé au c£ur du marché de Thiès, où s'active une multitude de petits commerçants. Le hall est quasi désert en ce samedi après-midi. Sur la voie, seul un train de marchandises sur le départ rompt le silence. A l'étage, soigneusement décoré de plantes vertes, le «chef de la sécurité» et des conducteurs de train devisent tranquillement autour d'un panneau lumineux indiquant les voies de ce centre triage. «Moi j'ai voté pour le changement à la présidentielle, je veux maintenant confirmer la victoire au parlement», lance l'un d'entre eux, qui se présente immédiatement comme «cheminot et fils de cheminot». A ses côtés Maury N'Diaye, «conducteur de train depuis 24 ans», ne tient pas un autre discours : «il faut que les choses changent. Wade promet beaucoup. Il faut le croire. Mais s'il nous a berné je le considérerai comme un simple démagogue».
Les cheminots sénégalais attendent beaucoup du nouveau pouvoir. Après des années de mauvaise gestion, la SNCS (Société des chemins de fers sénégalais) est moribonde. La société s'est séparée de près de la moitié de ses employés en quelques années. Abdoulaye Wade et son équipe ont promis de relancer une entreprise considérée ici comme stratégique, en poursuivant sa privatisation, en rouvrant d'anciens tronçons et en élargissant les voies pour les mettre aux «normes internationales».
L'enjeu de Thiès
L'initiative n'est pas anodine. A Thiès, «capitale du rail» (70km au sud de Dakar), plus d'un habitant sur deux a un lien avec le transport ferroviaire. Certains candidats aux législatives s'enorgueillissent d'ailleurs d'être issus de familles de cheminots, à l'image de Demba Diop, tête de liste départementale de l'Union pour le renouveau démocratique (URD), du dissident socialiste Djibo Kâ. Malgré la modestie du réseau de chemins de fer sénégalais ûun peu plus de mille kilomètres de voie unique non électrifiéeû cette ville tranquille a longtemps été considérée comme le principal noeud ferroviaire de l'Afrique de l'ouest sahélienne. Mais elle est aussi la deuxième région du pays en terme de sièges à pourvoir. A eux seuls les trois départements qui la composent en totalisent dix, à peine deux de moins que Dakar.
La bataille entre les candidats a donc été rude ces dernières semaines, en particulier entre le Parti démocratique sénégalais (PDS) de Wade et le camp socialiste. D'autant que la tête de liste de ce dernier, Mbaye Diouf, ancien patron de la SNCS, est sous les verrous dans le cadre d'une enquête pour détournement de fonds, ouverte à la suite des audits des sociétés publiques commandés par le chef de l'Etat à son arrivée au pouvoir. Les responsables du PS pas manqué de crier au procès politique.
Dans le camp présidentiel, on jure qu'il s'agit d'une coïncidence, qui arrange toutefois Idrissa Seck. Originaire de Thiès, le ministre d'Etat et tête de liste du Parti démocratique sénégalais n'a pas lésiné sur les moyens pour offrir sa ville au président. «La coalition a fait montre de moyens impressionnants, témoigne Mbeye Fatou Sy, directrice régionale de Sud FM, la principale radio nationale privée. Le PDS a même fait du démarchage téléphonique pour convaincre les électeurs.» Le gouvernement a par ailleurs veillé à ce que les arriérés de salaires des cheminots soient payés.
Une stratégie qui inquiète même ses alliés. «Il ne faut pas que le PDS détienne tout seul la majorité. Il nous faut une majorité plurielle», estime Mamadou Diop Decroix, ministre de la Communication et tête de liste à Thiès de And Jëf/PADS, le parti de Landing Savané. Les leaders de tous les grands partis garderont donc un £il très attentif sur les résultats de la capitale du rail. Les cheminots eux espèrent que les promesses d'un avenir meilleur pour leur entreprise seront tenues.
par Christophe Champin
Article publié le 29/04/2001