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Afghanistan

Le défi de Massoud

Le chef de l'opposition afghane, le commandant Ahmed Chah Massoud, a été reçu pendant plus d'une heure par le chef de la diplomatie française Hubert Védrine. La réception en Europe du chef de l'opposition au régime de Kaboul met en fureur les Talibans qui contrôlent 95 % du territoire afghan.
Incroyable mais vrai, le Lion du Panshir est à Paris ! Pour la première fois, il vient en Europe, lui le chef de guerre, le brillant stratège, qui, non content d'avoir incarné la résistance à l'occupant soviétique, prive les Talibans d'une victoire totale. En quatre ans, ces derniers n'ont pu venir à bout de son armée, retranchée au nord de l'Afghanistan.

Cependant, il a fallu la destruction des bouddhas de Bamyan, pour que ce héros quadragénaire, révélé naguère par la presse française, se retrouve une nouvelle fois à la une de l'actualité. Car, ces dernières années, l'éternel combattant avait perdu du terrain face aux Talibans, épaulés par des Pakistanais. A terme, il semblait même condamné à tourner dans la vallée du Panshir, comme un lion dans sa cage.

La destruction des bouddhas de Bamyan décrétée par le chef taliban, Mollah Omar a ranimé la flamme de l'opinion internationale pour l'Afghanistan. Et face au pouvoir sans visage des Talibans, quoi de plus séduisant que d'opposer le profil d'aigle du commandant Massoud. Ce grand homme a le bon goût d'avoir fréquenté le lycée franco-afghan de Kaboul et d'aimer les livres avec passion. La culture face à l'obscurantisme, le musulman éclairé face à Mollah Omar, le fou de Dieu: avec Massoud, l'Afghanistan a retrouvé un visage, et les Européens, soulagés, redécouvrent un héros.

un retour inespéré

C'est un retour inespéré pour l'ancien ministre de la Défense du président Rabbani, naguère dévalué par les mauvaises manières de ses moudjahidines, qui une fois installés à Kaboul, troquèrent leurs bonnes résolutions de pieux musulmans pour des méthodes de soudards.

Accueilli en Europe comme le vice-président du seul gouvernement afghan reconnu par l'ONU, Massoud, le chef de guerre, endosse l'habit d'homme d'état. Il n'a pas d'autre choix.

Car malgré l'aide militaire fournie notamment par la Russie et l'Iran, impossible de reconquérir Kaboul par la force ou de rêver d'une intervention étrangère. L'Afghanistan des Talibans n'est pas le Cambodge des Khmers rouges, délogés naguère par l'armée vietnamienne.

Seuls les Afghans peuvent se débarrasser des Talibans. Et pour y parvenir, Massoud, le chef tadjik, doit rallier une partie de l'ethnie pachtoune majoritaire dont sont issus ces derniers.
Dans cette perspective encore lointaine, la France et le Parlement européen lui donnent un coup de pouce non négligeable.



par Hélène  Mendes Da Costa

Article publié le 04/04/2001