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Sénégal

Wade remporte son pari

Le président sénégalais cherchait une majorité, il est en passe d'obtenir un raz-de-marée. Selon les premiers résultats disponibles, la coalition « Sopi » arrive largement en tête d'une élection législative qui s'est déroulée dans le calme, à l'exception de quelques accrochages en Casamance. Mieux, la plupart des leaders politiques de l'opposition se sont dit prêts à reconnaître les résultats de ce scrutin.
De notre envoyé spécial au Sénégal

Pour le camp d'Abdoulaye Wade les résultats des législatives du 29 avril qui commencent à se dessiner sont bien au-delà de ses espérances. Alors que l'opposition voit ses pires craintes se confirmer. La «coalition Sopi», formée autour du Parti démocratique sénégalais (PDS) du chef de l'Etat, semble en effet assurée d'une majorité absolue à l'Assemblée nationale. Tout au long de la nuit de dimanche à lundi les radios et la télévision du Sénégal ont égrainé, bureau par bureau, les scores des différents partis politiques, confirmant, au fil des heures, la domination écrasante de la mouvance PDS.

Les résultats complets ne devraient pas être connus avant lundi dans la journée ou mardi et devront être confirmés officiellement vendredi. Mais les tendances qui se dégagent sont impressionnantes : le PDS semble l'emporter largement, avec plus de 50%, y compris dans les fiefs de ses adversaires. En clair, le président sénégalais devrait avoir les coudées franches pour mettre en £uvre son programme politique. La deuxième leçon provisoire de ce scrutin, c'est que l'Alliance des forces du progrès (AFP), de l'ancien premier ministre et dissident socialiste Moustapha Niasse, serait au coude à coude avec le Parti socialiste (PS), ce qui confirme ainsi l'effondrement de ce dernier depuis la présidentielle de février-mars 2000, et loin devant And Jëf/PADS, de Landing Savane, et l'URD, de l'autre dissident socialiste Djibo Kâ. Bref, Moustapha Niasse pourra disputer au chef du PS, Ousmane Tanor Dieng le statut de chef de l'opposition.

Une campagne «chirurgicale»

Dans l'entourage proche d'Abdoulaye Wade, on explique ce raz-de-marée libéral par une campagne «chirurgicale», pour reprendre les termes du numéro deux du PDS et ministre d'Etat, Idrissa Seck. «Nous avons fait une analyse très fine de toutes les élections depuis 1976. Nous avons essayé d'identifier ceux qui avaient la propriété des votes, notamment avec notre dernière opération de télémarketing», nous a-t-il déclaré dimanche soir. Il a néanmoins reconnu le rôle déterminant de l'investissement du chef de l'Etat dans la campagne.

Dans l'opposition, Djibo Kâ s'est félicité de la bonne santé de la démocratie sénégalaise, au cours d'un débat télévisé. «Wade mérite sa victoire», a-t-il estimé. Mais il a déploré la débauche de moyens déployés par la coalition au pouvoir et a appelé au plafonnement des dépenses électorales.

Les élections législatives de ce dimanche sont en tous cas une nouvelle preuve du fonctionnement satisfaisant de la démocratie sénégalaise. Outre le bon déroulement du scrutin et une participation importante û autour de 65% des inscrits û ont a plus débattu ce dimanche du nombre important de listes en jeu que d'une éventuelle fraude. Pas moins de vingt-cinq listes, contre dix-huit en 1998, étaient en compétition pour ce scrutin, briguant les suffrages de quelque 2,8 millions d'électeurs. En dépit de leur bonne volonté, certains électeurs, pas toujours lettrés, ont eu du mal à faire le tri.

Résultats : nombre de bureaux ont dû fermer leurs portes après 18 heures (locales et TU). «La démocratie ne doit pas tourner à la mascarade», a estimé le président Wade, après avoir rempli son devoir civique à la mi journée, au Point E, quartier de sa résidence privée. «Il appartiendra à l'Assemblée nationale de décider», s'il faut légiférer en faveur d'une réduction du nombre de mouvements politiques, a-t-il ajouté.

A l'heure où l'Afrique fait trop souvent parler d'elle pour ses guerres ou ses explosions de violence politique, le débat apparaît presque comme un luxe. Mais il est peut-être aussi le signe de la maturité des électeurs et des leaders politiques sénégalais.



par Christophe  Champin

Article publié le 30/04/2001