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Burundi

Putsch raté dans un climat de tension

Retour au calme au Burundi au lendemain d'une tentative de putsch avortée. Ce coup de force intervient alors que l'homme fort du pays, Pierre Buyoya, se trouvait au Gabon pour tenter de négocier avec les rebelles hutus une solution de paix dans ce petit pays de la région des Grands lacs, déchiré depuis 1993 par une guerre civile.
La situation était calme au Burundi, à la mi-journée au lendemain d'une tentative de putsch avortée. Au poste frontière de Kanyaru, entre le Rwanda et le Burundi, situé sur la route principale entre les deux pays, la situation était normale. A Bujumbura, les activités quotidiennes avaient repris et la radio nationale diffusait ses programmes habituels.

«Personne n'a été tué, personne n'a été blessé», a déclaré à la presse le ministre de la Défense Cyrille Ndayirukiye. Il a précisé que tous les soldats mutins s'étaient rendus. C'est mercredi vers 15H30 qu'une trentaine de soldats du camp Gakumbu investissent les locaux de la radio nationale. Se réclamant d'un «front de la jeunesse patriotique», un jeune lieutenant, Pasteur Ndakarutimana, annonce sur les ondes que le gouvernement et le parlement sont suspendus ainsi que la mise en place d'un couvre feu et la fermeture de l'aéroport.

Deux heures plus tard environ, les forces loyalistes encerclent les mutins et coupent les émetteurs de la radio. Plusieurs blindés prennent position autour de la radio. «Tous les soldats qui étaient avec ce lieutenant se sont rendus. Nous les avons capturés et nous avons capturé le lieutenant», a poursuivi le ministre de la Défense.

Guerre civile

Ce coup de force s'est déroulé alors que le président Buyoya se trouvait à Libreville, au Gabon, pour participer, aux côtés du président de la RDC Joseph Kabila, le vice-président sud-africain, à un sommet consacré à la crise burundaise. Depuis mardi soir, Pierre Buyoya y négocie avec le principal mouvement rebelle hutu, les Forces pour la défense de la démocratie (FDD) de Jean-Bosco Ndayikengurukiye.

Cette tentative de putsch n'a guère surpris les observateurs. L'histoire du Burundi, depuis son indépendance en 1962, est jalonnée de coup de force. Le dernier en date intervient dans un climat de difficultés pour le régime de Bujumbura. Depuis 1993, la guerre civile oppose l'armée au régime, dominés par l'armée tutsie et les rebelles hutus. Malgré l'accord de paix signé en août dernier à Arusha en Tanzanie et prévoyant un meilleur partage du pouvoir, les combats continuent. Cette guerre civile aurait fait au moins 200 000 morts, la plupart des civils. Les principaux groupes rebelles, le FDD et les Forces nationales de libération (FNL) n'ont pas signé l 'accord d'Arusha, négocié sous l'égide de l'ancien président sud-africain, Nelson Mandela et ont même intensifié ces derniers mois leurs attaques. Le gouvernement actuel tente de trouver une issue à ce conflit mais la ligne dure des Tutsis est opposée au concept du partage de pouvoir avec des hutus.

Depuis Libreville, Pierre Buyoya est resté informé heure par heure hier de la situation dans ce pays. Il devait rentrer à Bujumbura jeudi. Lui-même avait pris le pouvoir en 1996 à la faveur d'un coup d'Etat.



par Sylvie  Berruet

Article publié le 19/04/2001