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Maroc

Un congrès socialiste dans la désunion

Le sixième congrès de l'Union socialiste des forces populaires (USFP) qui s'est achevé dans la nuit de dimanche à lundi a fait apparaître un parti miné par des dissensions. Cette assemblée, qui ne s'était pas réunie depuis douze ans, a en effet été boycottée par l'essentiel des forces vives du parti, à commencer par la puissante Confédération Démocratique du Travail (CDT) que dirige le syndicaliste Noubir Amaoui.
De notre correspondante à Rabat

Le jour même de l'ouverture du Congrès de l'USFP (Union socialiste des forces populaires) à Casablanca, quelque 300 congressistes ont commencé par manifester contre les conditions de préparation de ce congrès, selon eux totalement anti-démocratiques, avant de décider de ne pas y participer, comme l'avaient déjà fait pour les mêmes raisons le courant «Fidélité à la démocratie» et la jeunesse du parti, forte de 16 000 militants.

Puis est venu, une heure à peine avant la cérémonie, le coup de tonnerre de la CDT qui, officiellement pour les mêmes raisons, à fait savoir qu'elle ne participerait pas, elle non plus, à ce qui devait être la grande réunion de tous les socialistes. Mais ces frondes diverses ont laissé de marbre le millier de délégués présents et c'est sans aucune référence à ces contestations que le Premier secrétaire sortant, Abderrahmane Youssoufi, a ouvert le congrès par un discours de plus de trois heures. Une allocution au cours de laquelle il a longuement vanté les mérites de la direction du parti et donné un satisfecit à la «politique d'alternance» qu'il mène depuis trois ans en tant que Premier ministre, d'abord à la demande de feu le roi Hassan II, puis à celle du roi Mohammed VI.

Puis les congressistes ont commencé leurs travaux en discutant à huis clos comme si de rien n'était, de la très officielle plate-forme officielle du parti destinée, elle aussi, à accorder un satisfecit à toute la politique menée par la direction du parti depuis ses dernières assises tenues il y a douze ans, en 1989.

Les contestataires veulent plus de démocratie interne et de transparence

C'est avec plus de 24 heures de retard par rapport au calendrier initial que les congressistes ont finalement réussi à élire une «commission administrative» forte de 185 membres, et d'où ont été, de fait, exclus tous les contestataires, puisqu'ils n'ont pas participé au vote. Cette commission, dont 37 membres - et c'est une première - sont des femmes, a été chargée de désigner dans les prochains jours les membres du nouveau bureau politique, dont le nombre passera de 11 à 21, et qui seront chargés d'élire le Premier secrétaire du parti, et donc de reconduire Abderrahmane Youssoufi, au moins jusqu'au prochaines élections législatives prévues pour l'an prochain.

Si la personnalité du Premier secrétaire sortant n'a jamais été remise en cause par les courants contestataires, ces derniers ont déjà fait savoir qu'ils ne reconnaîtraient pas les nouvelles instances dirigeantes du parti puisqu'ils estiment qu'un congrès boycotté par la composante syndicale de l'USFP, par sa jeunesse et par les courants qui réclament davantage de démocratisation et de transparence n'a aucune légitimité.

Après avoir bien insisté sur le fait qu'ils n'avaient aucune intention de faire scission et de créer un nouveau parti, les contestataires réclament aujourd'hui de «véritables assises», une sorte de congrès-bis dont les délégués seraient vraiment représentatifs de ce qu'est l'USFP aujourd'hui. Mais si beaucoup doutent qu'ils seront entendus, la plupart des observateurs sont convaincus que de nombreuses tractations, notamment avec le courant syndical du parti, devraient alors lieu au cours des prochains jours pour tenter de gommer les différends.



par A Rabat, Mounia  DAOUDI

Article publié le 03/04/2001