Liban
Le Proche-Orient s'embrase
Les raids lancés dans la nuit de dimanche à lundi par l'aviation israélienne contre des positions syriennes risquent de provoquer une confrontation généralisée dans la région.
De notre correspondant au Liban
Pour la première fois en dix-neuf ans, des bombardements israéliens ont directement pris pour cible des positions syriennes au Liban, au lendemain d'une attaque du Hezbollah contre un char israélien dans les fermes de Chebaa, à l'extrême sud-est du pays. Une formation de chasseurs-bombardiers a tiré dans la nuit de dimanche à lundi entre six et huit missiles air-sol contre la principale station radar syrienne implantée sur le col de Dahr el-Baïdar, à 45 kilomètres à l'est de Beyrouth.
La station a été complètement détruite et plusieurs soldats syriens ont été tués ou blessés. Selon des sources concordantes, trois militaires syriens dont un officier ont trouvé la mort et quatre autres ont été blessés. Les appareils israéliens ont également attaqué une position de la DCA syrienne qui faisait feu en leur direction non loin de la station radar.
Des militaires syriens nerveux ont empêché les journalistes de s'approcher du site bombardé alors que des ambulances évacuaient les blessés vers les hôpitaux.
Un message israélien
Le choix de cette cible par les Israéliens est lourd de signification : le col de Dahr el-Baïdar, par lequel passe la route internationale Beyrouth-Damas, commande l'accès à la capitale syrienne. En neutralisant la station radar qui s'y trouve, l'aviation israélienne est à deux minutes de vol de Damas qu'elle peut désormais attaquer pratiquement sans être détectée. Les avions peuvent en effet emprunter le couloir de la plaine de la Bekaa tout en étant protégés des radars syriens par les chaînes montagneuses du Mont-Liban et de l'Anti-Liban.
Cette escalade est intervenue au lendemain d'une attaque menée par le Hezbollah contre un char israélien dans le secteur des fermes de Chebaa. Cette région de 20 kilomètres carrés, occupée par Israël depuis 1967, est revendiquée par le Liban. Mais l'Onu estime qu'elle appartient à la Syrie et qu'elle n'est donc pas concernée par la résolution 425, du Conseil de sécurité exigeant le retrait immédiat des troupes israéliennes de tout le territoire libanais.
Israël, qui accuse depuis des années Damas de soutenir et d'encourager les actions du Hezbollah, a mis ses menaces à exécution. Désormais, l'armée syrienne n'est plus à l'abri au Liban et sera touchée par les représailles israéliennes. C'est une nouvelle donne qui risque de provoquée une «confrontation généralisée», comme l'a affirmé le président libanais Emile Lahoud à l'issue d'un entretien téléphonique avec son homologue syrien Bachar el-Assad, quelques heures après les raids contre Dahr el-Baïdar. Le climat était d'ailleurs très tendu ce lundi et les appareils israéliens ont survolé le territoire libanais toute la journée, passant le mur du son au-dessus de Beyrouth et du Liban-Sud.
En lançant une attaque contre l'armée israélienne, le Hezbollah a donc pris le risque d'entraîner de violentes représailles israéliennes. Mais ce risque était-il calculé ? Le «Parti de Dieu» (hezbollah, en arabe) a-t-il coordonné son action avec les autorités syriennes ? Ces questions se posent avec d'autant plus d'acuité que le Premier ministre Rafic Hariri a exprimé son mécontentement après l'opération du Hezbollah. Dans son édition de dimanche, le quotidien al-Moustakbal qui lui appartient a titré sur huit colonnes à la Une : «Chebaa : l'opération au timing inadéquat». Le journal dénonce l'action du Hezbollah qui «risque d'entraîner le pays dans une spirale de violence à un moment inopportun».
Le Hezbollah a-t-il fait une lecture erronée de la situation politique ? S'est-il trompé sur les intentions de Damas ? Les jours prochains apporteront sans doute des éléments de réponses à toutes ces interrogations. En attendant, les observateurs soulignent que l'opération du Hezbollah embarrasse un Rafic Hariri qui doit rencontrer le président George Bush, le 24 avril à Washington.
Pour la première fois en dix-neuf ans, des bombardements israéliens ont directement pris pour cible des positions syriennes au Liban, au lendemain d'une attaque du Hezbollah contre un char israélien dans les fermes de Chebaa, à l'extrême sud-est du pays. Une formation de chasseurs-bombardiers a tiré dans la nuit de dimanche à lundi entre six et huit missiles air-sol contre la principale station radar syrienne implantée sur le col de Dahr el-Baïdar, à 45 kilomètres à l'est de Beyrouth.
La station a été complètement détruite et plusieurs soldats syriens ont été tués ou blessés. Selon des sources concordantes, trois militaires syriens dont un officier ont trouvé la mort et quatre autres ont été blessés. Les appareils israéliens ont également attaqué une position de la DCA syrienne qui faisait feu en leur direction non loin de la station radar.
Des militaires syriens nerveux ont empêché les journalistes de s'approcher du site bombardé alors que des ambulances évacuaient les blessés vers les hôpitaux.
Un message israélien
Le choix de cette cible par les Israéliens est lourd de signification : le col de Dahr el-Baïdar, par lequel passe la route internationale Beyrouth-Damas, commande l'accès à la capitale syrienne. En neutralisant la station radar qui s'y trouve, l'aviation israélienne est à deux minutes de vol de Damas qu'elle peut désormais attaquer pratiquement sans être détectée. Les avions peuvent en effet emprunter le couloir de la plaine de la Bekaa tout en étant protégés des radars syriens par les chaînes montagneuses du Mont-Liban et de l'Anti-Liban.
Cette escalade est intervenue au lendemain d'une attaque menée par le Hezbollah contre un char israélien dans le secteur des fermes de Chebaa. Cette région de 20 kilomètres carrés, occupée par Israël depuis 1967, est revendiquée par le Liban. Mais l'Onu estime qu'elle appartient à la Syrie et qu'elle n'est donc pas concernée par la résolution 425, du Conseil de sécurité exigeant le retrait immédiat des troupes israéliennes de tout le territoire libanais.
Israël, qui accuse depuis des années Damas de soutenir et d'encourager les actions du Hezbollah, a mis ses menaces à exécution. Désormais, l'armée syrienne n'est plus à l'abri au Liban et sera touchée par les représailles israéliennes. C'est une nouvelle donne qui risque de provoquée une «confrontation généralisée», comme l'a affirmé le président libanais Emile Lahoud à l'issue d'un entretien téléphonique avec son homologue syrien Bachar el-Assad, quelques heures après les raids contre Dahr el-Baïdar. Le climat était d'ailleurs très tendu ce lundi et les appareils israéliens ont survolé le territoire libanais toute la journée, passant le mur du son au-dessus de Beyrouth et du Liban-Sud.
En lançant une attaque contre l'armée israélienne, le Hezbollah a donc pris le risque d'entraîner de violentes représailles israéliennes. Mais ce risque était-il calculé ? Le «Parti de Dieu» (hezbollah, en arabe) a-t-il coordonné son action avec les autorités syriennes ? Ces questions se posent avec d'autant plus d'acuité que le Premier ministre Rafic Hariri a exprimé son mécontentement après l'opération du Hezbollah. Dans son édition de dimanche, le quotidien al-Moustakbal qui lui appartient a titré sur huit colonnes à la Une : «Chebaa : l'opération au timing inadéquat». Le journal dénonce l'action du Hezbollah qui «risque d'entraîner le pays dans une spirale de violence à un moment inopportun».
Le Hezbollah a-t-il fait une lecture erronée de la situation politique ? S'est-il trompé sur les intentions de Damas ? Les jours prochains apporteront sans doute des éléments de réponses à toutes ces interrogations. En attendant, les observateurs soulignent que l'opération du Hezbollah embarrasse un Rafic Hariri qui doit rencontrer le président George Bush, le 24 avril à Washington.
par Paul Khalifeh
Article publié le 16/04/2001