Liban
Tension et bombardements dans le sud
Presque six mois après le retrait israélien du Sud-Liban, le 24 mai dernier, le canon a de nouveau tonné dans la partie méridionale du pays.
De notre correspondant au Liban
Israël, qui avait opté pour la retenue après l'enlèvement de trois de ses soldats par le Hezbollah dans les hameaux de Chebaa, début octobre, a riposté à une attaque du parti islamiste dans cette même région. L'explosion d'une bombe au passage d'une patrouille israélienne dans la nuit de samedi à dimanche a fait un mort et deux blessés.
Quelques heures plus tard, l'artillerie israélienne a tiré une centaine d'obus de gros calibres et les hélicoptères ont largué des missiles air-sol sur une région montagneuse proche de la frontière internationale. Les bombardements ont fait un blessé civil libanais.
Ces représailles localisées et limitées dénotent une volonté d'Israël d'éviter l'escalade. Le Hezbollah, lui, n'a pas le même souci puisqu'il a pris l'initiative de réchauffer un front calme au risque de provoquer une violente riposte israélienne.
Il s'agit en fait d'un risque calculé. Les responsables du parti islamistes sont persuadés que la marge de manoeuvre militaire d'Israël au Liban s'est considérablement réduite après son retrait du Sud. Des frappes «chirurgicales» loin de la frontière internationales peuvent entraîner une dure riposte de la part du Hezbollah. En effet, les roquettes katiouchas sont aujourd'hui déployées à quelques centaines de mètres de la Galilée et peuvent atteindre, selon des experts militaires, la ville de Haïfa. Entre 20 et 30% de la population israélienne sont menacés par le parti islamiste. Fort de ce nouveau rapport de force, il a pris le risque de rallumer le front des fermes de Chebaa.
Le sort de ces 20 km¬ se réglera entre Israël et la Syrie
Toutefois, la situation du Hezbollah et du Liban est beaucoup moins solide sur le plan diplomatique. Dans leur combat pour la restitution des fermes de Chebaa, ils ne bénéficient pas de la même légitimité qui leur avait permis de se gagner la sympathie de la communauté internationale pour la libération du Sud-Liban. Les Nations Unies estiment que les hameaux de Chebaa, occupés en 1967, appartiennent à la Syrie, et ne sont donc pas concernés par la résolution 425 stipulant le retrait israélien immédiat des territoires libanais conquis en 1978. Le cas de ces 20 km¬ situés à la frontière entre le Liban, Israël et la Syrie devrait, par conséquent, être réglé dans le cadre d'un accord entre Damas et Tel-Aviv conformément aux résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité de l'ONU.
C'est pour renforcer leur flanc diplomatique fragile que Beyrouth et Damas insistent sur l'identité libanaise des hameaux de Chebaa. Mais l'ONU, qui ne peut se contenter d'assurances verbales pour agir, n'a pas changé d'avis. La Syrie a alors envoyé, il y a une dizaine de jours, une lettre officielle à Kofi Annan lui confirmant que ces terres appartiennent bien au Liban. «Une mesure insuffisante», a jugé l'ONU pour qui toute modification d'un tracé frontalier doit se faire entre les deux Etats concernés.
Quoi qu'il en soit, le Hezbollah n'a pas attendu la fin de cet imbroglio juridico-diplomatique pour relancer la «Résistance armée». Une manière de dire à Israël, aux Etats-Unis et à la communauté internationale que le retrait de l'armée israélienne du Sud-Liban ne l'a pas mis à l'abri d'une guerre d'usure.
La nouvelle carte syrienne s'appelle désormais Chebaa.
Israël, qui avait opté pour la retenue après l'enlèvement de trois de ses soldats par le Hezbollah dans les hameaux de Chebaa, début octobre, a riposté à une attaque du parti islamiste dans cette même région. L'explosion d'une bombe au passage d'une patrouille israélienne dans la nuit de samedi à dimanche a fait un mort et deux blessés.
Quelques heures plus tard, l'artillerie israélienne a tiré une centaine d'obus de gros calibres et les hélicoptères ont largué des missiles air-sol sur une région montagneuse proche de la frontière internationale. Les bombardements ont fait un blessé civil libanais.
Ces représailles localisées et limitées dénotent une volonté d'Israël d'éviter l'escalade. Le Hezbollah, lui, n'a pas le même souci puisqu'il a pris l'initiative de réchauffer un front calme au risque de provoquer une violente riposte israélienne.
Il s'agit en fait d'un risque calculé. Les responsables du parti islamistes sont persuadés que la marge de manoeuvre militaire d'Israël au Liban s'est considérablement réduite après son retrait du Sud. Des frappes «chirurgicales» loin de la frontière internationales peuvent entraîner une dure riposte de la part du Hezbollah. En effet, les roquettes katiouchas sont aujourd'hui déployées à quelques centaines de mètres de la Galilée et peuvent atteindre, selon des experts militaires, la ville de Haïfa. Entre 20 et 30% de la population israélienne sont menacés par le parti islamiste. Fort de ce nouveau rapport de force, il a pris le risque de rallumer le front des fermes de Chebaa.
Le sort de ces 20 km¬ se réglera entre Israël et la Syrie
Toutefois, la situation du Hezbollah et du Liban est beaucoup moins solide sur le plan diplomatique. Dans leur combat pour la restitution des fermes de Chebaa, ils ne bénéficient pas de la même légitimité qui leur avait permis de se gagner la sympathie de la communauté internationale pour la libération du Sud-Liban. Les Nations Unies estiment que les hameaux de Chebaa, occupés en 1967, appartiennent à la Syrie, et ne sont donc pas concernés par la résolution 425 stipulant le retrait israélien immédiat des territoires libanais conquis en 1978. Le cas de ces 20 km¬ situés à la frontière entre le Liban, Israël et la Syrie devrait, par conséquent, être réglé dans le cadre d'un accord entre Damas et Tel-Aviv conformément aux résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité de l'ONU.
C'est pour renforcer leur flanc diplomatique fragile que Beyrouth et Damas insistent sur l'identité libanaise des hameaux de Chebaa. Mais l'ONU, qui ne peut se contenter d'assurances verbales pour agir, n'a pas changé d'avis. La Syrie a alors envoyé, il y a une dizaine de jours, une lettre officielle à Kofi Annan lui confirmant que ces terres appartiennent bien au Liban. «Une mesure insuffisante», a jugé l'ONU pour qui toute modification d'un tracé frontalier doit se faire entre les deux Etats concernés.
Quoi qu'il en soit, le Hezbollah n'a pas attendu la fin de cet imbroglio juridico-diplomatique pour relancer la «Résistance armée». Une manière de dire à Israël, aux Etats-Unis et à la communauté internationale que le retrait de l'armée israélienne du Sud-Liban ne l'a pas mis à l'abri d'une guerre d'usure.
La nouvelle carte syrienne s'appelle désormais Chebaa.
par Paul Khalifeh
Article publié le 27/11/2000