Liban
Libération des détenus libanais en Syrie :<br>joie et déception
Les autorités syriennes ont libéré mardi 46 Libanais et 8 Palestiniens détenus depuis des années en Syrie pour des raisons politiques et de sécurité. Le geste exprime bien la volonté d'ouverture du président Bachar el-Assad, mais il est inégalement apprécié au Liban.
De notre correspondant au Liban
Joie et déception se lisent sur les visages des dizaines de familles qui se pressent ce mardi dans les couloirs du palais de justice à Beyrouth. La joie d'entendre figurer le nom de leurs proches dans la liste des prisonniers libérés par les autorités syriennes, et la déception de constater que leur attente, qui dure, pour certains, depuis 15 ans, n'est pas encore terminée.
Certes, la décision de Bachar el-Assad de relâcher, «avant les fêtes, tous les Libanais détenus en Syrie», a fait le bonheur de dizaines de familles. Mais de nombreuses autres ont vu leurs espoirs déçus. Et pour cause. Sur les 228 noms de détenus avancés par diverses organisations de défense des droits de l'homme, seuls 54 prisonniers sont sorties des geôles syriennes: 46 Libanais, dont 8 chrétiens, et 8 Palestiniens. Ces personnes, arrêtées au Liban et jugées par des tribunaux militaires syriens de campagne, ont été inculpées soit d'espionnage au profit d'Israël, soit d'actes de sabotage ou encore de meurtres de soldats syriens.
Le procureur général de la République libanaise chargé de la gestion de ce dossier a annoncé, devant une foule de journalistes, que 80 à 85 Libanais condamnés pour des crimes de droits communs purgeaient des peines de prison en Syrie. Adnane Addoum a déclaré que les tribunaux libanais, qui étudieront au cas par cas les dossiers des prisonniers transférés au Liban, feraient preuve de clémence, laissant entendre que la plupart d'entre eux seraient libérés dans les prochains jours. Le procureur a aussi coupé court à toutes autres revendications en affirmant qu'il n'y avait plus aucun Libanais détenu en Syrie pour des raisons politique ou de sécurité.
Bachar el-Assad a ouvert la boîte de Pandore
Mais les parents de ceux dont les noms ne figurent pas sur les listes des détenus transférés au Liban ne l'entendent pas de cette oreille. Ils projettent d'organiser, ce mercredi, une manifestation pour réclamer la libération, ou tout au moins, des nouvelles de leurs fils. Les autorités libanaises et syriennes dénoncent la «politisation» de l'affaire des détenus en Syrie par des forces politiques et des associations qui gonflent les listes des prisonniers. S'il est vrai que certaines personnes présentées comme étant détenues en Syrie ont été libérées depuis des années, on est toujours sans nouvelles de nombreuses autres qui auraient été aperçues dans des prisons syriennes.
En ordonnant la libération des détenus libanais en Syrie, Bachar el-Assad a voulu clore un des dossiers qui empoisonnent les relations libano-syriennes. Il a aussi donné suite à une des principales demandes du patriarche maronite Nasrallah Sfeir. Mais au lieu de retirer cette épine, il a peut-être ouvert la boite de Pandore : celle des dix-sept mille disparus de la guerre civile libanaise.
Joie et déception se lisent sur les visages des dizaines de familles qui se pressent ce mardi dans les couloirs du palais de justice à Beyrouth. La joie d'entendre figurer le nom de leurs proches dans la liste des prisonniers libérés par les autorités syriennes, et la déception de constater que leur attente, qui dure, pour certains, depuis 15 ans, n'est pas encore terminée.
Certes, la décision de Bachar el-Assad de relâcher, «avant les fêtes, tous les Libanais détenus en Syrie», a fait le bonheur de dizaines de familles. Mais de nombreuses autres ont vu leurs espoirs déçus. Et pour cause. Sur les 228 noms de détenus avancés par diverses organisations de défense des droits de l'homme, seuls 54 prisonniers sont sorties des geôles syriennes: 46 Libanais, dont 8 chrétiens, et 8 Palestiniens. Ces personnes, arrêtées au Liban et jugées par des tribunaux militaires syriens de campagne, ont été inculpées soit d'espionnage au profit d'Israël, soit d'actes de sabotage ou encore de meurtres de soldats syriens.
Le procureur général de la République libanaise chargé de la gestion de ce dossier a annoncé, devant une foule de journalistes, que 80 à 85 Libanais condamnés pour des crimes de droits communs purgeaient des peines de prison en Syrie. Adnane Addoum a déclaré que les tribunaux libanais, qui étudieront au cas par cas les dossiers des prisonniers transférés au Liban, feraient preuve de clémence, laissant entendre que la plupart d'entre eux seraient libérés dans les prochains jours. Le procureur a aussi coupé court à toutes autres revendications en affirmant qu'il n'y avait plus aucun Libanais détenu en Syrie pour des raisons politique ou de sécurité.
Bachar el-Assad a ouvert la boîte de Pandore
Mais les parents de ceux dont les noms ne figurent pas sur les listes des détenus transférés au Liban ne l'entendent pas de cette oreille. Ils projettent d'organiser, ce mercredi, une manifestation pour réclamer la libération, ou tout au moins, des nouvelles de leurs fils. Les autorités libanaises et syriennes dénoncent la «politisation» de l'affaire des détenus en Syrie par des forces politiques et des associations qui gonflent les listes des prisonniers. S'il est vrai que certaines personnes présentées comme étant détenues en Syrie ont été libérées depuis des années, on est toujours sans nouvelles de nombreuses autres qui auraient été aperçues dans des prisons syriennes.
En ordonnant la libération des détenus libanais en Syrie, Bachar el-Assad a voulu clore un des dossiers qui empoisonnent les relations libano-syriennes. Il a aussi donné suite à une des principales demandes du patriarche maronite Nasrallah Sfeir. Mais au lieu de retirer cette épine, il a peut-être ouvert la boite de Pandore : celle des dix-sept mille disparus de la guerre civile libanaise.
par Paul Khalifeh
Article publié le 12/12/2000