Ghana
L'hommage du pays aux 126 victimes
Le gouvernement ghanéen a organisé dimanche des funérailles nationales à la mémoire des 126 personnes qui ont trouvé la mort dans la bousculade de mercredi 9 mai au stade d'Accra. Au cours d'une cérémonie pleine d'émotion qui a rassemblé quelques milliers de personnes au State house à Accra, religieux de tout bord, dirigeants sportifs, autorités politiques ont prié aussi bien pour les disparus et que pour les nombreux blessés. Reste à calmer la tension qui demeure vive dans certains quartiers où la population est très en colère contre la police tenue pour responsable du drame.
De notre envoyé spécial à Accra
C'est sur le parvis du State house, le siège du parlement ghanéen que s'est déroulée la cérémonie oecuménique qui a réuni toutes les confessions religieuses du pays. Des centaines de proches des victimes étaient représentées. De même que les dirigeants sportifs et les corps constitués avec à leur tête le président John Kufuor et son gouvernement. Tous étaient habillés en noir ou rouge, les couleurs traditionnelles de deuil au Ghana.
Après une minute de silence, les responsables des différentes communautés religieuses sont intervenus un à un pour faire des prières ou lire des oraisons funèbres. Le tout entrecoupé par des chants de chorale. L'émotion était intense lorsque les dirigeants des deux clubs de football opposés au moment du drame ont pris la parole. D'abord, le président de Hearts of oaks d'Accra qui a, au nom de son club, demandé «pardon aux familles des disparus et à toute la nation pour les avoir endeuillé». Ensuite, celui de l'Asante Kotoko de Kumasi qui a parlé de «tragédie inimaginable». «Je suis resté éveillé toute cette nuit-là à penser à ces morts, aux vingt corps que j'ai moi-même transporté...», a déclaré Herbert Mensah, les larmes aux yeux. «Nous devons tirer les leçons afin de prévenir à jamais une telle hécatombe», a-t-il conclu.
Récupération politique ?
Au cours de la cérémonie, le gouvernement a lancé un fonds de solidarité pour venir en aide aux blessés et aux familles des disparus. Mais déjà, des chaînes de solidarité ont été créées par des radios et télévisions locales à Accra et Kumasi. Des bailleurs de fonds ont déjà aussi promptement manifesté leur solidarité en accordant une aide au gouvernement ghanéen. Les ambassadeurs des pays africains accrédités au Ghana ont lancé de leur côté une souscription pour appuyer le gouvernement qui a décidé de la gratuité des soins à tous les blessés et de prendre en charge les funérailles des 126 disparus.
Dans son discours, le président Kufuor s'est élevé contre toute récupération politique du drame du stade d'Accra et a appelé ses concitoyens à «plus de retenue». Une allusion directe aux violentes manifestations enregistrées vendredi principalement dans le quartier populaire de Nima dont étaient originaires de nombreuses victimes. Les manifestants aux cris de «no more police» s'étaient ouvertement pris à la police accusée d'avoir déclenché le mouvement de panique qui a conduit au drame en tirant des gaz lacrymogènes alors que les portes du stade étaient fermées. Ce sentiment est partagée par la population qui sans attendre les résultats de l'enquête du gouvernement (attendus dans un mois) a déjà désigné son coupable: la police. Même la porte-parole du gouvernement avait estimé que la police pourrait avoir agi «de façon disproportionnée».
Mais devant la tournure des événements, le régime de John Kufuor voit la main de l'opposition derrière les manifestations de jeunes. Il a fait arrêter samedi soir l'opposant et ancien ministre des sports dans le gouvernement de Jerry Rawlings, E. T. Mensah. Ce dernier est accusé d'être le cerveau des casses de vendredi. Dans un communiqué, le ministre de l'Intérieur dénonce «l'exploitation de la tragédie nationale à des fins politiques». Le gouvernement qui se veut ferme avec tous les fauteurs de troubles a néanmoins engagé une action directe d'apaisement avec les populations des quartiers populaires. Cette tâche a été confiée à l'ancienne star de football Abédi Pélé, qui est la fois proche du chef de l'Etat et très écouté par la jeunesse de son pays.
Dans ses fonctions de médiateur, Pélé a fait le tour samedi de Nima pour discuter avec les chefs de quartiers, les familles des victimes et appelé les jeunes au calme. «Je suis heureux de constater qu'ils m'ont compris», a déclaré à RFI l'ancien international ghanéen. «Je vais les revoir pour discuter des modalités d'indemnisation des familles endeuillées et même de développement de football», a-t-il ajouté. A l'évidence, le gouvernement entend agir vite pour espérer circonscrire rapidement la colère des populations dont les promesses du chef de l'Etat de punir les coupables du drame et la révocation de six officiers de police ne suffisent pas à calmer.
C'est sur le parvis du State house, le siège du parlement ghanéen que s'est déroulée la cérémonie oecuménique qui a réuni toutes les confessions religieuses du pays. Des centaines de proches des victimes étaient représentées. De même que les dirigeants sportifs et les corps constitués avec à leur tête le président John Kufuor et son gouvernement. Tous étaient habillés en noir ou rouge, les couleurs traditionnelles de deuil au Ghana.
Après une minute de silence, les responsables des différentes communautés religieuses sont intervenus un à un pour faire des prières ou lire des oraisons funèbres. Le tout entrecoupé par des chants de chorale. L'émotion était intense lorsque les dirigeants des deux clubs de football opposés au moment du drame ont pris la parole. D'abord, le président de Hearts of oaks d'Accra qui a, au nom de son club, demandé «pardon aux familles des disparus et à toute la nation pour les avoir endeuillé». Ensuite, celui de l'Asante Kotoko de Kumasi qui a parlé de «tragédie inimaginable». «Je suis resté éveillé toute cette nuit-là à penser à ces morts, aux vingt corps que j'ai moi-même transporté...», a déclaré Herbert Mensah, les larmes aux yeux. «Nous devons tirer les leçons afin de prévenir à jamais une telle hécatombe», a-t-il conclu.
Récupération politique ?
Au cours de la cérémonie, le gouvernement a lancé un fonds de solidarité pour venir en aide aux blessés et aux familles des disparus. Mais déjà, des chaînes de solidarité ont été créées par des radios et télévisions locales à Accra et Kumasi. Des bailleurs de fonds ont déjà aussi promptement manifesté leur solidarité en accordant une aide au gouvernement ghanéen. Les ambassadeurs des pays africains accrédités au Ghana ont lancé de leur côté une souscription pour appuyer le gouvernement qui a décidé de la gratuité des soins à tous les blessés et de prendre en charge les funérailles des 126 disparus.
Dans son discours, le président Kufuor s'est élevé contre toute récupération politique du drame du stade d'Accra et a appelé ses concitoyens à «plus de retenue». Une allusion directe aux violentes manifestations enregistrées vendredi principalement dans le quartier populaire de Nima dont étaient originaires de nombreuses victimes. Les manifestants aux cris de «no more police» s'étaient ouvertement pris à la police accusée d'avoir déclenché le mouvement de panique qui a conduit au drame en tirant des gaz lacrymogènes alors que les portes du stade étaient fermées. Ce sentiment est partagée par la population qui sans attendre les résultats de l'enquête du gouvernement (attendus dans un mois) a déjà désigné son coupable: la police. Même la porte-parole du gouvernement avait estimé que la police pourrait avoir agi «de façon disproportionnée».
Mais devant la tournure des événements, le régime de John Kufuor voit la main de l'opposition derrière les manifestations de jeunes. Il a fait arrêter samedi soir l'opposant et ancien ministre des sports dans le gouvernement de Jerry Rawlings, E. T. Mensah. Ce dernier est accusé d'être le cerveau des casses de vendredi. Dans un communiqué, le ministre de l'Intérieur dénonce «l'exploitation de la tragédie nationale à des fins politiques». Le gouvernement qui se veut ferme avec tous les fauteurs de troubles a néanmoins engagé une action directe d'apaisement avec les populations des quartiers populaires. Cette tâche a été confiée à l'ancienne star de football Abédi Pélé, qui est la fois proche du chef de l'Etat et très écouté par la jeunesse de son pays.
Dans ses fonctions de médiateur, Pélé a fait le tour samedi de Nima pour discuter avec les chefs de quartiers, les familles des victimes et appelé les jeunes au calme. «Je suis heureux de constater qu'ils m'ont compris», a déclaré à RFI l'ancien international ghanéen. «Je vais les revoir pour discuter des modalités d'indemnisation des familles endeuillées et même de développement de football», a-t-il ajouté. A l'évidence, le gouvernement entend agir vite pour espérer circonscrire rapidement la colère des populations dont les promesses du chef de l'Etat de punir les coupables du drame et la révocation de six officiers de police ne suffisent pas à calmer.
par Alpha Barry
Article publié le 14/05/2001