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Afghanistan

La vie clandestine des femmes afghanes

Reportage au pays des Talibans. Notre envoyée spéciale a passé plusieurs semaines en Afghanistan. Premier volet de son reportage: à la rencontre des fantômes de Kaboul, comme se surnomment elles-mêmes les femmes enfermées sous le voile.
Ecouter l'émission Reporteurs de Imogène Lamb
(30/04/2001, durée 15 minutes)

De notre envoyée spéciale en Afghanistan

La prise de pouvoir de Kaboul par des Talibans, il y a 5 ans, a fait des femmes des fantômes dans leur propre ville. Témoignage de l'une d'entre elles: «Avant, en Afghanistan, les femmes avaient des droits. Elles allaient à l'école et à l'université. Elles travaillaient. Les femmes avaient beaucoup de liberté. Maintenant on les empêche d'aller à l'école, on les empêche de sortir de la maison, on les empêche d'aller à l'université. Elles n'ont pas de liberté. On dit que c'est la loi de l'Islam mais l'Islam ce n'est pas ça».

Les femmes sont obligées de porter le burka (ce voile qui les couvre de la tête au pieds), et on leur interdit de travailler ou d'étudier, ou de sortir seules. Conséquence: elles mènent une lutte silencieuse et discrète pour la survie, et pour leurs droits. «Je suis très pauvre et démunie, je suis obligée de travailler désespérément pour trouver un morceau de pain. L'Afghanistan est pour l'instant un pays très pauvre et déchiré. Mon mari est mort, mes enfants sont orphelins, ils sont dans la rue sans père. Tout ce que je peux faire c'est prier Dieu pour l'aide. Je ne peux rien faire d'autre. J'essaie de bien faire mon travail avec beaucoup de dignité».
Des rencontres secrètes
Le travail, les femmes afghanes tentent de le trouver dans beaucoup de domaines, presque tous interdits. Elles s'arrangent pour travailler dans l'ombre, pour rencontrer leurs collègues à l'abris de la redoutable brigade «de la lutte contre le vice et pour la promotion de la vertu», mais les risques sont grands.

Les ONG (organisations non gouvernementales) travaillent comme elle peuvent dans ce climat répressif comme en témoigne ce responsable d'une organisation qui travaille clandestinement avec quelques femmes afghanes: «C'est vrai qu'on ne se voit pas chez elle parce que je n'ai absolument pas le droit d'entrer et que si j'entre, moi je passerai une journée en prison, ce qui n'est pas dramatique, mais pour elle ce serait très grave. Donc on ne le fait jamais. Et elles n'ont pas non plus le droit de venir chez nous, alors on a effectivement des lieux de rencontre secrets».



par Imogène  Lamb

Article publié le 01/05/2001