Tchad
Idriss Deby dans un fauteuil ?
Dix ans après avoir chassé Hissène Habré du pouvoir, le président tchadien part favori de la présidentielle du 20 mai, face à six candidats d'opposition. Confronté à une guérilla dans le nord, vilipendé par des adversaires qui l'accusent de préparer une fraude massive, Idriss Deby défend son bilan et promet des jours meilleurs grâce au pétrole.
«Deby devrait remporter le scrutin dès le premier tour». Dans la bouche d'un proche du président tchadien, la phrase sonne presque comme une provocation face à une opposition, dont plusieurs candidats à l'élection présidentielle de ce dimanche prévoient déjà une fraude massive. Dix ans après son arrivée au pouvoir, après une attaque éclair qui provoqua la fuite d'Hissène Habré, Idriss Deby part pourtant bel et bien favori d'un scrutin au terme duquel il compte rempiler pour un ultime mandat de cinq ans. «Sans tricher»,rétorque-t-il à ceux, comme les rebelles du MDJT (Mouvement pour la démocratie et la justice au Tchad) opérant dans la région désertique du Tibesti, qui parlent d'une élection «folklorique».
Il faut dire que le chef de l'Etat sortant se représente au moment idéal. Classé 162ème sur 174 en terme de développement humain, le Tchad, pays pauvre et enclavé déchiré par des guerres civiles meurtrières au cours des trente dernières années, s'apprête à devenir producteur de pétrole. D'ici 2004, l'exploitation du champ pétrolier de Doba, dans le sud du pays, à un rythme de 200 000 barils par jour, doit en principe dégager un revenu de deux milliards de dollars en vingt-cinq ans. Une manne que le candidat Deby, dont le régime présente des signes d'usure, n'a pas manqué de brandir comme argument électoral pendant la campagne électorale qu'il est le seul avoir pu mener dans l'ensemble du pays.
L'opposition ne veut pas faire de la figuration
Face à lui, les six candidats de l'opposition, dont cinq ont occupé à un titre ou à un autre des responsabilités dans le régime actuel, espèrent bien faire plus que de la figuration. A commencer par le président de l'assemblée nationale et leader de l'Union pour le renouveau et la démocratie (URD), Wadal Abdelkader Kamougué, arrivé en deuxième position à la présidentielle de 1996. «Il ne faut pas que Deby cherche à tricher cette fois-ci parce qu'il va engendrer un guerre civile», a déclaré ce vieux routard de la politique tchadienne au cours de la campagne. Ce dernier a d'ailleurs passé un accord avec les cinq autres adversaires d'Idriss Deby, pour un report des voix sur le candidat arrivé en tête face au président sortant, en cas de second tour.
Tous dénoncent sa gestion du pays et ne manquent pas d'évoquer l'utilisation à des fins militaires, fin 2000, d'un bonus pétrolier de 25 millions de dollars US. Versé par le consortium regroupant les compagnies Exxon-Mobil, Petronas et Chevron, la somme avait essentiellement servi à la lutte contre le MDJT de l'ancien Garde des Sceaux Youssouf Togoïmi, qui opère dans le Nord du pays, et suscité l'ire de la Banque mondiale, soucieuse de faire du projet de Doba un modèle de bonne utilisation des revenus de l'or noir. Dans l'entourage d'Idriss Deby, on a beau jeu de mettre en avant la décision du Fonds monétaire international (FMI), le 16 mai dernier, d'augmenter malgré tout les crédits disponibles pour le Tchad.
Régulièrement pointé du doigt par les organisations des droits de l'homme, le président tchadien n'a pas non plus été ménagé par son adversaire le plus virulent, Ngarledjy Yorongar. Le leader de la Fédération action pour la République (FAR), proche du député Vert français Noël Mamère et seul représentant de son parti au parlement, accuse régulièrement Idriss Deby d'être un «trafiquant de fausse monnaie». Il en veut pour preuve l'ouverture en France de poursuites contre son ancien conseiller personnel Hassan Fadoul, qui assure avoir transporté de faux dinars de Bahrein pour le compte du chef de l'Etat. «Faux», jure un fidèle de ce dernier, pour qui Fadoul a bien trafiqué, mais pour son propre compte.
Face à des adversaires, qu'il présente comme des «marchands d'illusion», le président tchadien affiche une sérénité à toute épreuve. Réconcilié avec la France, qui a imprimé les bulletins de votes et assure une large part de la logistique du scrutin, soutenu par des présidents «amis» comme le Gabonais Omar Bongo et le Congolais Sassou Nguesso, Idriss Deby se présente à l'extérieur comme le seul garant de la paix et de la stabilité. Un argument que ne semblent pas dédaigner les partenaires de ce futur pays pétrolier.
Il faut dire que le chef de l'Etat sortant se représente au moment idéal. Classé 162ème sur 174 en terme de développement humain, le Tchad, pays pauvre et enclavé déchiré par des guerres civiles meurtrières au cours des trente dernières années, s'apprête à devenir producteur de pétrole. D'ici 2004, l'exploitation du champ pétrolier de Doba, dans le sud du pays, à un rythme de 200 000 barils par jour, doit en principe dégager un revenu de deux milliards de dollars en vingt-cinq ans. Une manne que le candidat Deby, dont le régime présente des signes d'usure, n'a pas manqué de brandir comme argument électoral pendant la campagne électorale qu'il est le seul avoir pu mener dans l'ensemble du pays.
L'opposition ne veut pas faire de la figuration
Face à lui, les six candidats de l'opposition, dont cinq ont occupé à un titre ou à un autre des responsabilités dans le régime actuel, espèrent bien faire plus que de la figuration. A commencer par le président de l'assemblée nationale et leader de l'Union pour le renouveau et la démocratie (URD), Wadal Abdelkader Kamougué, arrivé en deuxième position à la présidentielle de 1996. «Il ne faut pas que Deby cherche à tricher cette fois-ci parce qu'il va engendrer un guerre civile», a déclaré ce vieux routard de la politique tchadienne au cours de la campagne. Ce dernier a d'ailleurs passé un accord avec les cinq autres adversaires d'Idriss Deby, pour un report des voix sur le candidat arrivé en tête face au président sortant, en cas de second tour.
Tous dénoncent sa gestion du pays et ne manquent pas d'évoquer l'utilisation à des fins militaires, fin 2000, d'un bonus pétrolier de 25 millions de dollars US. Versé par le consortium regroupant les compagnies Exxon-Mobil, Petronas et Chevron, la somme avait essentiellement servi à la lutte contre le MDJT de l'ancien Garde des Sceaux Youssouf Togoïmi, qui opère dans le Nord du pays, et suscité l'ire de la Banque mondiale, soucieuse de faire du projet de Doba un modèle de bonne utilisation des revenus de l'or noir. Dans l'entourage d'Idriss Deby, on a beau jeu de mettre en avant la décision du Fonds monétaire international (FMI), le 16 mai dernier, d'augmenter malgré tout les crédits disponibles pour le Tchad.
Régulièrement pointé du doigt par les organisations des droits de l'homme, le président tchadien n'a pas non plus été ménagé par son adversaire le plus virulent, Ngarledjy Yorongar. Le leader de la Fédération action pour la République (FAR), proche du député Vert français Noël Mamère et seul représentant de son parti au parlement, accuse régulièrement Idriss Deby d'être un «trafiquant de fausse monnaie». Il en veut pour preuve l'ouverture en France de poursuites contre son ancien conseiller personnel Hassan Fadoul, qui assure avoir transporté de faux dinars de Bahrein pour le compte du chef de l'Etat. «Faux», jure un fidèle de ce dernier, pour qui Fadoul a bien trafiqué, mais pour son propre compte.
Face à des adversaires, qu'il présente comme des «marchands d'illusion», le président tchadien affiche une sérénité à toute épreuve. Réconcilié avec la France, qui a imprimé les bulletins de votes et assure une large part de la logistique du scrutin, soutenu par des présidents «amis» comme le Gabonais Omar Bongo et le Congolais Sassou Nguesso, Idriss Deby se présente à l'extérieur comme le seul garant de la paix et de la stabilité. Un argument que ne semblent pas dédaigner les partenaires de ce futur pays pétrolier.
par Christophe Champin
Article publié le 18/05/2001