Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Proche-Orient

L'Europe condamne la colonisation israélienne

A l'occasion d'une réunion sur l'accord d'association entre l'Union européenne et Israël, lundi 21 mai à Bruxelles, les Quinze ont fermement condamné le développement des colonies juives dans les territoires palestiniens, s'attirant une vive réplique israélienne.
En fait de réunion technique, c'est un face à face politique assez houleux qui s'est déroulé, lundi 21 mai à Bruxelles. Européens et Israéliens se rencontraient pour la première fois depuis l'entrée en vigueur, en juin 2000, de l'accord d'association entre l'Union et l'Etat hébreu. Autour de la table, une délégation européenne conduite par l'ambassadeur suédois John Hagaard (dont le pays préside actuellement l'Union), et une délégation israélienne dirigée par Ehoud Gol, un haut fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères. Il s'agissait de faire le point sur les modalités d'application de ce texte, qui permet notamment aux produits fabriqués en Israël d'être exemptés de droits de douane aux frontières de l'Union.

Cet aspect économique a été largement éclipsé par la prise de position européenne à l'encontre de la politique menée par le gouvernement d'Ariel Sharon. Dès l'ouverture de la réunion, John Hagaard a lu une déclaration musclée condamnant, au non des Quinze, «la poursuite des activités de colonisation» par Israël, qui «constitue un obstacle majeur à la paix. L'Union européenne s'inquiète des projets consistant à établir, y compris à Jérusalem-Est, de nouvelles colonies ou à développer celles déjà existantes». Tout en reconnaissant «les préoccupations sécuritaires légitimes» de l'Etat hébreu, l'Union l'appelle à «mettre un terme immédiat à ses activités de peuplement». Et les Européens d'ajouter que «l'usage disproportionné de la force est inadmissible», que les exécutions de Palestiniens sont «illégales et inacceptables», et que le gel des droits de douane dus à l'Autorité palestinienne «doit cesser», comme le bouclage des zones autonomes, afin «d'éviter l'effondrement institutionnel et économique des Territoires».

Sur les dossiers techniques, le ton s'est nettement apaisé

Le poids politique de la déclaration européenne est d'autant plus important que, même si le texte reprenait les accusations émises récemment par la Suède devant le Parlement européen, il a, cette fois, fait l'objet d'une approbation explicite de chaque Etat membre. L'Allemagne, notamment, y a souscrit, malgré ses traditionnelles réticences à toute condamnation d'Israël. Et pour en accroître encore la portée, les Européens ont pris soin de rendre la déclaration publique, alors qu'initialement elle devait rester confidentielle.

D'où la vigueur de la riposte israélienne. Constatant que le texte avait été transmis à la presse, «contrairement à ce qui avait été convenu», la délégation de l'Etat hébreu a également communiqué sa réponse aux journalistes. Israël réaffirme sa volonté de combattre «la violence et le terrorisme encouragés par l'Autorité palestinienne», et avertit que l'Union européenne ne peut prétendre à un rôle politique dans la région que «si elle adopte une approche équilibrée qui prend également en compte le souci d'Israël d'assurer sa sécurité».

A l'issue de la réunion, les deux parties ont cependant mis en avant leur volonté d'en revenir aux «dossiers purement techniques», après la lecture des déclaration politiques. Sur ces dossiers, le climat s'est nettement apaisé, chaque délégation s'efforçant d'arrondir les angles. Ainsi, la délicate question des «règles d'origine» a été repoussée à plus tard. Comme pour compenser la vivacité des échanges préliminaires, les représentants européens ont assuré qu'un «long processus de vérification» était en cours, et qu'il n'était pas question, à ce stade, de raisonner en termes de sanctions. L'Union reproche à Israël de contourner l'accord en faisant profiter de l'exonération de taxes certains produits provenant des colonies.



par Philippe  Quillerier-Lesieur

Article publié le 22/05/2001