Proche-Orient
Sharon à son tour dans l'impasse
Shimon Peres poursuit ses efforts diplomatiques aux Etats-Unis après l'échec de la tentative de médiation jordano-égyptienne. Mais sur le terrain, la situation continue de se dégrader.
En à peine deux mois de pouvoir, Ariel Sharon, élu avec une majorité sans précédent pour mettre en £uvre une politique radicalement différente de celle de son prédécesseur travailliste Ehoud Barak, s'est à son tour «barakisé».
Arrivé au pouvoir pour tourner le dos à la politique de «retenue» face aux «violences» palestiniennes, Ariel Sharon s'est trouvé obligé de composer avec ses partenaires travaillistes au sein de la coalition gouvernementale et de tenir compte des pressions internationales, malgré l'avènement à la Maison-Blanche de George W. Bush, tout acquis aux thèses israéliennes et bien décidé à ne pas exercer de pressions sur l'Etat hébreu. Pourtant, lorsque Sharon, à la mi-avril, a saisi l'occasion de tirs de mortiers palestiniens pour réoccuper une partie de la bande de Gaza, il a été contraint de faire machine arrière en moins de 24 heures, publiquement admonesté par le secrétaire d'Etat américain Colin Powell.
Les porte-parole de la présidence du conseil ont eu beau affirmer que le retrait de Tsahal faisait partie du plan initial et que les pressions américaines n'y avaient joué aucun rôle, personne n'en a cru un mot. Ni les Palestiniens, pour s'en réjouir, ni les colons et l'extrême-droite qui n'ont pas chassé Barak au profit d'«Arik» pour voir ce dernier céder aux pressions internationales.
Une marge de manoeuvre des plus étroites
La marge de man£uvre d'Ariel Sharon est des plus étroites et ce brillant stratège militaire est sans aucun doute un politicien plus roué que le général Barak qui l'avait précédé dans la fonction. Ne pouvant éluder le rapport de forces, il doit bien en tenir compte, mais tente aussi de l'inverser. C'est pourquoi, après la phase consensuelle de la campagne électorale et de la formation du gouvernement («Sharon a mûri, il est devenu un homme de paix, il veut rester dans l'histoire comme celui qui aura rendu possible la paix avec les Arabesà») on a vu réapparaître le Sharon de toujours. Celui qui affirme qu'il n'y aura pas de négociations tant qu'il y aura des violences, que Jérusalem restera toujours sous souveraineté israélienne, que les Palestiniens devront se contenter de 42 % de la Cisjordanie, et que tant qu'il n'y aura pas la paix, les colons resteront. Avant d'ajouter qu'une fois la paix établie, ils n'auront pas de raison de partir. «Pile je gagne, face tu perds.»
Les Palestiniens, privés de tout espoir, ne peuvent que poursuivre leur révolte et apparaître aux yeux des Américains comme les fauteurs de violence. C'est le sens du rapport du Département d'Etat qui, se faisant l'écho des accusations israéliennes, accuse de terrorisme le Fatah, l'organisation de Yasser Arafat.
Désavoué par la jeunesse palestinienne et une partie de ses propres troupes, ce dernier n'a guère d'options. Face à une administration américaine qui continue de le snober (George Bush n'a aucune intention de l'inviter à la Maison Blanche), et devant les protestations platoniques de l'Union européennes vis-à-vis d'Israël, Arafat n'a pour l'heure d'autre choix que de s'en remettre à la médiation du roi Abdallah de Jordanie et du président Moubarak d'Egypte qui viennent de recevoir Shimon Peres.
Ce dernier, jouissant de la confiance et de l'amitié des deux dirigeants arabes, n'est cependant pas parvenu à les convaincre de la sincérité de l'acceptation israélienne de leur plan de médiation. En fait, la situation après son départ est plus tendue qu'elle ne l'était avant son arrivée, Abdallah et Moubarak, dont les opinions publiques sont violemment anti-israéliennes ont eu le sentiment très net que Shimon Peres cherchait à les enrôler dans la campagne d'Israël pour isoler et affaiblir Yasser Arafat.
Arrivé au pouvoir pour tourner le dos à la politique de «retenue» face aux «violences» palestiniennes, Ariel Sharon s'est trouvé obligé de composer avec ses partenaires travaillistes au sein de la coalition gouvernementale et de tenir compte des pressions internationales, malgré l'avènement à la Maison-Blanche de George W. Bush, tout acquis aux thèses israéliennes et bien décidé à ne pas exercer de pressions sur l'Etat hébreu. Pourtant, lorsque Sharon, à la mi-avril, a saisi l'occasion de tirs de mortiers palestiniens pour réoccuper une partie de la bande de Gaza, il a été contraint de faire machine arrière en moins de 24 heures, publiquement admonesté par le secrétaire d'Etat américain Colin Powell.
Les porte-parole de la présidence du conseil ont eu beau affirmer que le retrait de Tsahal faisait partie du plan initial et que les pressions américaines n'y avaient joué aucun rôle, personne n'en a cru un mot. Ni les Palestiniens, pour s'en réjouir, ni les colons et l'extrême-droite qui n'ont pas chassé Barak au profit d'«Arik» pour voir ce dernier céder aux pressions internationales.
Une marge de manoeuvre des plus étroites
La marge de man£uvre d'Ariel Sharon est des plus étroites et ce brillant stratège militaire est sans aucun doute un politicien plus roué que le général Barak qui l'avait précédé dans la fonction. Ne pouvant éluder le rapport de forces, il doit bien en tenir compte, mais tente aussi de l'inverser. C'est pourquoi, après la phase consensuelle de la campagne électorale et de la formation du gouvernement («Sharon a mûri, il est devenu un homme de paix, il veut rester dans l'histoire comme celui qui aura rendu possible la paix avec les Arabesà») on a vu réapparaître le Sharon de toujours. Celui qui affirme qu'il n'y aura pas de négociations tant qu'il y aura des violences, que Jérusalem restera toujours sous souveraineté israélienne, que les Palestiniens devront se contenter de 42 % de la Cisjordanie, et que tant qu'il n'y aura pas la paix, les colons resteront. Avant d'ajouter qu'une fois la paix établie, ils n'auront pas de raison de partir. «Pile je gagne, face tu perds.»
Les Palestiniens, privés de tout espoir, ne peuvent que poursuivre leur révolte et apparaître aux yeux des Américains comme les fauteurs de violence. C'est le sens du rapport du Département d'Etat qui, se faisant l'écho des accusations israéliennes, accuse de terrorisme le Fatah, l'organisation de Yasser Arafat.
Désavoué par la jeunesse palestinienne et une partie de ses propres troupes, ce dernier n'a guère d'options. Face à une administration américaine qui continue de le snober (George Bush n'a aucune intention de l'inviter à la Maison Blanche), et devant les protestations platoniques de l'Union européennes vis-à-vis d'Israël, Arafat n'a pour l'heure d'autre choix que de s'en remettre à la médiation du roi Abdallah de Jordanie et du président Moubarak d'Egypte qui viennent de recevoir Shimon Peres.
Ce dernier, jouissant de la confiance et de l'amitié des deux dirigeants arabes, n'est cependant pas parvenu à les convaincre de la sincérité de l'acceptation israélienne de leur plan de médiation. En fait, la situation après son départ est plus tendue qu'elle ne l'était avant son arrivée, Abdallah et Moubarak, dont les opinions publiques sont violemment anti-israéliennes ont eu le sentiment très net que Shimon Peres cherchait à les enrôler dans la campagne d'Israël pour isoler et affaiblir Yasser Arafat.
par Olivier Da Lage
Article publié le 01/05/2001