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Proche-Orient

Sharon intensifie les représailles

Face à la Syrie lundi comme devant les Palestiniens mardi matin, Ariel Sharon est résolu à «changer la donne» par rapport à son prédécesseur travailliste Ehoud Barak. Elu sur sa capacité à rétablir la sécurité pour les Israéliens, l'ancien général bulldozer vient coup sur coup de franchir un nouveau cran sur l'échelle des représailles contre ses voisins arabes.
De notre correspondant dans les Territoires palestiniens

Damas, qui refuse de contrôler le Hezbollah tant que l'Etat hébreu ne lui aura pas restitué le plateau du Golan, est tenu désormais pour responsable des coups de feu de la milice pro-iranienne, et toute nouvelle attaque de sa part contre le nord de l'état hébreu, sera suivie de ripostes contre la puissance tutélaire au Liban, la Syrie. Ces dernières années, les gouvernements israéliens se contentaient de viser des cibles libanaises après les tirs de roquettes du mouvement chiite sur la Galilée.

Face à l'intifada palestinienne, M. Sharon entend également frapper désormais, non plus seulement les simples exécutants des opérations anti-israéliennes, mais ceux qu'il considère comme leurs commanditaires, c'est-à-dire les membres de l'Autorité de Yasser Arafat.

Les frappes de ces dernières semaines contre les bâtiments de la police ou des services de la sécurité préventive s'inscrivaient dans cette logique consistant à faire pression sur l'autorité afin qu'elle se résolve à contrôler les activistes qui font le coup de feu contre Tsahal ou les colons. Les récents bombardements à l'obus de mortier contre des localités situées à l'intérieur du territoire israélien, comme lundi soir à Sderot à la lisière de la bande de Gaza, revendiqués par le Mouvement de la résistance islamique Hamas, représentent un saut qualitatif important face auquel M. Sharon a décidé de répondre en innovant.

«Une carte supplémentaire pour ramener Arafat à la raison»

En investissant au nord de la bande de Gaza un secteur sous contrôle total de l'autorité palestinienne, l'armée israélienne réoccupe pour la première fois depuis 1994 une portion de territoire, concédée aux Palestiniens depuis le lancement des négociations de paix, il y a six ans. «Il ne s'agit pas d'une occupation mais d'une prise de contrôle d'une bande de terre qui a une largeur de plusieurs centaines de mètres et atteint à certains endroits un kilomètre», précise le porte-parole de l'armée. Six positions des services de sécurité palestiniens ont ainsi été ravis aux hommes de Yasser Arafat. C'est en cela que l'offensive de mardi matin est nouvelle.

Depuis le début de l'intifada, les soldats israéliens avaient déjà pénétré en zone palestinienne, mais cette fois-ci, Tsahal compte y rester «tant que cela sera nécessaire, c'est-à-dire tant que les tirs de mortier palestiniens continueront contre les localités israéliennes», ajoute ce porte-parole.

Dans la stratégie d'Ariel Sharon, qui prétend de manière sybilline avoir «un plan précis pour éradiquer la violence, cette reprise de territoire est une carte supplémentaire afin de ramener Yasser Arafat à la raison, la sienne, c'est-à-dire un arrêt des hostilités, sans engagement sur les résultats des négociations qui pourraient ensuite s'engager. Nous ne céderons pas», répétait mardi un haut responsable de la police palestinienne à Gaza.

Face à la Syrie, de même contre les Palestiniens, la menace d'un embrasement généralisé paraît toutefois exclue, comme le reconnaissent experts indépendants et responsables politiques israéliens. En revanche, faute pour l'heure de perspective diplomatique, le cycle violence-répression va se poursuivre, avec la crainte que tôt ou tard, il débouche sur une bavure humaine, qui pourrait alors faire réfléchir à deux fois les Etats-Unis sur leur stratégie de ne pas s'investir outre-mesure dans le bourbier israélo-palestinien.



par Georges  Malbrunot

Article publié le 17/04/2001