Proche-Orient
Israël relance la colonisation
Israël a annoncé mardi la construction de 710 logements dans deux implatantions juives de Cisjordanie. Une initiative qui «torpille» la mission Burns, pour les Palestiniens.
Le jour même où Palestiniens et Israéliens devaient û enfin ! û reprendre le chemin de la négociation, le gouvernement israélien a autorisé la construction de 710 nouveaux logements dans deux colonies de Cisjordanie. L'annonce en a été faite par le ministre de l'Habitat Nathan Chtcharansky alors même que l'émissaire américain William Burns effectue la navette entre Yasser Arafat et Ariel Sharon pour permettre la mise en £uvre rapide des conclusions de la commission Mitchell.
La réaction palestinienne a été immédiate : pour le secrétaire général de l'Autorité palestinienne Ahmed Aderrahmane, l'initiative israélienne «torpille la mission de Williams Burns. C'est un message aux colons indiquant que le gouvernement israélien n'a pas modifié sa politique». De fait, en d'autres termes, c'est exactement ce qu'a dit Chtcharansky lui-même, en soulignant qu'il s'agissait d'un projet lancé sous le gouvernement travailliste d'Ehoud Barak et qu'il ne s'agissait que «de répondre à un besoin urgent de logements dans ces colonies dont le développement fait l'objet d'un large consensus au sein de la population israélienne». Ce dernier point est sujet à caution, dans la mesure où les sondages les plus récents ne témoignent pas d'une telle unanimité sur la question de la colonisation.
Ce qui est vrai, en revanche, c'est que la notion de «croissance naturelle» des colonies est un thème partagé par l'ensemble de la classe politique israélienne. Comment empêcher un fils, de retour de l'armée, de venir s'installer avec sa femme et ses enfants à côté de la maison de ses parents ? se demandait voici quelques jours Ehoud Barak dans une tribune à la presse américaine. Les Palestiniens rétorquent que ce n'est qu'une astuce pour contourner le «gel des colonies» demandé avec constance par tous les présidents américains depuis Ronald Reagan.
Les «réserves» israéliennes sur le rapport Mitchell
L'autre point litigieux est celui du calendrier. Les Palestiniens ont accepté en bloc le rapport Mitchell, estimant que tous ses points devaient s'appliquer simultanément. Ce qui signifie que l'arrêt de la violence et le gel de la colonisation devraient être concomitants. Israël, pour sa part, a accepté le rapport tout en émettant des réserves sur le gel de la colonisation. Ces réserves s'expriment d'ailleurs différemment selon qu'elles sont formulées par Shimon Peres, le ministre travailliste des Affaires étrangères, ou Ariel Sharon. Mais les dirigeants israéliens sont unanimes pour estimer que le gel de la colonisation fait partie des «mesures de confiance» qui ne peuvent intervenir qu'après l'arrêt de la violence.
La nomination par l'administration Bush d'un émissaire pour le Proche-Orient, quatre mois après la démission de l'infatigable Dennis Ross avait été bien reçue, tant en Israël qu'en Palestine. Sa connaissance du monde arabe û il était ambassadeur en Jordanie auparavant û avait été bien reçue par les Palestiniens. Lors de ses premières déclarations publiques après avoir rencontré Arafat et Sharon, il a toutefois donné l'impression d'être plus sensible aux thèses israéliennes qu'à celles de ses interlocuteurs palestiniens.
C'est sans doute ce qui a permis au gouvernement israélien de s'enhardir et d'annoncer le lancement de ce nouveau programme de colonisation, quelques jours à peine après la publication du rapport Mitchell qui en demande le gel. Une occasion aussitôt saisie par la Russie qui annonce l'envoi d'un émissaire au Proche-Orient.
La réaction palestinienne a été immédiate : pour le secrétaire général de l'Autorité palestinienne Ahmed Aderrahmane, l'initiative israélienne «torpille la mission de Williams Burns. C'est un message aux colons indiquant que le gouvernement israélien n'a pas modifié sa politique». De fait, en d'autres termes, c'est exactement ce qu'a dit Chtcharansky lui-même, en soulignant qu'il s'agissait d'un projet lancé sous le gouvernement travailliste d'Ehoud Barak et qu'il ne s'agissait que «de répondre à un besoin urgent de logements dans ces colonies dont le développement fait l'objet d'un large consensus au sein de la population israélienne». Ce dernier point est sujet à caution, dans la mesure où les sondages les plus récents ne témoignent pas d'une telle unanimité sur la question de la colonisation.
Ce qui est vrai, en revanche, c'est que la notion de «croissance naturelle» des colonies est un thème partagé par l'ensemble de la classe politique israélienne. Comment empêcher un fils, de retour de l'armée, de venir s'installer avec sa femme et ses enfants à côté de la maison de ses parents ? se demandait voici quelques jours Ehoud Barak dans une tribune à la presse américaine. Les Palestiniens rétorquent que ce n'est qu'une astuce pour contourner le «gel des colonies» demandé avec constance par tous les présidents américains depuis Ronald Reagan.
Les «réserves» israéliennes sur le rapport Mitchell
L'autre point litigieux est celui du calendrier. Les Palestiniens ont accepté en bloc le rapport Mitchell, estimant que tous ses points devaient s'appliquer simultanément. Ce qui signifie que l'arrêt de la violence et le gel de la colonisation devraient être concomitants. Israël, pour sa part, a accepté le rapport tout en émettant des réserves sur le gel de la colonisation. Ces réserves s'expriment d'ailleurs différemment selon qu'elles sont formulées par Shimon Peres, le ministre travailliste des Affaires étrangères, ou Ariel Sharon. Mais les dirigeants israéliens sont unanimes pour estimer que le gel de la colonisation fait partie des «mesures de confiance» qui ne peuvent intervenir qu'après l'arrêt de la violence.
La nomination par l'administration Bush d'un émissaire pour le Proche-Orient, quatre mois après la démission de l'infatigable Dennis Ross avait été bien reçue, tant en Israël qu'en Palestine. Sa connaissance du monde arabe û il était ambassadeur en Jordanie auparavant û avait été bien reçue par les Palestiniens. Lors de ses premières déclarations publiques après avoir rencontré Arafat et Sharon, il a toutefois donné l'impression d'être plus sensible aux thèses israéliennes qu'à celles de ses interlocuteurs palestiniens.
C'est sans doute ce qui a permis au gouvernement israélien de s'enhardir et d'annoncer le lancement de ce nouveau programme de colonisation, quelques jours à peine après la publication du rapport Mitchell qui en demande le gel. Une occasion aussitôt saisie par la Russie qui annonce l'envoi d'un émissaire au Proche-Orient.
par Olivier Da Lage
Article publié le 29/05/2001