Maroc
Moulay Hicham : «le rajeunissement n'est pas la réforme»
Le prince Moulay Hicham Ben Abdallah Al Alaoui est le cousin du roi Mohammed VI. Spécialiste de sciences politiques, il croit à l'avenir des monarchies arabes, à condition qu'elles se réforment. Entretien.
RFI : Dans les années 50 ou 60, plusieurs monarchies arabes ont été renversées et remplacées par des régimes républicains. On semble assister aujourd'hui à un retour en grâce des monarchies. Comment l'expliquez-vous ?
Prince Moulay Hicham : Le premier facteur est que les grands symboles du nationalisme arabe qui étaient idéologiquement à l'opposé des monarchies ont connu des défaites. D'autre part, nombre de conflits dans la région ont démontré la capacité des monarchies à survivre. Finalement, il y a un contexte international marqué par un certain pluralisme qui a démontré la capacité de ces dernières à s'adapter. Ceci étant, tout est relatif : les monarchies, comme tout autre système, sont appelées à se réformer sous peine d'être menacées par toute sorte de défis, si jamais les problèmes fondamentaux ne sont pas gérés.
RFI : Vous pensez que la réforme de la monarchie passe par un recentrage de son rôle. Elle doit, selon vous, se concentrer sur un rôle de représentation et de ciment du tissu social, et laisser la gestion des affaires de tous les jours à un gouvernement responsable devant le parlementà
MH : Oui. Je mettrais tout ceci sous une seule rubrique : la rationalisation. Ces pays connaissent des problèmes, il y a une attente de la part des populations et le désir de ces dernières d'exercer une souveraineté populaire. Tout ceci implique que les monarchies devraient recentrer leur fonction en jouant un rôle de phare, c'est-à-dire s'élever au-dessus du politique et ne pas gérer le quotiden. Maintenant, chaque monarchie entreprendra ce changement à sa propre vitesse.
RFI : Plusieurs pays arabes ont connu dernièrement des successions où l'on a vu des souverains ou des présidents au pouvoir depuis longtemps remplacés par des hommes jeunes. On a fondé beaucoup d'espoirs sur leur jeunesse. Est-ce que l'avenir du monde arabe passe nécessairement par la jeunesse de ses dirigeants, état nécessairement transitoire ?
MH : Pour moi l'avenir passe par le renouveau. Et le renouveau n'est pas nécessairement le rajeunissement. Il faut définir la relation des institutions entre elles, la relation entre les institutions et le citoyen, et le rôle de chacun. Ce n'est donc pas automatique. Rajeunir n'est pas nécessairement réformer. Jusqu'à présent, on a assisté à un rajeunissement, mais la réforme tarde pour différentes raisons dans différents pays, mais on devrait bientôt, j'espère, aborder ces problèmes et ces questions de réforme.
Prince Moulay Hicham : Le premier facteur est que les grands symboles du nationalisme arabe qui étaient idéologiquement à l'opposé des monarchies ont connu des défaites. D'autre part, nombre de conflits dans la région ont démontré la capacité des monarchies à survivre. Finalement, il y a un contexte international marqué par un certain pluralisme qui a démontré la capacité de ces dernières à s'adapter. Ceci étant, tout est relatif : les monarchies, comme tout autre système, sont appelées à se réformer sous peine d'être menacées par toute sorte de défis, si jamais les problèmes fondamentaux ne sont pas gérés.
RFI : Vous pensez que la réforme de la monarchie passe par un recentrage de son rôle. Elle doit, selon vous, se concentrer sur un rôle de représentation et de ciment du tissu social, et laisser la gestion des affaires de tous les jours à un gouvernement responsable devant le parlementà
MH : Oui. Je mettrais tout ceci sous une seule rubrique : la rationalisation. Ces pays connaissent des problèmes, il y a une attente de la part des populations et le désir de ces dernières d'exercer une souveraineté populaire. Tout ceci implique que les monarchies devraient recentrer leur fonction en jouant un rôle de phare, c'est-à-dire s'élever au-dessus du politique et ne pas gérer le quotiden. Maintenant, chaque monarchie entreprendra ce changement à sa propre vitesse.
RFI : Plusieurs pays arabes ont connu dernièrement des successions où l'on a vu des souverains ou des présidents au pouvoir depuis longtemps remplacés par des hommes jeunes. On a fondé beaucoup d'espoirs sur leur jeunesse. Est-ce que l'avenir du monde arabe passe nécessairement par la jeunesse de ses dirigeants, état nécessairement transitoire ?
MH : Pour moi l'avenir passe par le renouveau. Et le renouveau n'est pas nécessairement le rajeunissement. Il faut définir la relation des institutions entre elles, la relation entre les institutions et le citoyen, et le rôle de chacun. Ce n'est donc pas automatique. Rajeunir n'est pas nécessairement réformer. Jusqu'à présent, on a assisté à un rajeunissement, mais la réforme tarde pour différentes raisons dans différents pays, mais on devrait bientôt, j'espère, aborder ces problèmes et ces questions de réforme.
par Propos recueillis par Olivier Da Lage
Article publié le 23/05/2001