Défense
Washington ne convainc pas ses alliés avec son bouclier
Depuis une semaine, des représentants du président Bush se succédent dans les différentes capitales européennes, ainsi qu'à Moscou Pékin, et à Séoul, pour défendre le projet américain de bouclier antimissile (NMD), destiné à protéger les USA d'une éventuelle attaque venant «d'Etats-voyous», comme la Corée du Nord, l'Irak, la Chine ou autres, et qui ressemble à la fameuse «guerre des étoiles» imaginée en son temps par Ronald Reagan.
On savait que la partie était difficile. Elle le fut. A Bruxelles, au sein de l'Otan, c'est sans approbation et sans enthousiasme que les alliés européens des Etats-Unis ont écouté «l'offensive de charme» des représentants de Bush venus les convaincre du bien-fondé de la nouvelle stratégie du successeur de Clinton. Sans approbation, car l'on redoute les répercussions de ce projet NMD sur le traité anti-missile qui avait été signé entre les deux antagonistes de l'époque, les Etats-Unis et l'URSS en 1972, et qui visait à réduire sensiblement certains types d'armements dans le monde.
A Londres, mais surtout à Paris, l'allié le plus difficile des Etats-Unis, on se pose bien des questions concernant ce projet. Les interrogations françaises sont multiples. Elles portent sur la réalité de la menace et la capacité de ce projet de bouclier d'assurer une réelle protection contre les multiples formes de terrorisme nucléaire, chimique ou bactériologique. Les Français s'interrogent aussi sur la faisabilité et le coût du projet américain, ainsi que sur les conséquences de son déploiement, notamment le risque d'une course aux armements et de militarisation de l'espace.
Faisabilité et coût du projet américain
Alors qu'à Londres, le premier ministre Tony Blair doit tenir compte des réserves de son parti, une centaine de députés travaillistes ont exprimé leur inquiétude concernant ce projet, relayant en cela la France, qui comme la plupart des Européens ne semblent pas prendre au sérieux les arguments du président Bush, lorsque celui-ci et ses conseillers déclarent que le monde a fondamentalement changé depuis le traité ABM signé en 1972, que la Russie n'est plus un ennemi, mais que de nouvelles menaces de prolifération venant de pays «incontrôlables» sont réelles. Comme la plupart de ses alliés, la France redoute une remise en question de l'accord ABM susceptible, selon elle, de porter atteinte aux efforts de non-prolifération et de relancer la course aux armements.
Cette tournée des émissaires américains ne pouvait ne pas ignorer deux régions «sensibles» de la planète: l'Asie et la Russie. A Séoul, le secrétaire d'Etat adjoint Richard Ermitage a écouté les inquiétudes du président Kim Dae-Jung, concernant les conséquences, selon lui, des projets américains sur ses tentatives de rapprochement avec la Corée du Nord. Par ailleurs, une délégation américaine de haut niveau arrive ce lundi à Pékin pour expliquer le plan controversé de bouclier antimissile américain à des responsables chinois qui n'ont cessé de faire part de leur opposition virulente à ce projet.
Enfin, la Russie ne s'est pas départie de sa position telle qu'elle avait été affirmée à plusieurs reprises par le président Poutine: fermeté, sans pour autant exclure tout dialogue. On sait que Moscou reste le principal opposant au projet américain de défense antimissile. Mais au Kremlin, si l'on pense qu'il n'existe pas de danger réel de la part de pays comme la Corée du Nord, l'Iran et l'Irak pour les Etats-Unis, on reconnaît cependant les «inquiétudes fondées» de Washington face aux menaces de pays tiers. La Russie, elle aussi, redoute une relance d'une course aux armements, si le projet de Bush voit le jour. Récemment, le président Poutine soulignait que «toute l'expérience d'après-guerre montre qu'on ne peut pas construire un monde sûr seulement pour soi et encore moins au détriment d'autrui». Tout en saluant la volonté de dialogue affichée par le président Bush, le successeur de Gorbatchev n'en a pas moins qualifié le bouclier anti-missile américain d'instrument de «domination stratégique du monde».
A Londres, mais surtout à Paris, l'allié le plus difficile des Etats-Unis, on se pose bien des questions concernant ce projet. Les interrogations françaises sont multiples. Elles portent sur la réalité de la menace et la capacité de ce projet de bouclier d'assurer une réelle protection contre les multiples formes de terrorisme nucléaire, chimique ou bactériologique. Les Français s'interrogent aussi sur la faisabilité et le coût du projet américain, ainsi que sur les conséquences de son déploiement, notamment le risque d'une course aux armements et de militarisation de l'espace.
Faisabilité et coût du projet américain
Alors qu'à Londres, le premier ministre Tony Blair doit tenir compte des réserves de son parti, une centaine de députés travaillistes ont exprimé leur inquiétude concernant ce projet, relayant en cela la France, qui comme la plupart des Européens ne semblent pas prendre au sérieux les arguments du président Bush, lorsque celui-ci et ses conseillers déclarent que le monde a fondamentalement changé depuis le traité ABM signé en 1972, que la Russie n'est plus un ennemi, mais que de nouvelles menaces de prolifération venant de pays «incontrôlables» sont réelles. Comme la plupart de ses alliés, la France redoute une remise en question de l'accord ABM susceptible, selon elle, de porter atteinte aux efforts de non-prolifération et de relancer la course aux armements.
Cette tournée des émissaires américains ne pouvait ne pas ignorer deux régions «sensibles» de la planète: l'Asie et la Russie. A Séoul, le secrétaire d'Etat adjoint Richard Ermitage a écouté les inquiétudes du président Kim Dae-Jung, concernant les conséquences, selon lui, des projets américains sur ses tentatives de rapprochement avec la Corée du Nord. Par ailleurs, une délégation américaine de haut niveau arrive ce lundi à Pékin pour expliquer le plan controversé de bouclier antimissile américain à des responsables chinois qui n'ont cessé de faire part de leur opposition virulente à ce projet.
Enfin, la Russie ne s'est pas départie de sa position telle qu'elle avait été affirmée à plusieurs reprises par le président Poutine: fermeté, sans pour autant exclure tout dialogue. On sait que Moscou reste le principal opposant au projet américain de défense antimissile. Mais au Kremlin, si l'on pense qu'il n'existe pas de danger réel de la part de pays comme la Corée du Nord, l'Iran et l'Irak pour les Etats-Unis, on reconnaît cependant les «inquiétudes fondées» de Washington face aux menaces de pays tiers. La Russie, elle aussi, redoute une relance d'une course aux armements, si le projet de Bush voit le jour. Récemment, le président Poutine soulignait que «toute l'expérience d'après-guerre montre qu'on ne peut pas construire un monde sûr seulement pour soi et encore moins au détriment d'autrui». Tout en saluant la volonté de dialogue affichée par le président Bush, le successeur de Gorbatchev n'en a pas moins qualifié le bouclier anti-missile américain d'instrument de «domination stratégique du monde».
par Pierre DELMAS
Article publié le 14/05/2001